Chapitre 20

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Alexandra

Je le fixe. Cherchant à savoir s'il se fout de ma gueule ou pas. Il semble sérieux. Je me penche sur la bar, me retrouvant proche de son visage.

« Que ce soit bien clair Austin, ce que j'ai ordonné à Nathan - à juste titre - est valable pour toi et ton p'tit copain, expliqué-je en parlant de Tomas. Ne t'approches pas de moi. Ne me parles pas. Et ne me demandes surtout pas, aussi à l'aise, de discuter.

Je passe la main dans mes longs cheveux et lui tourne le dos pour ranger des verres et des chopes propres.

« Nathan a besoin d'aide Alexandra, dit-il. »

J'essaye de ne pas y faire attention. Il tapote son doigt sur le bar, je sens son regard dans mon dos.

« Il a quelques soucis depuis hier soir, déclare-t-il. »

Je finis d'essuyer un verre et ricane. Je me retourne pour regarder Austin.

« Des soucis ? lancé-je, levant les sourcils. Tu te fous de ma gueule ? Il diffuse ma première fois dans une pièce avec plus de cent personnes et, il a des soucis ? 

— Écoute, il a vécu quelque chose qui l'a rendu comme il est. Je ne te demande pas de nous pardonner. Tomas et moi n'avons aucune excuse, si ce n'est du pur égocentrisme glauque. En revanche, Nathan est quelqu'un de bien. Il a besoin d'aide. De ton aide. »

Je souris et me penche de nouveau. Nos nez se touchent presque. Je m'appuie sur mes coudes et le sonde du regard.

« Allez en enfer, tout les trois, craché-je. »

Eddy me fait un signe comme quoi mon service est fini. Pile au bon moment. Je me redresse et toise Austin de mes prunelles vertes. Je pars dans le vestiaire pour récupérer mes affaires. Je ferme mon casier, défais mes cheveux et secoue la tête. J'enfile mon manteau et sors par la porte arrière réservée au personnel. 

Il fait déjà nuit. L'hiver s'installe lentement. Ça me déprime. J'avance dans la ruelle pour rejoindre l'avenue principale. Je vois Austin appuyé contre un poteau, dos à moi. Espérons qu'il ne me voit pas. Maintenant que je suis à l'extérieur je ne réponds pas de mes réactions.

« Il l'a revue hier ... Je sais ! ... Mais Nathan va se foutre dans la merde à voir ce type ... dit-il. »

Sans le vouloir, je ralentis pour écouter cette conversation. J'ai un réel problème.

« Il lui doit du fric, il me semble ... J'en sais rien ... Non, il m'a rien dit, il était bien trop défoncé en fin d'aprem'. »

Je ne vais pas m'arrêter, je continue de marcher et n'entend pas plus que ça. Le bruit de la nuit ne me rassure pas. J'aimais le silence qui régnait dans les rues lors des fraîches soirées. Mais depuis hier, mes jambes tremblent toutes seules. Ce que je suis faible, c'est si pitoyable. Je passe mon pouce sur ma lèvre inférieure. La blessure a diminuée. 

Nathan est insensé. Il me détruit et il a l'air de s'en vouloir. Mais si ça se trouve, ce n'est qu'une façade. Un autre mensonge. Je ne comprend pas du tout pourquoi je m'en soucie. C'est vrai, je le hais. J'ai envie de le cogner, dès que je l'aperçoit. J'ai envie de pleurer, de hurler de me faire du mal pour avoir été si idiote. 

Je le savais ! Je savais pertinemment qu'il allait me blesser. Mais j'ai trouvé des prétextes à la con. Comme ma douleur dû à la mort de mon père, comme quoi rien ne pouvait me faire davantage souffrir. 

Mais il a réussi. Il a réussi à me blesser encore plus. Il ne m'a pas arraché simplement mon bonheur, il m'a arraché mon identité. Ce qui faisait que j'étais celle que j'étais.

From Hatred To Love [FRENCH]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant