Chapitre 5

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Alexandra

J'y crois pas, ma mort ne va pas tarder. Qu'est-ce que mon putain de grand-frère fait là ? Il entre dans la chambre en fermant a porte. Il sort son portable et me montre l'écran, et mon message.

« Jolie tentative, vraiment, tu m'as pris pour un demeuré pour penser que j'allais gober ça mais, bravo... dit-il. Sa voix est étrange, il n'y a pas vraiment d'émotions, juste un peu de colère, mais rien de plus.

— Je voulais pas t'inquiéter, expliqué-je en fermant mon sac.

— Gentille attention, lance-t-il en haussant les épaules, mais c'est un peu compliqué de ne pas s'inquiéter quand une amie à moi me dit que tu as fait une chute, assez surprenante par sa violence, en cours de piscine puis que dans le foulée, un pote vite fait m'envoie une photo de toi sur un ring dans une salle qui ressemble à un endroit où se déroule des tournois illégaux... raconte-t-il, d'une traite. Oh, et puis qu'il me dit que t'es blessée et que quelqu'un va t'amener aux urgences. Je te raconte pas la soirée excellente que j'ai passé, lâche-t-il, très visiblement en colère.

— Je vais bien, d'accord ? assuré-je, lasse, en levant les yeux au ciel.

— Tu vas pas bien Alex ! cri-t-il en s'approchant de moi. Tu parles à personne, t'es enfermée dans ton monde, tu te bats, tu commences à mentir ! À me mentir ! Je ne te reconnais plus ! s'énerve-t-il.

— Je vais bien ! C'est facile pour toi ! Ce n'est pas toi qui a trouvé notre père pendu dans sa chambre putain ! lâché-je. Je vais pleurer, je le sais. Je me mord la joue.

— Je l'ai perdu aussi Alex, répond-il. Sa voix tremble et je m'en veux. Bordel de merde, mais c'est quoi mon problème ?!

— J-je voulais pas dire ça Lucas... soupiré-je. J'y arrive pas, je n'arrive pas à avancer, sauf quand je fais de la boxe, ok ? Je m'en fiche des risques, c'est ma seule façon de me sentir en vie, affirmé-je. Maintenant, sors-moi d'ici, dis-je. »

*****

Je n'ai plus mal au crâne, je suis presque shootée avec les cachetons que m'a prescrit le médecin à ma sortie de l'hôpital. Il a dit que demain j'irais mieux. Je l'espère, je n'ai vraiment pas envie de rester cloîtrée à la maison. J'ai encore piscine demain, et j'aime nager. Et c'est surtout parce que la maison, seule, me rend mal à l'aise et puis j'ai peur de m'endormir sans personne avec moi.

Je retire mes vêtements et attrape ma serviette de bain et mes affaires de toilettes. Je sors dans le couloir, en sous-vêtements. Direction la salle de bain qui est tout au fond du couloir. Mon frère sort de sa chambre et soupire en détournant le regard.

« Tu pourrais te balader, moins... découverte Alex, maugrée-t-il. »

Je lève les yeux au ciel. Je continue jusqu'à la salle-de-bain, je ferme la porte à clé et me dénude. Je rentre dans la douche, c'est une grande douche italienne avec des pierres noires et grises. L'eau coule le long de mon corps, je regarde ma peau laiteuse. Elle est marquée de bleus. J'ai beaucoup d'hématomes, je pensais avoir été moins frappée... Mon front me pique, je peste et sors de ma douche. L'air qui caresse ma peau ruisselante me donne la chair de poule. Je me regarde dans le miroir, mes cheveux mouillés gouttent sur mon visage et mon dos. 

Je passe la main sur la glace pour enlever la buée. Je pose mes mains sur le lavabo et prends appuie. Je fixe mon reflet, je ressemble à mon père. J'ai les mêmes yeux, le même regard que lui. Un regard de battant qui se voile la face. Mon père se battait pour tout, je l'admirais pour ça. Mais je ne comprends donc pas pourquoi il s'est suicidé. C'est beaucoup trop facile d'en finir de cette manière. Pas de combats, pas d'adversaires, juste lui et la paix que la mort peut lui apporter. C'est trop facile.

From Hatred To Love [FRENCH]Where stories live. Discover now