Chapitre 22

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Vingt-deuxieme chapitre

Un jour.

Cela fait à peine 24heures que j'ai découvert Adeline dans ma cuisine et je suis déjà morte de fatigue. Je passe mes nuits à me réveiller pour la changer, lui préparer son biberon ou pour simplement la bercer. Heureusement que je suis en vacances... La porte claque suivi d'un silence agréable, signe que mon père et Ludo sont partis je ne sais où. Je souffle et jette un œil méfiant vers Adeline endormie dans son panier et descends pour prendre les biberons préparés. Une sonnerie stridente retentie et je remarque que c'est le fixe. Je décroche, méfiante.

- Allô ? Je dis d'une petite voix.

- Allô ? Chloé ?

- Oui ?

- C'est moi, Sophia. Ça va ?

- Ah Sophia, ça va et toi ? Comment tu as eu le numéro de mon fixe ?

- Ça va, et bah... Tu me l'as passé en début d'année. Tu te souviens ?

- Ah oui effectivement, excuse moi...

- Il n'y a pas de problèmes... Tu es sûre que ça va ? Tu as l'air... Fatiguée.

- Euh... Ouais, je suis un peu fatiguée...

- Ton frère j'imagine...

- Ouais... Mentis-je.

Il y eu un silence au bout du fil.

- Je peux passer, ou...? Demande Sophia.

- Oui, oui, bien sûr, il n'y a personne à part moi...

- Ok, bon alors je vais passer et tu me raconteras tout de ta soirée avec Ethan. Ah et j'ai un petit quelque chose pour toi...

- Ah bon ?

- Oui. Bon j'arrive là je suis sur la route.

- Ok à tout de suite.

Elle raccroche et je regarde autour de moi; heureusement que j'ai rangé... Je remonte dans ma chambre pour aller voir comment va Adeline et je vois qu'elle dort à point fermé. Je jette un œil à l'horloge et vois qu'il est bientôt midi. Je décide alors de descendre dans la cuisine et de préparer à manger. Je fais de la purée avec du jambon. Quelques temps après avoir dresser la table, la sonnerie retentit. Je me précipite vers la porte d'entrée et l'ouvre avec prudence. Je tombe alors sur la tête brune de Sophia.

- Hey ! Me salua t-elle avec un signe de la main.

J'ouvre entièrement la porte et la prends dans mes bras. Je m'écarte et elle me sourit.

- J'ai préparé à manger, viens entre. 

- Merci, et tu as fait quoi de bon ? Demande Sophia. 

- Bah... J'ai fait simple. Purée, jambon. 

- Ça me va ! S'écria la brune. 

Je grince des dents de peur qu'elle réveille Adeline. Je n'ai pas tellement envie qu'elle découvre la petite, surtout dans ces circonstances. 

- Si tu veux bien, je vais poser mon sac dans ta chambre... Souffle t-elle en mettant son petit sac noir au bout de ses doigts. 

- Oh, non, pas la peine, pose le par terre, on va manger là... 

Je lui fais un beau faux sourire et elle plisse les yeux avant de répondre un petit d'accord et de poser son sac à l'entrée. 

Je pousse intérieurement un soupir de soulagement et l'emmène dans la cuisine. Là, c'est l'horreur. Je remarque que j'ai oublié de ranger les bibis dans le frigo après avoir mis la table. Je place vite Sophia sur une chaise qui était dos au plan de travail et me dépêche de ranger les biberons pendant que la brune me parlait. Une fois les cinq biberons rangés, je ferme vivement la porte du frigo blanc et mon regard s'arrête sur des photos. C'étaient les seules photos de mon frère et moi, accompagnés de maman quand nous étions petits, que papa a voulu garder. Je prends alors le temps de les détailler. Sur la première, nous pouvions voir mon frère, à sa naissance, dans les bras de mes parents émus. Ma mère était habillée d'une chemise d'hôpital blanche et était décoiffée. Quant à Jaques, il avait les cheveux ébouriffés et portait une chemise bleu clair. Ils avaient l'air tellement jeunes et... Heureux... Sur la seconde, c'était une photo de Ludo et moi qui étions dans la piscine. Ludo m'éclaboussait et je faisais de même. Je ne devais pas avoir plus de 2 ans à ce moment là. Nous étions tous les deux en train de rire. Et enfin, sur la troisième, c'était dans une pièce sombre où l'on voyait clairement la table ronde vêtue d'une nappe blanc cassé. Tout ce qui illuminait cette table ronde était les bougies allumées, posées sur le gâteau au chocolat. Devant ce gâteau appétissant, il y avait moi portant des couettes. Ma mère à ma droite me filmait, mon frère était à ma gauche, en train de rire avec mon père qui était juste à côté. Je regardais devant moi et nous pouvions clairement voir sur mon visage la joie... Les étoiles dans les yeux. Ces étoiles que l'on m'a brusquement enlevées. Une main se posa sur mon épaule et je sursauta avant de glisser mon regard sur la personne à qui appartenait cette main. Sophia me sourit d'un sourire triste et son sourire s'efface lorsque mes yeux croisent les siens. 

- Chloé, pourquoi tu pleures ? Me demande mon amie. 

J'essuie mes larmes à la va vite et lui souris. 

- Mauvais souvenirs... Je dis simplement. 

Elle regarde derrière moi et fronce les sourcils. 

- Ce sont ces photos ? 

Je hoche la tête. Elle allait parler quand des pleurs se font entendre. Je me sens pâlir et Sophia m'interroge du regard avant de quitter la cuisine. Je la suis à toute vitesse et elle s'arrête en bas des escaliers en tendant l'oreille. Le silence se fait entendre mais Sophia ne bouge pas d'un centimètre. Lorsque les pleurs d'Adeline reprirent de plus belle, je cours presque vers Sophia qui s'apprêtait à grimper les escaliers et je la retiens par le bras. 

- Non, attends ! M'exclamais-je. 

Elle me lança un regard assez insistant. 

- Me caches-tu quelque chose, Chloé ? Demande t-elle simplement. 

Les yeux plissés, Sophia me fixe. Je baisse la tête et laisse ma main glisser le long de son avant-bras. Elle ne perd pas une minute de plus et monte les escaliers. Je file réchauffer un des biberons et cours vers ma chambre. Lorsque je pousse la porte qui était entrouverte, je trouve Sophia qui était en train de bercer ma petite sœur.  Elle leva les yeux vers moi. 

- Chloé, qui est ce petit ange ?!

Je m'approche et lui fais un signe de la main pour me passer la petite. Une fois que je l'ai dans mes bras je lui donne le lait. Je lui raconte alors tout ce qu'il s'est passé il y a 24 heures. Du baiser donné par Ethan à la menace de mon père. Elle était surprise et outrée. Lorsque je lui raconte la menace de mon père, je n'ai pas pu empêcher les larmes ruisseler sur mes joues. Lorsque j'eus fini, Sophia me demanda de l'attendre là et c'est ce que je fis. Quand Adeline a fini son biberon, je remarque qu'elle s'est endormie. Je la dépose délicatement dans son panier et m'assois sur le lit, attendant que Sophia revienne. La porte s'ouvrit sur celle-là qui portait son sac à la main. Elle s'assoit à mes côtés et sortit un paquet emballé d'un papier cadeau gris argenté. Elle me le tendit et me fit signe de l'ouvrir. Je lui obéis et ouvre le paquet. J'ouvre grand les yeux lorsque je vois ce que renferme cette boîte. Un cellulaire... Je jette un regard d'incompréhension à Sophia qui, elle, me sourit de toutes ses dents. Je pose la boîte sur le lit entre nous et lui murmure :

- Non, je ne peux pas accepter un tel cadeau Sophia, ce genre de téléphone est cher !

Elle prend le carton du téléphone et me le met dans les mains avant de refermer les siennes sur les miennes.

- Chloé, peut-être qu'il m'a coûté cher, mais rien n'est plus cher que ta propre vie...

Je fronce les sourcils ne sachant pas où elle voulait en venir. Elle soupire et passe une main sur son visage.

- Chloé, reprit Sophia, depuis que je sais ce qu'il t'arrive chez toi, je n'arrête pas de me faire un sang d'encre. Alors, pour Noël, j'ai décidé de t'offrir ce téléphone car je serai rassurée en me disant que si tu as le moindre problème tu peux m'appeler... Moi ou les autres; j'ai mis tous les numéros de nos amis. Alors, oui, comme je te disais, il m'a peut-être coûté cher, mais c'est une raison de plus de le prendre car... Chloé tu es ma meilleure amie ! Ni moi, ni Ethan, et encore moins les autres ne suporteraient de te perdre... Tu peux comprendre ça ?!

Sophia me fixe de ses grands yeux gris avec cet air inquiet qu'ont les vrais amis sur le visage. Je hoche la tête et la prends dans mes bras.

- Merci Sophia... Lui chuchotai-je.

Sûrement surprise sur le moment, elle mit du temps à resserrer son étreinte.

- Ce n'est rien Chloé.

+++

Nous avons passé toute l'après-midi à discuter, à rire et à s'occuper de ma petite sœur. Vers 16h15, Sophia est partie et comme Adeline dort, je la prends, l'allonge sur le lit puis m'allonge à mon tour pour enfin m'endormir.

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