V

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Il devait être environ trois du matin, mais je n'arrivais toujours pas à m'endormir. Reagan avait disparu depuis des heures maintenant, et nous n'avions toujours aucune nouvelle de lui. Mes parents avaient fait le tour du quartier mais il n'y avait personne. Ils avaient été voir la police mais ils n'avaient pas pu porter sa disparition car cela faisait moins de quarante huit heures. Ce gars était vraiment un abruti, et sans le connaitre je le détestais déjà. Je sentais parfaitement qu'avec lui on allait avoir pas mal d'ennuis cette année. Il fallait voir le côté positif: au moins peut être que mes parents seraient moins sur mon dos. Des crissements de pneus se firent entendre au bout de la rue, puis le bruit du moteur s'approcha avant de disparaitre brutalement. Une portière claqua. Je me levais de mon lit et regardais par la fenêtre. Reagan titubait jusque dans le petit jardin de la maison. Il avait l'air complètement défoncé, je ne saurais dire si il était ivre ou bien drogué. Il s'allongea sur le gazon. Il était dans un sale état. J'attirais son attention.

«-Pssss !! Reagan !!
-Dieu ? Demanda mon demi frère en observant pitoyablement le ciel avant d'exploser de rire.
-Par ici abruti !»

Il se redressa et leva les yeux vers moi.

«-Oh... Dit il l'air déçu en m'apercevant.
-Bonsoir.
-Fais moi entrer. Ordonna-t-il.
-J'ai dit, bonsoir.
-Ouais, bon la porte !
-Bonne nuit dans ce cas ! Dis je, faisant mine de fermer mes fenêtres.
-Bon ok, ok. Bonsoir. Maintenant la porte. Répéta-t-il d'une voix plus faible.
-Et bien tu vois quand tu veux ! J'arrive.»

Je fermais mes fenêtres puis je descendis les escaliers sur la pointe des pieds pour faire le moins de bruit possible, et je lui ouvris la porte en l'accueillant d'un sourire triomphant. Il passa à côté de moi en essayant de marcher droit et monta directement rejoindre sa chambre, sans même me remercier. Je refermais la porte à clé et je regagnais ma chambre à mon tour. Lorsque je me réveillais, vers dix heures le lendemain matin, la maison était calme. Mes parents avaient dû partir travailler. Je me levais et enfilais une tenue de sport pour aller courir en laissant un mot dans le salon au cas où l'abruti de service se réveillerait. Comme à mon habitude je courais le long de la mer mais cette fois je ne m'arrêtais pas au bistrot au bord de la plage. Car à cause de ce qu'avait dit Sydney je me sentais trop grosse pour avaler quoi que ce soit, même pour un simple cappuccino au daim. Une fois de retour à la maison, je filais sous la douche en vitesse. En sortant de la salle de bain je tombais nez à nez (ou plutôt nez à torse étant donné que mes yeux arrivaient au niveau de ses pectoraux) avec Reagan.

«-Bonjour. Murmura mon demi frère.
-Tu m'as fait peur ! Hurlais-je en levant mes yeux noisettes vers son regard bleu perçant.
-Tu sais, la moindre des choses quand on te dit bonjour c'est de répondre. Fit-il, accompagnant ses paroles d'un clin d'oeil.
-Bonjour. Ris je, surprise d'entendre mes mots sortir de sa bouche.»

Un rictus satisfait se dessina sur ses lèvres tandis qu'il m'observait. Je me sentais mal tant son regard me transperçait, j'avais l'impression d'être mise à nue. Soudain il brisa le silence.

«-Où sont tes parents ? Demanda Reagan en se dirigeant vers sa chambre.
-Partis travailler. Répondis je en le suivant.
-Ok, parfait.»

Il prit un sac à dos noir et referma la porte de sa chambre. Il descendit les escaliers pour se diriger vers la porte d'entrée.

«-Attends tu vas où là ? Hurlais-je en lui emboîtant le pas.
-Ça ne te regarde pas.»

Il ouvrit la porte d'entrée que je refermais aussitôt en me faufilant entre lui et celle ci.

«-Où vas tu ?! Répétai-je.»

Son regard passa du bleu océan au gris sombre et terrifiant, exactement comme la mer lors d'une tempête. J'en frissonnais. Il serra les poings avant de lâcher quelques mots.

«-Laisse moi sortir.
-Ma mère m'a dit que je devais t'accompagner où que tu ailles.
-C'est bien. T'es la fifille à maman. Maintenant casse toi. Je sors.»

Il me saisit par le bras et m'obligea à sortir de son chemin. Il ouvrit la porte et sortit sans m'adresser un regard. Les mots sortirent de ma bouche sans que je ne puisse les contrôler.

«-C'est pas parce que ta mère est morte que tu dois te comporter comme un abruti !! Criais-je.»

Reagan s'arrêta net au milieu du jardin et se figea. Je déglutissais douloureusement. Ce que je venais de dire était horrible, je m'en sentais coupable. J'avais si peur qu'il fasse demi tour pour me coller son poing dans la face. Mais il n'en fit rien. Il se contenta de reprendre sa route comme si de rien était. -Ouf !- Je fermais la porte et respirais profondément pour calmer les battements de mon coeur affolé. Je ne comprenais pas pourquoi Reagan agissait si violemment quelques fois. Si c'était parce que sa mère était morte, ou si c'était simplement un abruti. Mais une chose était sûre: je le détestais.

Amour InterditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant