Chapitre 27 : Jessica

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Ce matin je pète le feu. Le coach est content, mes chronos sont bien meilleurs que les jours précédents. J'ai également un sourire niais collé aux lèvres pendant tout l'entraînement. Shirley me dit que c'en est limite écœurant.

Je me ressasse en boucle dans ma tête la cérémonie d'ouverture. D'un côté purement sportif, ces jeux sont pour moi l'apothéose de ma carrière sportive. Alors avoir la chance de vivre cet instant, c'est totalement du délire. Et quel final ! Jamais je n'aurais pensé qu'Aaron me rejoindrait avant le feu d'artifice. J'étais persuadée que notre histoire (si tant est que l'on puisse considérer cela comme une histoire) était déjà finie pour lui. Il va falloir d'ailleurs que j'éclaircisse un peu toute cette histoire avec Emily.

Je me remémore ses baisers, la façon dont ses mains ont caressé ma peau... Ça y est je me fais rougir toute seule en rêvassant ! Il ne faut pas que le coach Wilder me voie sinon je vais en prendre pour mon grade. Il est satisfait de moi, autant ne pas briser cet état de grâce.

Je continue mes routines avec un œil sur la montre. J'ai hâte que l'entraînement se finisse, et ce n'est pas parce que j'ai envie de lézarder sous le soleil de Rio. Dans une heure, les premières qualifications pour Aaron vont commencer et j'ai réussi à obtenir des places grâce à Shirley. Comment s'y est-elle prise ? Aucune idée. Mais disons que ma meilleure amie semble avoir noué beaucoup de relations dans le village olympique. Du moment que ça peut être utile, je n'y vois aucun inconvénient. Oui, c'est hypocrite de résonner de la sorte, mais je connais Shirley, elle ne fera jamais rien qui puisse soit compromettre sa carrière, soit son intégrité.

Lorsqu'enfin le signal de la fin de l'entraînement est annoncé, je me rue dans les vestiaires, et file sous la douche. Je houspille un peu Shirley qui est censée m'accompagner.

— Dis-moi, je ne t'ai jamais vue aussi pressée de te rendre à des qualifs de quoi que ce soit, ricane-t-elle. Dire que je suis sûre que tu ne sais même pas reconnaître les différentes nages.

Je lui lance un regard assassin. Oui, il y a quelques heures j'étais encore assez novice sur le sujet. Mais comme Google est mon meilleur ami, j'ai pu apprendre en quelques minutes le nécessaire pour ne pas être perdue. Et je suis sûre qu'Aaron sera très heureux de combler mes lacunes si je lui demande.

— Bouge-toi au lieu de papoter, grommelé-je.

Je suis déjà habillée, et je noue mes cheveux en chignon. Je crois qu'Aaron aime les voir détachés, mais ils sont encore mouillés de la douche. Je souris à cette idée, moi qui n'ai jamais prêté vraiment attention à mon apparence, j'en suis à réfléchir avec quelle coiffure, celui qui est mon petit-ami depuis moins de 24 heures me préférera. Je pousse même le luxe à mettre un peu de gloss, ce qui est ridicule quand on pense que je serai dans les tribunes bien loin de lui. Il ne me verra pas. D'ailleurs, il ne sait pas que je viens.

Je traîne Shirley hors des vestiaires, elle rouspète et demande à aller à la cafétéria. J'accepte de mauvaise grâce, mais je dois reconnaître que moi aussi mon ventre gargouille. J'arrive à la convaincre de ne prendre qu'un sandwich que nous mangerons sur le chemin vers la piscine. Malgré quelques protestations, elle finit par valider ma proposition.

Arrivées à la piscine, nous nous faufilons parmi les spectateurs déjà installés jusqu'à notre siège. Il fait chaud dans le bâtiment, et l'air est humide et chloré.

Les séries ont déjà commencé, mais heureusement Aaron n'a pas encore nagé. Je regarde avec détachement les groupes de 8 nageurs qui s'élancent dans un plongeon parfait et qui enchainent les longueurs pour tenter de se qualifier. Les résultats sont affichés sur d'immenses panneaux lumineux avec un petit drapeau pour confirmer la nationalité du nageur.

Je réalise alors que je ne connais même pas les nageurs anglais. La natation est un sport que je ne suis pas vraiment. En réalité, il y a peu de sports auxquels j'ai le temps de m'intéresser. Éventuellement les autres épreuves d'athlétisme, car je côtoie les athlètes régulièrement dans les stades, mais c'est tout.

Tout à coup, je le vois. Il sort des vestiaires, et la foule semble retenir son souffle hypnotisé. Je réalise que pour moi, il est l'homme qui fait battre mon cœur de manière romantique, mais pour des centaines de fans présents ici, il est l'homme aux 16 médailles. Celui qui va tenter de remporter le record absolu de médailles détenues par un athlète aux JO.

Son peignoir laisse deviner que l'homme qui le porte est taillé comme un roc. Il s'avance de manière féline et avec assurance vers les bancs situés derrière les plongeoirs. Il se débarrasse de sa sortie de bain, et j'entends quelques soupirs appréciateurs autour de moi. Cela devrait m'irriter, mais au contraire, je suis plutôt flattée. Car je sais que celui qui les provoque est à moi.

Sa tignasse est déjà masquée par le bonnet aux couleurs de la bannière étoilée. Il ne porte plus que son maillot qui démarre bas sur les hanches, et ne cache rien de ses abdominaux sculptés, ses pectoraux puissants, ses biceps en acier. Cet homme est un régal pour les yeux. Les anneaux olympiques qui s'entrelacent sur son bras droit ne font qu'ajouter un sentiment de puissance à la force virile qu'il dégage.

Il s'avance vers son plot au centre du bassin. Un homme, certainement son entraineur, vient lui glisser quelque chose à l'oreille. Il hoche la tête. Il secoue ses bras et ses jambes, probablement pour les garder chauds, et positionne ses lunettes sur son visage.

Il grimpe sur le plongeoir. Il ne ressemble plus à l'Aaron que j'ai connu ces derniers jours. C'est maintenant un guerrier prêt pour le combat. 

Sur la ligne : une romance olympiqueWhere stories live. Discover now