Sur la ligne : une romance olympique

Chapitre 15 : Jessica

Dire que je suis nerveuse serait un euphémisme.

Aaron m'a prise au dépourvu tout à l'heure à la cafétéria. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me donne rendez-vous. Et encore moins à la piscine !

Qui donne des rendez-vous à la piscine ? Un nageur multimédaillé...

Le fait que l'on soit dans son élément, sur son terrain de jeu, m'angoisse encore plus. Sans parler du maillot de bain.

J'aime nager, mais pour être honnête j'avais mis dans ma valise un maillot une pièce, au cas où l'envie me prenne d'aller faire quelques longueurs. Nous avons beaucoup d'équipements à notre disposition dans le village olympique, et donc accès aux piscines. J'avais envisagé de m'y rendre, voir peut-être un jour après la compétition d'aller à la plage. Mais pas pour un rendez-vous !

Shirley a insisté pour me prêter un des siens (oui parce qu'elle a rempli sa valise de bikinis, elle). Elle m'a refilé un minuscule bout de tissu noir, cachant à peine mon intimité, et tenant tout juste avec des ficelles de part et d'autre. En vérité, j'ai choisi le plus discret, car entre les turquoises et les jaunes poussins, la collection de ma meilleure amie est très colorée ! Heureusement avec les jeux à préparer je n'ai pas vraiment eu le temps de prendre le soleil cet été, donc je n'ai pas de vilaines traces de bronzage plus grandes que le maillot.

Je me change et noue ma serviette autour de la taille, histoire de garder encore ma peau dénudée à l'abri des regards pour un moment. Je prends une grande respiration et je pars rejoindre Aaron.

Je suis surprise de trouver le bassin vide de tout occupant. Les larges baies vitrées sur un côté de l'édifice laissent apparaître le crépuscule qui se profile. Aaron est assis au bord de l'eau, les jambes se balançant doucement, troublant à peine l'onde. Lorsqu'il me voit, il se relève. Je note au passage ses muscles qui se contractent. Il avance vers moi, sa démarche est souple, et je ne peux décrocher mes yeux de son corps. Je l'ai déjà vu en maillot à la télévision bien sûr, mais là, en vrai, c'est une tout autre expérience qui s'offre à moi. Il a déjà dû plonger, car sur son torse parfait roulent quelques gouttes, renforçant l'orgasme visuel qu'il est en train de me procurer. Ses cheveux sont humides et encore plus en bataille que d'habitude. Il finit de m'achever en me décrochant son sourire 100 000 volts, contractant sa fossette.

Bravo mon Dieu c'est vraiment du beau travail !

Je me sens tout à coup encore plus mal par rapport à mon physique. Attention, je suis quand même consciente que des années de sport à haut niveau ont sculpté mon corps. Mon ventre est plat, mes jambes musclées, mes bras fermes, mais je n'ai pas les traits délicats d'une Emily, ou même sa blondeur. Les gens me qualifient de mignonne, mais je n'aurai jamais mon visage sur la couverture d'un magazine (à moins qu'il ne soit dédié à la course à pied).

Aaron me regarde amusé.

— Tu vas te baigner avec ta serviette ?

Je consens donc à la retirer, il me la prend des mains pour la déposer sur un banc à proximité de nous. Lorsque mon regard recroise le sien, je m'aperçois qu'il a pris une teinte plus foncée. Je constate également que ses yeux quittent les miens pour descendre le long de mon corps. Je me sens nue sous son regard, et suis à deux doigts de croiser les bras sur ma poitrine pour tenter d'en dissimuler une partie. Quoiqu'après réflexion, je ne suis pas sûre que cela ne rende la situation pire.

Il fait un pas vers moi, et je suis figée. Il me tend la main.

— Tu viens, on va dans l'eau.

— Ok, réponds-je en mode automatique.

Alors que nous nous approchons des plongeoirs, je prie intérieurement que le bikini de Shirley résiste à ce genre d'activité.