Chapitre 28

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Alexandra

Mes jambes lourdes me mènent jusqu'à l'entrée du lycée. Comme depuis ce fameux instant, celui où tout ce en quoi je croyais s'est effondré, mon estomac se noue. La mort dans l'âme, je m'engouffre dans le bâtiment à contre-cœur. Je pose mes affaires avec flegme dans mon nouveau casier. Un casier qui me semble moins spécial que l'ancien.

Alors que je me morfonds intérieurement, quelqu'un m'attrape par la taille et m'embrasse dans le cou.

« Bonjour, murmure-t-il.

— Arrête ça, ordonné-je en sentant ses lèvres humides sucer la peau de ma nuque. »

Il sourit et me retourne pour plonger dans mon regard vert. Mon sourire trahit mes objections quant au traitement de mon cou.

Il est le seul à m'arracher de vrais sourires.

« Salut Will ! Salut Alex ! nous salue Irìzs. »

Elle passe la main dans ses longs cheveux roux en nous souriant. Will lui sourit puis s'affaire à titiller mes lèvres. Par égard envers mon amie, je le repousse. Quel abruti celui-là.

Je passe la main dans ses cheveux blonds et l'embrasse furtivement. Irìzs et moi partons en direction de la salle de littérature. J'entends ses talons claquer au sol puis alors que je me met à penser, elle parle :

« Tu as l'air de beaucoup apprécier William, dit-elle en souriant. »

Je hoche la tête en lâchant un vague "hum". Elle réajuste son sac à main sur son épaule et semble avoir toutes les peines du monde à le faire. Voilà pourquoi je ne troquerais jamais mon bon vieil Eastpack à carreaux pour cette galère censée te rendre féminine. On dirait plus un manchot qui se débat pour marcher droit.

« Ça change vraiment de...

— Irìzs, la coupé-je avec un ton froid. »

Mon regard fixe le vide devant moi. Songeuse, des images remplissent ma tête. Se déroulant dans le désordre comme une cacophonie qui vous rend fou. Je ferme les yeux un instant et j'ai envie de hurler. Même lorsque mes paupières sont closes, elles ne se tarissent pas, me donnant envie de me recroqueviller en boule. 

Son visage était grave, rempli d'un affolement certain. Et j'étais consciente du désordre mental qui devait se profiler dans tout son être. Je baissai mon regard vers le sol. Des larmes se mirent à couler. Je tournai des talons et parti en courant de la pièce. 

Il m'attrapa par le poignet - maudit talons à la con ! 

« Pourquoi ? Pourquoi encore ? crié-je en pleurant. »

Ses pupilles partaient dans tout les sens, scrutant le moindre détail de mon visage méconnaissable. Il voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

« Hein ? hurlé-je, attendant une réaction, en vain. »

Je ne pus rien faire, la claque partie toute seule. Le "clac" du coup brisa le silence de la nuit. Il garda sa tête de profil, fixant le vide, les yeux écarquillés.

« Pourquoi ?! répété-je. »

Mon poing fermé, je martelais son torse en pleurant. 

« C'est fini Nathan. J'en ai assez. Cette fois-ci, je ne te pardonnerais pas. Jamais. »

Le lendemain, il était parti pour New-York. Il ne s'est pas battu pour moi, n'a pas cherché à s'expliquer. Il est juste parti. Quittant ma vie aussi vite qu'il ne l'avait pénétrée. Je lui en veux. Il aurait pu venir me supplier de le pardonner, mais rien, il a juste pris le large. Depuis, je me sens vide de l'intérieur. Il a pris mon bonheur avec lui. À l'heure qu'il est, il doit être entourée de nanas plus superficielles et connes les unes que les autres. Comme toujours.

From Hatred To Love [FRENCH]Where stories live. Discover now