chapitre 9

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Neuvième chapitre

Je m'approche doucement de l'endroit d'où provient ce chant hypnotisant. Je vois Ethan assis sur le dossier d'un banc et il chantait. Il avait l'air si... Ailleurs. Comme si, tout ce qui comptait, c'était sa chanson. Je souris, et m'approche encore très silencieusement. Une fois près de lui, je me mets à chanter. J'adore cette chanson. Elle m'emmène ailleurs. Dans un monde meilleur. Ethan ouvre les yeux et me regarde étonné, mais n'arrête pas de chanter pour autant. Il sourit et se concentre à nouveau sur les paroles. Je ferme les yeux et me laisse guider, emportée par la mélodie. À la fin de la chanson, j'ouvre les yeux et observe Ethan remettre sa guitare dans son étui. Il se redresse, et me dévisage. Gênée, je détourne le regard.

- Tu as un vrai talent, murmure le brun.

Le rouge me monte encore plus vite aux joues, et je bafouille.

- T-Toi aussi...

Il rit. Dès la première fois qu'il a rit, j'ai été émerveillée devant son rire franc, même si, à ce moment là, ce n'était pas vraiment le moment. Il arrête, et se lève.

- Tu as séché ? Me demande Ethan.

Je baisse la tête, repensant à Noah.

- Oh, je vois... Dit le brun. Chloé, tu dois en parler...

Ethan me relève le menton, et me supplie du regard.

- Non. Déclarais-je après avoir pris une grande inspiration.

Ethan soupire, et me tend la main.

- Ça te dit, une journée rien que tous les deux ? Me propose t-il.

Je pense, que, pour la première fois depuis longtemps, je n'avais pas eu d'étoiles dans les yeux. J'accepte immédiatement, et c'est parti pour une belle journée.

+++

Il est 17 heures passées, et je ne m'étais pas autant amusée depuis 7 ans. Je ne remercierai jamais assez le garçon qui m'a proposé. Toute la journée, nous avons ris, nous nous sommes promenés, etc... En ce moment même, Ethan et moi sommes dans la voiture en train de chanter à tue-tête. Il s'arrêta devant chez moi, et coupa le moteur avant de me regarder. Il me sourit.

- Bon, j'ai passé une super journée en ta compagnie, Chloé. Me dit-il.

- Moi aussi, Ethan.

Je lui fais un sourire, pour une fois depuis des années, il était vrai, et sincère. Je descends de la voiture, et le regarde partir, avant d'ouvrir la porte, toujours mon sourire scotché sur les lèvres. Mais la réalité rattrape toujours les rêves... Mon père m'attendais, les bras croisés, appuyé contre le meuble adjacent à la porte d'entrée, le regard vide, haineux, noir. Je referme doucement la porte, et il releva la tête vers moi.

- Le lycée à appeler. Déclare t-il simplement.

Je savais bien que ma journée allait mal se finir.

- Ah oui...? Fis-je semblant de m'étonner.

- Oui, et ils ont dit que tu n'a pas été en cours de la journée... Est-ce​ normal, Chloé ?

Je déglutis.

- N-Non.

- Hmm... Où étais-tu ? Me demande le croquemitaine. (C'est comme ça que je l'appelle).

- J-je...

Je me tue. Incapable de dire quoi que ce soit.

- Tu...?

Je ne répondis rien, et baisse la tête.

- Tu faisais ta pute, comme tu le fais si bien, voilà où tu étais, chez un gars ! S'exclama mon père.

Je suis choquée. Mon père m'a dit bien des horreurs, mais jamais, au grand jamais, il ne m'a traitée de pute. Non, jamais. Je suis encore plus écœurée de voir la personne qui se tient devant moi.

- Bah alors... Ton frère ne te suffit pas ? Rit il.

Ma bouche s'ouvre en grand. Je savais que mon frère disait qu'il aimait se "défouler" sur moi, à mon père. Mais je n'étais pas au courant que mon père savait EXACTEMENT ce que Ludovic me faisait. Le pire c'est qu'il ne fait absolument rien pour empêcher cela. Je reste immobile, incapable de bouger ou de parler. Une gifle. Un nouveau bleu. C'est ce à quoi je suis condamnée. Des bleus, des coups, des blessures, des insultes, des souffrances... Je soupire, et frotte ma joue. Pitoyable. Pensais-je. Sans savoir pourquoi, je me reçois un coup de poing à l'arcade. Si fort, si violent, qu'il me fait basculer sur le côté. Avant même que je puisse me redresser, mon géniteur me soulève par les cheveux, et me jette contre le dos du canapé. Ma douleur au dos s'intensifie, et je ne peux m'empêcher de hurler. Jaques s'approche dangereusement​ de moi, mais je ne fais rien. Car de une, j'ai l'habitude, de deux je n'ai plus peur (malgré ce que montre mes tremblements) et de trois, de toute façon, je ne peux plus bouger. Alors je laisse mon père faire de moi son punching-ball, jusqu'à ce que je perde connaissance.

+++

- Chloé.

Une voix d'homme m'appelle.

- Chloé, debout, c'est l'heure.

Je la reconnais, c'est Ludo. Il vient me chercher pour "jouer". J'ouvre doucement les yeux, et je vois le visage de mon frère tout près du mien. Mon estomac se noua, et je n'ai pas pu m'empêcher de me pencher à côté, pour vomir. Mon frère me regarde avec dégoût.

- T'as intérêt de nettoyer ça, après. Crache t-il.

Je fais une grimace, mais hoche la tête. Il m'aide à me lever, et nous marchons jusqu'à la chambre. Et comme toutes les nuits, Ludovic me viola.

+++

Une brise caressa légèrement mon visage, tandis que les vagues s'écrasaient​ sur les rochers. Je ferme les yeux, et inspire l'odeur de l'océan, avant de fermer les yeux. Je les ouvre, et regarde le ciel étoilé. Je revois le sourire de ma mère, lorsque je rentrais de l'école, et lui racontais ma journée. Je revois aussi ses yeux bruns dont j'ai hérités. Sa voix mélodieuse, quand elle me chantait des comptines avant de m'endormir. Son rire. J'adorais quand on se promenait sous la pluie en riant aux éclats. Je souris, et me lève. Je m'approche du bord, et envoie un baiser en direction du ciel, et me retourne. Une gigantesque vague se lève, et m'engloutis, pour finir à jamais, dans l'océan.

Je me réveille en sursaut, les cheveux trempés, les yeux écarquillés, la respiration haletante, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je balaye la pièce dans laquelle je me trouve, du regard, et me rend compte que je suis juste dans ma chambre, et que ce n'était juste qu'un cauchemar. J'allumai ma lampe qui se tenait sur ma table de chevet, et regarde mon réveil. Bon, de toute façon, il est l'heure de se lever. Je repousse les couvertures, et me redresse lentement avant de me mettre debout. J'ai encore très mal au dos et aux jambes. Je marche tranquillement jusqu'à mon placard et prends des habits simples avant de filer sous la douche. Une fois la douche prise, je m'habille, me coiffe et me chausse avant de descendre. En bas, se trouvait mon frère, dans la cuisine, avec un bol de céréales, et mon père, assis en face de Ludo, en train de s'envoyer une bouteille de bière. Parfait pour commencer la journée. (Notez l'ironie). Je lève les yeux aux ciel et me prépare un bol de céréales. Mais j'ai la mauvaise surprise de ne rien trouver dans le frigo, et de trouver, dans le placard, une boîte de céréales vide et un paquet de pâtes. Je soupire. Depuis que mon père a perdu son boulot, il n'est pas capable d'en trouver un autre. Alors du coup, il n'y a plus rien. Je ferme le placard, et décide de partir au lycée le ventre vide. Je prends mon sac, mes clés, et marche jusqu'au lycée. Je passe par une ruelle pour aller plus vite mais j'ai une mauvaise surprise en passant par là. Noah.

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