Chapitre 18 : Jessica

3.2K 321 32
                                    

Je fais entrer Dean dans l'appartement. A mon grand soulagement, celui-ci est vide. Je n'ai pas vraiment envie d'un public en ce moment, même si je n'aurais pas été contre le soutien de Shirley. 

Je me dirige vers le salon, et m'assoit sur un fauteuil. Je ne veux pas laisser à Dean l'opportunité de se mettre à côté de moi. D'ailleurs je ne l'invite pas à s'installer. Je croise les bras et affiche un air détaché. 

Il prend place face à moi dans le canapé. Ses coudes reposent sur ses cuisses. Il relève la tête et me scrute, essayant certainement de sonder quel est mon état d'esprit. 

- Que veux-tu Dean ? aboyé-je. 

Il sursaute légèrement. Peut-il réellement penser que je vais être tendre avec lui ? Après ce qu'il m'a fait ? Après avoir refusé de lui parler ces dernières semaines.

- M'excuser, répond-il simplement. 

Je ricane, c'est plus fort que moi. 

- T'excuser ? Tu n'as pas eu la décence de me prévenir que tu voulais mettre un terme à notre relation, et là tu traverses la moitié du globe pour me présenter tes excuses ? J'ai du mal à comprendre ta logique, vraiment ! Cependant, je vais avoir du mal à t'excuser tu sais. Pour moi le concept de fidélité est vraiment important. Je pensais que nous étions sur la même longueur d'ondes, mais apparemment pas. Donc je ne vois vraiment pas pourquoi je devrais t'accorder mon pardon. 

- Je ne veux pas mettre un terme à notre relation. C'était un accident...

- Un accident ? erructé-je. Un accident c'est lorsque l'on trébuche Dean ! On ne trébuche pas accidentellement sur un vagin pendant une demi-heure ! 

Il est maintenant pâle comme un linge. Mais que croyais-t-il en venant ici ? Que j'allais l'accueillir les bras ouverts ? Que j'allais oublier son incartade entre les cuisses de Barbie girl, et passer l'éponge. 

- Je suis désolé Jessica, je ne voulais pas te faire de mal, soupire-t-il. Je comprends que tu sois en colère, et je m'en veux terriblement. Si je peux faire quoi que ce soit pour me racheter, je suis prêt à le faire. Tu n'as qu'un mot à dire. 

- Non. 

Ma réponse est sans appel. Et je n'ai jamais été aussi sûre de moi. 


- Je ne veux pas recommencer quelque chose avec toi Dean. Tu m'as trahie, et jamais je ne pourrai avoir à nouveau confiance en toi. 

- Laisse moi au moins essayer. 

- Non, je n'en ai pas envie. 

Ces quelques mots me soulagent d'un poids qui me pesait, je le réalise, depuis trop longtemps. Je me sens plus légère, libre. 

Dean respire un grand coup, et déclare les poings serrés :

- C'est à cause de lui c'est ça ? 

- Cela n'a rien avoir avec Aaron. Je crois que nous n'étions pas faits pour nous entendre de toutes façons. Nos styles de vie sont trop différents. Nous n'avons rien en commun. 

Le fait de le dire tout haut m'aide à prendre conscience que je vivais dans un mensonge depuis deux ans. Au fond de moi, j'ai toujours su que Dean et moi étions trop différents, mal assortis. Il est banquier d'affaires à la City et parade en costume 3 pièces toute la semaine, alors que je fréquente les pistes d'athlétisme et les gymnases. Nous nous sommes rencontrés à la salle de gym, mais là où le sport fait partie intégrante de ma vie, il n'est pour lui qu'un moyen d'entretenir son physique. Nos amis, nos vies, nos régimes alimentaires, mêmes nos goûts cinématographiques sont diamétralement opposés. Cette relation était forcement vouée à l'échec à un moment ou un autre. 

- Tu te trompes ma puce, nos différences sont notre force. 

Il se relève d'un bond et s'agenouille devant moi. Il saisit ma main. 

- Jessica, je t'aime ! Ces dernières semaines ont été un véritable enfer pour moi. J'ai réalisé que je ne pouvais pas te perdre. Je suis conscient que j'ai tout fait foirer, mais je suis prêt à te supplier à genoux de me reprendre. Je suis prêt à ramper pour racheter mes fautes. Tout à l'heure quand je t'ai vue débarquer main dans la main avec ce guignol, je voulais lui casser la gueule. Tu m'appartiens Jessica, et je vais tout mettre en oeuvre pour te satisfaire dès aujourd'hui, pour que tu sois la plus heureuse des femmes...

- Là où tu te trompes c'est que je t'appartiens pas Dean, le coupé-je. Je n'appartiens à personne. Je ne suis pas ton jouet, tu ne peux pas pleurer en espérant que l'on me répare. Alors maintenant, pour notre bien à tous les deux, je te conseille de quitter cet appartement tout de suite. Va visiter Rio, retourne à Londres je m'en fiche. Mais dont je suis sûre c'est que je ne veux plus d'une relation avec toi. Peut-être un jour, je serai capable d'avoir une attitude cordiale envers toi, si je te croise dans un café, au hasard. Mais là, je veux juste que tu disparaisses de ma vie, ne plus te voir, ne plus t'entendre. Si tu as un tant soit peu de respect pour moi, accepte ma décision s'il te plait. 

A son air, j'ai l'impression de l'avoir poignardé. Mais cela m'est égal. Cela m'effraie un peu d'ailleurs, comment ai-je pu passer deux ans avec cet homme et ne rien ressentir face à sa déclaration ? Même s'il m'a trahie, son repentir devrait me toucher un minimum, non ? 

La réponse est assez simple : je ne l'aime pas comme je devrais. 

- Vas t'en s'il te plait. 

C'est la seule chose que je suis en mesure de répondre. 

Il se relève, l'air blessé, et relâche enfin ma main. Il passe la sienne sur son visage et s'approche de la fenêtre. Je pense qu'il a capitulé, je me lève donc à mon tour. 

Il fait alors volte-face et se précipite sur moi. Il prend mon visage en coupe et me fait reculer jusqu'au mur le plus proche. 

- Tu ne peux pas me faire ça ma puce, je t'aime. 

Il plaque ses lèvres sur les miennes et m'embrasse brutalement. 

- Dean ! Lache-moi ! tenté-je de crier. 

J'essaye également de me débattre, mais Dean me maintient plaquée entre le mur et lui. Je panique un peu, il est totalement sourd à mes protestations, et comble de l'horreur, semble même excité par la situation. Je tente de bouger mes jambes pour me dérober, mais son emprise est vraiment ferme. 

- Lache-là espèce de pervers !

La voix de Shirley retentit en même temps qu'un bruit sourd, qui je le découvre quelques instants plus tard, est le son que produit la casserole, dont s'est armée ma meilleure amie, sur le crâne de Dean. 

Celui-ci, peu préparé à cette attaque, vacille et me relâche. J'en profite pour m'échapper, et me réfugie derrière ma coéquipière. Elle n'entend pas abandonner la partie si facilement, et ses coups d'ustensile culinaire continuent de pleuvoir sur mon ex qui se recroqueville sur le sol. 

Au bout de quelques secondes, je me ressaisis, et retient le bras de Shirley. Je pense qu'il a comprit la leçon, et je ne veux pas qu'elle ait d'ennuis. 

- Dégage d'ici et ne reviens plus jamais, hurle-t'elle. Et dépêche toi avant que j'appelle la sécurité. 

Dean se relève, me jette tout juste un coup d'œil et se précipite vers la porte, non sans déclarer : 

- Je n'en ai pas fini avec toi Jessica ! Tu reviendras à la raison tôt ou tard ! Je t'attendrai mon amour ! 

Shirley relève sa poêle menaçante,  ce qui arrache une dernière phrase à Dean avant qu'il ne claque la porte. 

- Cette fille est complètement folle, méfie-toi en comme la peste ! 

Shirley lui répond, mais il n'est déjà plus là :

- C'est ça ! Et avec tout le courage que tu as, tu la laisse seule avec elle ! 

Puis elle se retourne vers moi. 

- Ça va ma chérie ? 

- Oui je crois, balbutié-je encore un peu sonnée par tout ce qui vient de se passer. 

Shirley fronce les sourcils et m'entraîne vers le canapé. Je m'assois, puis je relève la tête en souriant largement.

- En fait, ça va plutôt bien. 

Sur la ligne : une romance olympiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant