XXVII

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Noël approchait à grand pas et j'essayais toujours de suivre le conseil qu'Alex m'avait donné. J'essayais d'oublier mes sentiments pour Reagan, mais c'était plus dur qu'il n'y paraissait. Alex était reparti pour l'Australie, mais cette fois nous avions décidé de garder contact dans le dos de mes parents grâce aux réseaux sociaux. Quand à ma mère je l'avais pardonnée, mais nous étions moins proche qu'auparavant. C'était aujourd'hui que Reagan devait venir et j'étais toujours stressée à l'idée de le revoir. Je ne pouvais pas le revoir. Je ne voulais pas qu'il vienne ici. Et j'avais un plan pour l'en empêcher. Je rejoignais ma mère dans le salon.

«-Quelque chose ne va pas ma puce ? Demanda ma mère.
-Je ne veux pas qu'il vienne ici maman.
-Ça ne va pas recommencer ?!
-Mais il est parti, pourquoi faut il qu'il revienne ?!
-Ça suffit Eden ! C'est moi qui décide.
-Maman tu ne peux pas comprendre.
-Je suis fatiguée, j'ai pas envie de me disputer avec toi. C'était prévu depuis des mois.
-Laisse moi juste t'expliquer, s'il te plaît...»

Elle hésita un instant et hocha la tête comme pour accepter ma demande. Je savais qu'elle allait me détester, mais si en lui disant la vérité je pouvais ne pas avoir à faire à Reagan, ce qui m'arrangeait grandement.

«-Ok, juste promets moi de ne pas t'énerver.
-Bon sang, lâche le morceau qu'on en finisse.
-Reagan et moi... Reagan et moi étions attirés l'un par l'autre. J'ai peur que son retour n'aggrave les choses.
-Mais... Non.
-Bah... Si.
-Mais maintenant vous vous êtes rendus compte que c'était stupide et que vous ne vous appréciez qu'en tant que demi frère et demie soeur. Hein ?
-On s'est embrassé, et on est sorti ensemble... Pendant tout l'été.
-Quoi ?!»

Elle me fixait avec insistance en attendant que je lui lâche un "c'est une blague !" mais ça n'en était pas une, loin de là.

«-Il m'a embrassé à nouveau le soir de mon anniversaire.
-Il a quoi ?! Si c'est une blague ce n'est pas drôle.
-Je l'ai embrassé le soir de son anniversaire, avant qu'il ne s'en aille.
-Eden stop !
-On s'est aimé maman, et je l'aime encore. C'est pour ça que je ne voulais pas qu'il s'en aille, et c'est pour ça que je ne veux pas qu'il vienne aujourd'hui. J'ai peur que nos sentiments nous surpassent.»

Son visage se décomposa lorsqu'elle comprit à quel point j'étais sérieuse. Elle frotta son front, comme par anxiété, puis elle expira bruyamment.

«-C'est ton demi frère. Chuchota-t-elle enfin, toujours sous le choc.
-Je sais. Et je sais aussi que c'est dégueulasse, qu'on aurait jamais dû. Je sais que c'était interdit, mais je...
-Votre père va vous tuer. Me coupa ma mère.
-Mais toi non ? Répondis je, étonnée.
-Non. Je n'approuve pas votre relation car... Car vous partagez le même père, mais je ne t'en veux pas. Je ne peux pas t'en vouloir.
-Quoi ?
-Reagan vient pour la semaine, mais tu dois faire des efforts. À présent tu oublies ce que tu penses de lui, il n'est plus que ton demi frère. Compris ?
-Oui...»

Mon plan avait lamentablement échoué. J'avais révélé la vérité à ma mère et elle avait agit comme si ce n'était pas si grave. Je ne comprenais rien. Elle aurait dû m'engueuler, en temps normal c'est ce qu'elle aurait fait... Mais elle n'en fit rien et Reagan débarqua dans la soirée. Bien sûr, je ne lui décochais pas un seul mot et c'était à peine si je lui adressais un regard.

Plus tard dans la soirée ma mère partit se coucher et j'en profitais pour me sauver en prétextant être fatiguée aussi. Mais quelqu'un toqua à la porte de ma chambre, je me levais pour ouvrir. C'était lui, il se tenait en face de moi, tout sourire.

«-Bonsoir. Fit il enfin.
-Ouais. Me contentais je de répondre.»

Je lui refermais la porte au nez mais il l'arrêta. Il poussa la porte et entra dans ma chambre, en prenant soin de refermer la porte derrière lui.

«-Tu sais quand on te dit bonsoir, la moindre des choses c'est de répondre. Fit il, accompagnant ses paroles d'un clin d'oeil et d'un sourire enjôleur.»

Je savais ce qu'il attendait de moi. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais plus jouer à ça. Il était parti et ne m'avait jamais répondu. Il ne méritait pas que l'on reprenne les choses telles qu'on les avait laissées neuf mois auparavant.

«-Bonsoir. Articulais je difficilement.
-Comment vas tu ?»

Comment j'allais ? C'était seulement maintenant que ça l'intéressait ? Après neuf mois de silence radio il se plantait chez moi et la seule chose qu'il me demandait c'était "comment vas tu" ? Qu'est ce qu'il voulait entendre au juste : "Mal, j'ai passé neuf mois à pleurer ton absence" ? Oh non ce n'était pas ce qu'il allait entendre. Je lui en voulais trop.

«-Bien et toi ? Répondis je fièrement.
-Bien aussi.
-Cool.
-Ouais... Et avec Noah ?
-C'est parfait. Et de ton côté ?
-Je ne suis sorti avec personne. Je me concentre vraiment sur mes études et puis aucune fille ne me plaît.»

Voilà quelque chose qui était bon à entendre, j'avais de l'avance sur lui : il n'avait personne pour tourner la page !

«-Écoute Eden, je suis content que tu ne m'en veuille pas. J'aurais dû te répondre ce soir là, mais j'étais vraiment pas d'humeur avec ce qui c'était passé avec ton père et...
-Laisse tomber Reagan. De toutes façons je ne comprendrais pas. Le coupais je.
-Tu m'en veux ?»

Je brûlais d'envie de lui dire à quel point je le détestais. Oui, je le détestais de n'avoir jamais répondu, et je le détestais de n'avoir jamais demandé à ma mère comment j'allais. Je le détestais car il était parti quand j'avais besoin de lui. Mais plus encore, je le détestais car quelque part je l'aimais. Mais je ne pouvais pas le lui avouer. Alex avait raison, il n'y avait pas de pire souffrance que de voir quelqu'un qu'on aime tourner la page.

«-Tu peux me le dire si tu m'en veux d'être parti. Reprit mon demi frère.
-Je ne t'en veux pas Reagan.
-Vraiment ?
-Oui. Je suppose que même si c'était dur au début j'ai fini par m'y faire à cette nouvelle vie sans toi. Alors non je ne t'en veux pas. Je ne te déteste pas. Mais tu ne comptes plus pour moi. Tu as tout gâché lorsque tu as traversé la frontière.
-Eden...»

Sa main se posa sur mon bras, le contact de sa peau contre la mienne m'avait tant manqué... Mais je ne devais pas craquer. Je devais me concentrer, je devais lui dire ce qu'il refuserait d'entendre.

«-C'est trop tard, fais comme moi et tourne la page car c'est terminé. Game Over, Reagan Buckner.»

Amour InterditWhere stories live. Discover now