Chapitre 29

9K 476 13
                                    

Alexandra

Je regardais la bougie qui fondait à vu de nez. La cire s'affaissait, la flamme, elle, rétrécissait. Mes yeux verts scrutaient avec intérêt cette source de lumière. J'appuyai ma tête sur le creux de ma main, le coude sur le bout de la table ronde à laquelle j'étais assise. 

« Voulez-vous commander ? me demanda une énième fois l'un des serveurs.

— Non merci monsieur. Je vais attendre encore quelques minutes, il a dû avoir des complications, expliquai-je. Je prendrais juste un verre de vin rouge s'il-vous-plaît. »

L'homme hocha la tête et partit. Je soupirai et regardai autour de moi. Presque uniquement des couples occupaient le restaurant. Je sortis mon téléphone de ma sacoche. J'attendais depuis bientôt une heure. Aucune nouvelle. 

« Tenez votre verre, lança le serveur. »

Je le remerciai d'un sourire. J'attrapai la coupe et bu quelques gorgées. Je regardai l'extérieur par la grande fenêtre proche de moi. Le ciel étoilé était maqué de légers nuages gris. Je fermai les yeux un instant réprimant la frustration et la colère qui grandissaient en moi. Un léger air de piano comblait le calme de l'endroit. C'était apaisant. Mais pas suffisamment.

*****

Après une demi-heure d'attente, je faillis renverser la table et frapper quelqu'un. Je levai le bras, attirant une employée. Elle arriva tout sourire, timidement.

« L'addition s'il-vous-plaît.

— Mais vous n'avez pas mangé, vous êtes sûre de...

— Écoutez, j'attendais quelqu'un qui a eu le culot de ne pas se présenter, alors évitez de titiller mes nerfs je vous pris. Je n'ai aucune envie de manger ici, seule, rétorquai-je, sèche. »

Je n'aimais pas la façon dont je l'avais mise mal à l'aise, mais j'avais besoin de défouloir et la pauvre demoiselle, était juste là. Elle me donna le papier. Je posai un billet, me levai et effaçai les plis de ma robe en frottant dessus verticalement. Je pestai dans ma barbe, ramassai mon sac et mon téléphone puis rangeai la chaise.

« Gardez la monnaie, dis-je alors. »

La serveuse hocha la tête, toute frêle. Je sortis du restaurant. Le froid du mois de Novembre me congela sur place. J'expirai, agacée. Un nuage de brume s'échappa d'entre mes lèvres. Je défis mon chignon parfait et secouai la tête. Ma longue chevelure brune ondulée descendit en cascade le long de mon dos. Je passai la main dedans et l'appelai.

Le " bip " long et chiant me semblait interminable. Quand sa voix résonna, je compris que j'avais affaire à sa messagerie vocale. Je vais le tuer. Vraiment. La voix robotique énervante me signala l'accès à la parole - enfin - après un énième " bip ".

J'explosai enfin :

« Nathan ? Tu sais, c'est Alex. Ouais, tu te souviens ? La fille que t'a plantée dans un resto' le jour de son anniversaire. Tu situes ? Toi et tes rendez-vous à con, vous pouvez aller vous faire voir. Prévenir d'un texto était trop demandé ? Sérieux, j'ai poiroté UNE heure ! Je n'ai même pas de bus pour me ramener. Alors que ce soit clair : t'as intérêt à avoir une bonne explication. Car si je meurs d'une pneumonie à cause du froid de canard qu'il fait, ce sera entièrement ta faute !

L'appel se coupa. Je recomposai son numéro. Je n'avais pas fini. Je me devais de pourrir sa messagerie. 

 « Je disais, ta faute ! Tu auras ma mort sur ta conscience, c'est clair ?  Si tu savais combien j'ai les nerfs ! 

From Hatred To Love [FRENCH]Where stories live. Discover now