Chapitre 2

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Second chapitre. 

- Chloé ! Descends ici, tout de suite! Me crie mon père du bas des escaliers.

Je ne me fais pas prier et descends les marches en courant, manquant à plusieurs reprises de me ramasser.

- Oui, papa ? Demandais-je calmement.

Une gifle. Des picotements, de la douleur, un grand frisson parcourant ainsi mon cœur, des larmes coulant sur mon visage.

- Tu faisais quoi ? Ça fait deux heures que je t'appelle! Siffle t-il entre ses dents répugnantes en un sourire sarcastique.

Il est en colère, ça se voyait dans ses yeux furieux remplis de sang. Mais pourquoi ?

- Pardon, papa, je faisais mes devoirs... Lui dis-je, les larmes aux yeux, et mon air désolé.

- Baisse les yeux. M'ordonne t-il.

J'obéis, et regarde mes pieds.

- Donc, je répète, que faisais-tu ?  Insiste t-il.

- Je faisais mes devoirs, papa. Répétais-je, de ma voix cassée par la peur.

Deuxième gifle. Encore des picotements et des sanglots.

- Monte dans ta chambre, je ne veux plus te voir. Disait-il de sa voix assourdissante.

- Oui, papa.

Je tourne les talons et monte dans ma chambre, le cœur ensanglanté. Je me remets aux devoirs.

Une fois cela fini, je jette un coup d'œil à ma montre. Il me reste ma douche et le repas avant l'heure fatidique.

Je suis maintenant à table. Personne ne parle. Tant mieux, je préfère ça aux cris. Mon père n'est même pas à table avec nous. Il est affalé sur le canapé, une bière à la main. Comme d'habitude.

Mon frère est assis en face de moi. Il me lance des regards mauvais, ainsi que des sourires narquois en coin. Comme d'habitude.

J'avale difficilement à cause de la douleur au niveau de ma gorge. Mon père met le match de foot. Il vient se chercher une énième bière en titubant, il faillit à plusieurs reprises de tomber.

Je finis mon assiette rapidement, et la rince, en faisant bien attention de ne pas attirer l'attention de mon père. Je me tourne pour observer le taudis dans lequel je vis, une petite maison un peu délabrée, peu meublée, peu chère. 

Je grimpe les marches de l'escalier pour atteindre ma chambre, soupirant à la fois de colère et de dégoût.

Je jette un coup d'œil à ma montre, 30 minutes...  30 minutes avant de revivre le même cauchemar qui dure depuis maintenant 6 ans.  6 ans que mon frère fait de moi un jouet. Les atrocités commises par mon frère salissent mon propre honneur.

Mon frère n'est pas l'ennemi absolu de sa propre sœur, il est l'ennemi absolu du reste des filles . Il se sert de nous telles des putains de jouets alors qu'il peut avoir toutes les putes qu'il veut !

Bon, j'ai le temps de lire le dernier chapitre de mon livre.  

TOC TOC TOC

QUOI ? Déjà ?  Mais j'ai eu à peine le temps de commencer mon dernier chapitre !

Je lâche mon livre, car mes mains se mettent à trembler.

Je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur de lui. Je me lève, et ouvre la porte à mon frère. Il me regarde toujours avec son sourire sadique et narquois collé sur son visage. Rongée par la colère et le dégoût, une envie de lui effacer ce sourire de son visage me monte à l'esprit; mais je n'en fais rien, gardant ainsi mon calme. Mais, il s'efface peu à peu quand ses yeux se baladent de part et d'autre sur mon corps. 

- Pourquoi es-tu habillée de telle façon ?  Me demande-t-il, froidement.

Je regarde ma tenue. Je porte un simple skinny noir et un débardeur gris.

- Q-Quoi ?

- Pourquoi tu ne t'es pas habillée sexy ? Répète-t-il.

- Parce que je... 

- Bon c'est pas grave, on va quand même s'amuser ce soir. Me coupe-t-il.

Je déglutis avec difficulté, et il referme la porte à clé derrière lui. Il me pousse sur mon lit et m'embrasse avec...  désir.

Je suis écœurée, dégoutée, à l'idée qu'il ose me toucher. De une, parce que c'est mon frère, et de deux, parce que c'est un monstre. Je n'ose pas le lui dire en face, mais je le pense tellement fort, que je suis sûre qu'il pourrait l'entendre.

Bref, il enlève mon débardeur, et caresse mon corps par-ci par-là. Mes larmes coulent seules, mais j'y suis habituée, malgré cela, je garde le sourire, je l'emmerde.

C'est triste à dire, mais c'est comme ça. Ça fait plus de 6 ans qu'il me fait subir ça...! Mais malgré tout, j'ai gardé la tête haute, et j'ai toujours fait bonne impression avec ce faux sourire qui m'inventais une vie parfaite, mais que je n'avais pas. Je faisais comme si tout allait bien. Quand l'infirmière m'a demandé ce qu'étaient les bleus sur mes bras j'ai simplement fait mon plus beau et mon plus faux sourire, j'ai inventé une histoire, et c'est, heureusement, passé telle une lettre à la poste.

Et mon frère fit de moi, comme toutes les nuits, son jouet...

****

Je me réveille doucement avec une douleur qui me lance au niveau du bas-ventre. Mais c'est pas grave, je vais me redresser, et sourire comme je le fais si bien.

Je fouille une tenue dans mon placard, et m'habille. Après m'être préparée et avoir déjeuné rapidement, esquivant ainsi les regards de mon frère et de mon père, je pris mes clés qui étaient sur mon bureau, et quitte ma chambre. Je dévale les escaliers, mais en bas, j'ai la mauvaise surprise de trouver mon père.

Ces yeux sont rouges et gonflés. Non, il n'a pas fumé, il a pleuré. Je ne lui lance même pas un regard, et le contourne, mais celui-ci m'attrape par le bras, et me murmure à l'oreille.

- Je ne te frapperai pas ce matin, parce que tu as cours, mais ne t'inquiète pas, la journée passe vite...

J'avale bruyamment ma salive, prise de peur à ce qui m'attend et il me lâche, enfin. Je m'éloigne de lui et cours presque jusqu'à la porte. Je la ferme en la claquant et je reprends peu à peu ma respiration qui est devenue irrégulière.

Une fois que mon cœur affolé s'est calmé, je mets mes écouteurs et écoute en premier ma chanson préférée : "Adieu" de Sliman.

Cette chanson était la préférée de ma mère, décédée depuis les 7 dernières années; elle représente beaucoup pour moi.

J'arrive au lycée après dix minutes de marche et me pose sur un banc le temps que le lycée ouvre ses portes.

J'observe autour de moi. Des groupes sont éparpillés par-ci par-là sur le parking, certains rigolent tandis que d'autres discutent tranquillement en fumant des cigarettes.

Ceux qui fument, c'est le groupe des populaires. Ce n'est pas un groupe composé de bad boys ou, pardonnez moi pour mon langage, de pures putes habillées comme des strip-teaseuses et maquillées comme les clowns de films d'horreur. Non, ce n'est pas composé de ces gens-là, mais plutôt composé de personnes simples et admirées de tous. Bien sûr, il y a forcément des beaux gosses, mais ce ne sont pas des "bad boys" pour autant.

La cloche du lycée sonne et nous rentrons au sein de cet établissement de malheurs.

À peine ai-je mis un pied dans les couloirs, que je me fais bousculer. Des ricanements se font entendre derrière moi. Je me relève comme si de rien était et me dirige vers mon casier.

Je sens que cette journée promet d'être longue... 

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