Chapitre 6

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Sixième chapitre

- Papa, lâche la ! Hurle mon frère.

Je me sens partir doucement, lentement, sûrement. Je glisse vers un monde meilleur. Mon frère écarte les mains répugnantes de mon père de mon cou, et je glisse le long du mur, en toussant fortement. Ludovic essaye de calmer mon père en lui parlant. J'entendais un "Tu ne peux pas la tuer tout de suite" puis un "On a besoin d'elle pour se défouler" et enfin un "J'en ai besoin pour m'amuser". Je suis écœurée. Écœurée de savoir que je fait partie de cette putain de famille. Écœurée de savoir que ma mère a vécue avec ce monstre qui me sert de père ! Enfin, si on peut appeler cela un "père"... Je me relève, et tousse encore. Ma gorge me brûle. Ma tête tourne. Mais je grimpe directement dans ma chambre.

* Éclipse de mon affreuse nuit*

J'ouvre doucement les yeux et me rends compte que je suis dans mon lit. Les rayons du soleil traversent mes rideaux pour pénétrer dans ma chambre. Je me redresse difficilement et prends quelques affaires dans mon placard avant d'aller dans la salle de bain. Je décide de prendre une douche. L'eau qui glisse le long de mon corps fragilisé me fait un bien fou. Après cette bonne grosse douche, je m'habille. Je m'arrête tout de même devant mon miroir. J'ai de monstrueuses cernes sous les yeux et j'ai des marques sur mon cou. Si je ne veux pas avoir de problèmes, je devrais cacher cela. Je soupire et pars me chercher de la crème et du fond de teint. Après quelques galères, j'arrive enfin à cacher cette horreur. Je descends et pars de la maison. Un poids énorme se retire de mes épaules chaque fois que je mets un pied en dehors de cette maison. Mais il revient vite une fois que j'arrive au lycée. Je tremble sans pouvoir m'arrêter. Je me demande chaque jour, chaque heure, chaque minute de ma putain d'existence pourquoi. Pourquoi c'est moi qui subit tout cela ? Pourquoi ? Pourquoi es-tu partie maman ? Pourquoi ce n'est pas moi qui suis partie à ta place ? Pourquoi ? Des larmes manquent de tomber du coin de mes yeux, mais je les ravale vite. Je relève le menton et entre dans l'enceinte du lycée d'un pas décidé. Des regards sont posés sur moi suivis de rires. Je n'y prête pas attention et fonce vers ma classe. Des rires plus forts et plus nombreux se font entendre. Je n'y fais pas non plus attention et me dirige vers ma place. Je décide quand même d'y jeter un œil. Mais j'aurais mieux fait de rester là où j'étais. Des photos de moi, couverte de tomates et de divers autres choses, recouvre le tableau blanc. Tout le monde se tourne vers moi et le silence règne. Chacun de mes camarades a un sourire moqueur sur le visage. Je ne veux pas. Je ne peux pas. Pas aujourd'hui. Je fais deux pas en arrière et m'enfuie en courant alors que les rires redoublent d'intensité. Je ne pleure pas. Je n'en ressens pas le besoin. Je veux juste partir loin. Très loin d'ici. Sans que je m'en rende compte, je tombe. Je relève la tête et tombe sur un Noah avec un sourire en coin. Cette fois ça en est trop. Des larmes ruisselant sur mes joues je regarde Noah, tremblante. Il m'attrape par ma chemise et me soulève. Mes pieds ne touchent plus le sol. J'ai peur. J'ai l'impression que c'est mon père qui me tient. Noah me plaque contre les casiers, ce qui lance une douleur aiguë dans mon dos. Je m'étale par terre, et ma vue est trouble à cause des larmes et d'autre chose. Noah allait me donner un coup ce qui, je pense, allait m'achever, quand il se fait tirer par l'arrière. Je tombe, relève doucement la tête et je vois que c'est le garçon qui me parle en ce moment, qui assène Noah de coups. Je me relève avec difficulté et me dirige vers les garçons, avant de poser une main sur l'épaule du garçon. Alors que j'allais pour prononcer un mot, je me retrouve propulsée en arrière. Et puis, soudainement, plus de son, plus d'image.

****

J'ouvre les yeux et je remarque qu'il y a du mouvement autour de moi. Des gens parlent. Les voix sont toutes près. Je sens un parfum agréable entrer dans mes narines. Je suis dans les bras de quelqu'un !

- Circulez jeunes gens, il n'y a rien à voir ! Crie l'infirmière.

Des pas s'éloignent.

- Viens, entre mon garçon. Continue l'infirmière.

La personne qui me tient fermement dans ses bras entre dans, ce que je crois être l'infirmerie.

- Vas-y, allonge la sur ce lit. Chuchote encore la vieille dame.

Je sens que l'on me pose sur quelque chose de mou. Un lit je présume. Malgré que ce soit un matelas confortable, la douleur me tire une grimace. Je n'ai pas encore la force d'ouvrir les yeux, alors je me contente d'écouter.

- Dis moi ce qu'il s'est passé Ethan, s'il te plaît. Demande l'infirmière.

Ethan? Qui est ce Ethan? Je tends l'oreille pour écouter la suite.

- Je ne sais pas, je l'ai vu se faire agressée...

Cette voix je la connaîtrais entre milles ! C'est la voix du garçon qui n'arrête pas sa curiosité sans limite. Alors c'est ça son nom ? Ethan ? Je trouve cela merveilleux. Mais qu'est-ce que je dis, moi ? Je crois que je me suis reçue un coup sur la tête. Je gigote un peu dans le lit et les deux seules autres personnes présentes dans la pièce se tournent vers moi. L'infirmière se lève d'un bond et s'approche du lit.

- Chloé! Tu es enfin réveillée! Tu as mal quelque part ? Me demande-t-elle.

Je hoche positivement ma tête et une grimace s'invite sur mon visage alors que j'essaye de me redresser.

- Tu as mal au dos ? Me demande encore l'infirmière.

- Oui. Répondis-je simplement.

- Bien, je pense que nous allons appeler les pompiers... Marmonne t-elle dans sa barbe.

Les pompiers ?! Non, non, non ! Ils vont découvrir mes nombreux bleus !

- Non ! Pas les pompiers ! Criais-je alors que la vieille dame attrapait le téléphone.

Tous se tournèrent vers moi incrédules.

- Comment ça ? Demande Ethan.

- Je... Je n'ai pas si mal que ça... Il me faudrait juste un peu de repos... Me justifiais-je.

L'infirmière posa le téléphone et soupira.

- Très bien, je vais prévenir les surveillants que tu rentres chez toi.

- Merci. Dis-je dans un souffle.

Je ne pense pas qu'elle m'est entendue.

Un peu plus tard, l'infirmière revient et me dit que mon père arrive avant de quitter la pièce. Je me retrouve donc seule avec Ethan.

- Euh... Merci. Pour... M'avoir... Aidée.

- Voyons ! Je n'allais pas te laisser seule et inconsciente. Me répond-il comme si c'était évident.

- Beaucoup l'auraient fait... Dis-je avec une pointe de tristesse.

Le silence régna dans la salle.

- Ça fait combien de temps que tu subis tout ça Chloé ? S'exclama tout à coup Ethan, ce qui brisa le silence

Je sursaute, surprise de cette soudaine prise de parole.

- Euh... J-je... Bredouillais-je.

Ethan allait pour dire quelque chose mais quelqu'un entra dans la pièce dans un fracas. Je déglutis en voyant la personne qui se tient devant nous, mon père.

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