Chapitre 22 : Aaron

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— Des choses à nous dire ? Je n'ai rien à te dire Emily, ricané-je.
— Et moi je suis sûre que tu aimerais savoir ce qu'il s'est passé entre Winter et son copain hier...

Elle a piqué ma curiosité je l'avoue. Et pourquoi l'appelle-t-elle son copain et pas son ex ? Ce petit détail me tort le ventre.

Elle se rapproche de moi et pose ses doigts parfaitement manucurés sur mon avant-bras.
— Oh, Aaron, je suis vraiment désolée. On dirait que tu tombes toujours sur des femmes qui ne sont pas dignes de la confiance que tu leur accordes, soupire-t-elle de façon tragique.

Je ne réponds pas, je contracte ma mâchoire, cette fille m'exaspère. Si elle pense que son petit numéro va me séduire, elle a tout faux. Je me détache de son emprise, mais cela n'a pas l'air de l'émouvoir outre mesure puisqu'elle se rapproche d'autant plus.

— Tu sais lorsque cette fille est allée raconter à la presse toutes ces choses horribles à ton sujet, j'ai tout de suite su que ce n'était qu'un ramassis de mensonges, minaude-t-elle.

— Merci pour ton support, je demanderai à mon attaché de presse de t'envoyer un pin's, réponds-je sarcastique.

Elle ne semble toujours pas comprendre le message, car elle continue :

— En parlant d'attaché de presse, tu es conscient que j'ai moi aussi l'habitude d'être sous le feu des projecteurs, je sais exactement comment jouer avec ces charognards. C'est pourquoi toi et moi, ça pourrait coller à tous les niveaux. Regarde-nous, nous sommes une évidence. Tu es le roi des bassins, et moi la reine des pistes d'athlétisme. Sans parler du fait que nous savons déjà que dans l'intimité cela fonctionne plutôt bien entre nous.

Voilà. J'attendais de voir combien de temps elle allait mettre pour aborder cet aspect de notre passé commun.

— Si tu le dis. Je ne m'en souviens pas vraiment à vrai dire.

J'ai conscience d'être un véritable connard en faisant mine de ne pas me souvenir de cette nuit-là. Mais elle m'exaspère tellement avec son hypocrisie et son air de prédatrice que je n'ai pas envie de prendre de gants.

Elle ouvre la bouche laissant échapper un « O » de stupéfaction. Apparemment celle-ci elle ne s'y attendait pas. Mais Emily Sanders n'est du genre à se laisser décontenancer bien longtemps, il lui faut à peine quelques secondes pour reprendre ses esprits.

— Eh bien, laisse-moi te rafraîchir la mémoire.

Le sourire qu'elle affiche pourrait illustrer la définition du mot démoniaque dans le dictionnaire. Alors qu'elle chercher clairement à me séduire, j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou. Je comprends que cette fille n'est pas une sportive de haut niveau pour rien. Lorsqu'elle a une idée en tête, elle la poursuit coûte que coûte. Et apparemment, je suis son nouvel objectif. Il va falloir que je trouve les mots pour lui faire comprendre, qu'elle a plutôt intérêt à se trouver une autre proie rapidement.

— Suis-moi.

J'attrape sa main pour l'emmener dans une autre pièce. Il y a beaucoup de monde autour de nous, et étant donné que je ne vais pas mâcher mes mots, je préfère quand même éviter d'avoir une audience.

Je réalise vaguement que je suis peut-être en train de lui donner une fausse idée sur ce que je m'apprête à faire, car elle me suit sans broncher. Elle hâte même le pas pour me suivre. Peu importe, dans quelques secondes elle aura compris que ce n'est pas pour l'embrasser à l'abri des regards que je nous éloigne de tout le monde.

J'ouvre une porte au hasard, c'est une réserve. J'allume la lumière et referme la porte derrière nous. Emily se place devant moi, elle a le regard qui pétille. Je jubile presque à l'idée que je vais faire disparaître cela en quelques mots. Elle se rapproche et au moment où elle tend les bras pour les nouer autour de ma nuque, j'attrape ses poignets.

— Emily, je crois qu'on ne s'est pas bien compris toi et moi.

Elle me regarde avec un mélange d'étonnement, de désir et d'incompréhension.

— Emily, je ne vais pas y aller par quatre chemins pour te l'expliquer. Il n'y aura jamais rien entre nous. Alors arrête tes techniques de séduction à deux balles sur moi, ça ne marchera pas. Je ne veux rien à voir à faire avec toi, ni maintenant ni plus tard. Alors je vais te lâcher et tu vas garder tes mains bien gentiment pour toi. Lorsqu'on se croisera dorénavant on s'adressera au mieux un hochement de tête poli. Tu n'es pas mon amie, je ne suis pas le tien. Je n'ai pas envie de coucher avec toi ni de jouer une quelconque mascarade pour la presse. Alors, prends tes distances. Si tu cherches à t'envoyer en l'air, je suis sûr qu'il y a la moitié des athlètes masculins de ce village olympique qui seraient prêts à te rendre service. Mais moi je fais partie de l'autre moitié.

— Quelle autre moitié, balbutie-t-elle sous le choc de mes propos.

— Celle qui préférerait avoir les couilles aussi bleues que ton Union Jack, plutôt que de se soulager avec toi.

— Ce n'est pas ce que tu disais il y a quatre ans, crache-t-elle avec véhémence.

— C'est d'ailleurs une erreur que je ne me pardonnerai jamais. Autre chose ne t'approche pas de Jessica ou tu auras affaire à moi.

Je sors de la réserve en claquant la porte, et prends mon téléphone pour appeler mon chauffeur et quitter cette soirée.


Sur la ligne : une romance olympiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant