Chapitre 12 : Aaron

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Je suis dans mon lit et j'observe le plafond sans réellement le voir. Ce que je discerne par contre très nettement ce sont les yeux fabuleux d'une certaine athlète anglaise.

Quand est-ce la dernière fois que j'ai passé une soirée aussi délicieuse avec une fille, pardon une femme, à seulement discuter ? Une femme avec laquelle je n'ai aucun lien de parenté ? Je ne m'en souviens pas.

Je ressasse des images d'hier soir, elle dans mes vêtements trop grands, ses longs cheveux bruns mouillés par la douche. Son visage dénué de tout maquillage ou artifice, et pourtant magnifique.

Mon téléphone vibre sur la table de nuit, je l'attrape, vérifie le correspondant, et décroche.

— Aaron, tu es vivant ! s'exclame Beverly ma plus jeune sœur.

Sa voix est beaucoup trop enjouée à cette heure-ci, et je fais une petite grimace d'inconfort.

— Comme tu le constates, réponds-je laconiquement.

— Alors Rio ? Le soleil ? Copacabana ? La Salsa ? La fiesta ? Tu me racontes ?

Cela fait beaucoup trop de questions en une seule phrase. Heureusement la réponse est assez simple.

— Je ne suis pas encore sorti du village Olympique.

— Pffff que tu es ennuyeux. Bon je suppose que tu n'as pas passé non plus la soirée à regarder un documentaire sur l'Amazonie ? Surtout avec Tom dans les parages.

— Non, pas vraiment.

— Ah ! Je le savais ! Blonde ? Brune ? Raconte !

— Beverly... grogné-je.

Je me pince l'arête du nez. Ma petite sœur est curieuse comme un pou, et je dois avouer qu'elle me connait assez bien. En d'autres circonstances, je n'aurais certainement pas fini seul dans mon lit. Du moins, pas pour une partie de la nuit. Je ne suis pas du genre à héberger mes conquêtes et offrir le service du petit-déjeuner. En général, je me débrouille même pour que personne ne vienne chez moi. Au moins, je m'en vais quand j'en ai envie.

— Ok, tu n'as pas envie de discuter de ta vie sexuelle avec moi. En fait, ce n'est pas plus mal, je n'ai pas envie d'avoir trop de détails non plus, rigole-t-elle.

— J'ai rencontré quelqu'un, balancé-je soudainement.

Ma déclaration est suivie d'un long silence. Un silence presque flippant. Moi-même je ne sais pas quoi ajouter.

— Tu as rencontré quelqu'un ? finit par répéter Beverly comme si je venais de lui annoncer que je pars sur Mars.

— Oui.

— Et tu vas t'arrêter à ce simple fait, ou bien tu penses m'en dire plus ? Tu l'as rencontrée avant de partir ? Ou à Rio ? Qu'est ce qu'elle fait dans la vie ? ...

Une fois la surprise passée, Beverly redevient elle-même et débite les questions plus vite qu'une mitraillette. Un sourire s'affiche sur mes lèvres, j'adore mes sœurs, mais j'entretiens avec Beverly une relation privilégiée. Sa curiosité maladive est insupportable par moment, mais fait partie de son charme également.

— C'est une athlète, je l'ai rencontrée hier soir lors d'une soirée. Elle est britannique, elle s'appelle Jessica.

— Elle est britannique ! Est-ce qu'elle fait partie de la famille royale ? questionne-t-elle avec intérêt.

— Non. Enfin, pas que je sache, dis-je amusé. C'est une sprinteuse.

— Tu es conscient que si elle gagne une médaille, elle va sûrement être reçue par la reine en personne !

— Je n'y avais pas pensé.

— Cela veut dire que tu n'es qu'à une seule poignée de main de la reine d'Angleterre ! C'est chouette quand même ! Enfin, techniquement je ne suis pas sûre que tu lui serres la main...

— Beverly, grogné-je.

— Et alors, pourquoi d'un coup tu me dis que tu as rencontré quelqu'un alors que tu la connais depuis moins de 24 heures ? Qu'est ce qu'elle a de différent ?

Très bonne question.

— Je ne sais pas B, elle est... C'est dur à dire.

— Oh mon Dieu ! Mon grand frère est amoureux d'une fille qu'il vient juste de rencontrer ! Elle l'a ensorcelé ! Le mythe de la chatte magique existe vraiment !

— Beverly ! la coupé-je d'un ton irrité. Nous n'avons pas...

— Cette fille est encore plus forte que je ne pensais ! Elle a réussi à te mettre à genoux sans même coucher avec toi ? Je l'aime déjà ! C'est quoi son nom que je la googlise ?

— Jessica Winter.

J'entends les bruits des touches de son clavier. Elle ne perd pas de temps.

— Waouh, elle est canon ! Vous devez faire un couple d'enfer tous les deux !

— Nous ne sommes pas ensemble.

Cette déclaration me contrarie plus que je ne l'aurais pensé.

— C'est à dire ? Tu lui as gentiment tenu la main et tu l'as embrassée sur le pas de sa porte, mais vous n'avez pas officiellement déclaré à tout l'univers que vous êtes ensemble ? T'inquiètes, ça ne saurait tarder.

— Non c'est plus compliqué que ça, soufflé-je. Elle est plus ou moins en couple avec quelqu'un.

— Ça veut dire quoi plus ou moins ?

— Je lui ai posé la même question. En fait son mec l'a trompée quelques semaines avant les JO, et comme ils n'ont pas officiellement rompu, j'ai l'impression qu'elle considère qu'elle est toujours avec lui.

— Ah.

L'enthousiasme de Berverly semble être totalement tombé à plat et je sens qu'elle est déçue. Moi aussi je suis déçu, et énervé. Si ce connard était à côté, je crois que je lui aurais déjà brisé tous ses os un par un.

— Il faut que tu la fasses changer d'avis, affirme Beverly.

— Et je fais ça comment ? demandé-je un peu paumé.

— Il va falloir que tu lui sortes le grand jeu ! Lui montrer que tu en vaux la peine. Que tous les hommes ne sont pas comme son ex, et surtout qu'elle ne lui doit plus rien. À partir du moment où il a décidé d'aller tremper son biscuit ailleurs, elle ne lui appartient plus.

— Appartient plus ? Je te croyais un peu plus féministe que ça B ! Depuis quand considères-tu qu'une femme appartient à un homme ?

— Tu as raison, nous n'appartenons qu'à nous même, mais tu as compris l'idée, n'est-ce pas ?

— Oui, je crois.

— Alors, lance l'opération : conquête de Jessica !

Sur la ligne : une romance olympiqueWhere stories live. Discover now