Chapitre 15

1.1K 81 10
                                    

Quinzième chapitre

Flashback #2

Premier Noël sans maman. Cela ne fait même pas un an qu'elle est morte, et la douleur se fait encore bien ressentir. Hier, je me suis pris pour la première fois de ma vie un coup de poing. D'habitude c'est les gifles, mais là, je ne sais pour quelle raison, c'est un coup de poing qu'il m'a donné. J'ai eu mal, très mal, mais je ne laisse rien paraître. Je suis assise sur le canapé, observant le sapin qui est sans vie, triste et vide de l'intérieur. Comme moi... J'ai essayé de le décorer mais papa a jeté toutes les décorations. Alors j'ai fait avec ce que j'ai trouvé. C'est à dire des bouteilles vides, des cravates laissées par terre par papa et du papier d'aluminium. J'ai peins les bouteilles en cachette d'une couleur vive et joyeuse faisant penser à Noël. J'ai fait des boules avec l'aluminium et je me suis servie des cravates comme guirlandes. Mais le sapin n'aura pas d'étoiles cette année, non, car l'étoile est morte. Malgré le fait que je trouve que j'ai fait du bon travail malgré moi, je n'ai cette même sensation quand Noël approche. Vous savez ? Cette excitation​ et ce bonheur qui vous collent à la peau lorsque vous pensez à ce jour qui doit être magique ? Et bien cette année je ne ressens rien de cela. Je ressens juste du vide et du regret. J'ai l'impression que l'on a retiré une partie de moi...

C'est le silence dans la maison. Normal, je suis seule. Normalement, une famille qui a perdu un être cher ne doit pas se soutenir ? Passer au moins un bon moment ensemble ? Pourtant j'ai tout fait, tout, pour passer un bon petit moment ! J'ai préparé un bon repas composé de poulet au caramel avec des pommes de terres; en apéritif j'ai pris du fois gras avec du pain d'épice accompagnés de leur fidèle ami : le miel. Et pour finir en beauté, les fameux treize délicieux desserts. Tout était sur la table que j'ai agrandie avec une deuxième et que j'ai soigneusement recouvertes d'une belle nappe en papier doré que j'ai dû piquer dans le grenier. Dessus, sont installés des assiettes en cartons argentés, avec de beaux couverts en plastiques de la couleur de la nappe; et pour couronner le tout, j'y ai posé des verres en cristal. Dans chaque assiette, il y a une serviette rouge parfaitement pliée. Comme décoration, je n'avais pas grand chose sous la main alors j'ai pris du coton, une bombe de peinture argentée et je les ai collés en suite sur la table. J'ai, ensuite, pris des pommes de pins que j'ai ramassées dehors et je les ai peintes en rouge avant de les disposer par-ci par-là sur la table. J'en ai aussi mis dans le salon pour le décorer. À l'aide de bombe à fausse neige, j'ai recouvert toute la rembarre des escaliers.

Cela devait faire au moins une heure que j'attendais, assise à ma place attitrée, le retour de mon père et de mon frère. Après deux longues heures d'attente, la porte d'entrée claqua et des rires bruyants et pâteux se font entendre. Mon père débarque dans la cuisine accompagné de Ludovic, une bière chacun à la main. C'est ridicule. Il n'a que 15 ans...! En voyant la table décorée et le plat fumant sur la table, mon père s'approcha de celle-ci et d'un seul coup, la balaya d'un coup de manche; renversant les assiettes, les couverts et en brisant les verres en cristaux. Je me lève d'un bond et hurle à mon père.

- Mais t'es malade ?!

Mon père me lança un regard meurtrier et dit à mon frère.

- Balance tout, même la bouffe, je ne veux plus "d'esprits de Noël" ici, c'est clair ?!

Mon frère hocha la tête et mon père s'avança dangereusement vers moi. Je me recule et touche le mur derrière moi. Jaques serre les poings et me donna le premier coup. Je m'étale par terre et je n'ai même pas le temps de me relever que mon père me roua de coups. Que se soit avec les pieds ou les poings. C'est le premier Noël que j'ai passé sans toi maman.

- Joyeux Noël. Lâcha mon père avant de m'assomer avec un ultime coup.

Flashback #3

Je marchais tranquillement dans ma rue pour aller au collège. J'étais habillée assez chaudement alors qu'il commençait à faire le genre de temps qui pouvait nous pousser à venir en maillot. Mais je n'ai pas le choix... Je commence déjà à me maquiller. Pas pour devenir comme tous ces moutons ridicules qui ne sont capable de penser par eux-même. Ah ça, non ! Je me maquille juste parce que mon salaud de père est tellement bourré qu'il n'est même pas capable d'éviter le visage. Bref, j'arrive enfin au collège et Noah m'attendait patiemment devant le portail avec ses misérables potes. Dès qu'il me vit, il fit un sourire en coin et s'approcha de moi. Je souris et il se pencha pour me faire la bise.

- Ça va, Chloé ? Me demande t-il.

- Ça va et toi Noah?

Il rit et me prit par les épaules.

- Oui très bien, puisque tu es là.

Je souris; Noah est le seul pour qui je le fais. Mon seul ami. Ses amis ne m'apprécient pas beaucoup et c'est réciproque. À chaque fois que l'un d'eux me disent ou me font du mal, Noah intervient directement. Nous rentrons en cours. À la pause cantine je mange avec Noah, comme toujours. Après un bon repas et de beaux fous-rires, Noah et moi sortons dans la cour. Nous nous promenons dans celle-ci.

- Chloé ? Dit Noah dans un souffle.

- Oui, Noah ?

- J'ai... J'ai un truc à te dire...

- Je t'écoute.

Il hésita un moment avant de s'approcher de moi et de m'embrasser. Surprise, je le repousse immédiatement. Il s'écarta et me fixa confus.

- Chloé, écoutes, ça fait un moment qu'on est amis et je suis en train de tomber amoureux de toi. Alors, s'il te plait, Chloé, deviens ma petite amie...

Je suis ébahie.

- Je... Je suis désolée Noah, mais ça sera un non. Je t'aime oui, mais en ami. Pas plus, pas moins.

Noah, vexé, s'en va. Les jours qui ont suivis, il m'ignorait totalement. Et puis un jour, un garçon qui me plaisait bien est arrivé et je le lui ai avoué quelques jours plus tard mais il m'a regardée de haut avec un air écoeuré sur le visage. C'est vite devenu un ami à Noah et très vite la première bousculade suivie de la première insulte sont arrivées.

Flashback #4

Aujourd'hui, je fête mes 15 ans. J'ai vraiment envie de les fêter. Alors, motivée, j'ai fait des cartons d'invitation et j'ai organisé une petite fête chez moi puisque mon père est en voyage d'affaire et mon frère chez un pote à lui. J'ai tout bien préparé. Gâteaux, bonbons, boissons étaient disposés sur un buffet au coin de la pièce. J'ai acheté avec le peu d'argent que j'avais, des guirlandes en papier et des CDs des dernières musiques qui sont d'actualité. J'ai envoyé les invitations sur Facebook et c'est avec une immense joie que tout le monde me répond : "OK, ça va." "J'y serai !" " Avec plaisir ". Je me prépare alors pour la fête en mettant une robe blanche simple, mais très jolie. Je lance la musique, me sers une boisson et m'assois, excitée et impatiente que les invités arrivent. Alors j'attends. Encore. Et encore. Au bout d'environ deux heures entières d'attente, la sonnette retentit. J'accours vers la porte et l'ouvre. Je tombe sur Noah, Lilas et d'autres amis à lui qui me fixent avec un sourire en coin. Ils lancent des boules puantes dans la maison et jettent des ordures avec des sauces comme du ketchup sur moi. Ils me poussent et saccagent la maison. Ils déchirent les guirlandes, renversent une bouteille de Coca bien secouée sur moi, puis ressortent. Avant de partir, Noah me regarde tristement.

- Je suis désolé Chloé, ils m'ont forcé...

- C'est pas grave Noah, tu es pardonné. Souris-je.

- Merci. Ah, et j'ai quelque chose pour toi. Fit-il avant de me tendre une boîte de boulangerie.

Il ouvre et je vois un beau gâteau avec écrit dessus: " Joyeux anniversaire à ma Chloé". Les larmes me montent aux yeux et je le remercie milles fois.

- Tu peux le prendre, tu sais ?

Je hoche positivement la tête et, je n'ai même pas le temps de poser mes mains sur la boîte, que le gâteau s'écrasa sur mon visage. Noah éclate de rire et pleins de gens, ou devrais-je dire : tous les 3ème, sortent de leur cachette, leur téléphone en mains et ils rient. Ils rient aux éclats. Je me recule et claque la porte de chez moi. J'entends toujours les rires. Je glisse le long de ma porte, et, les genoux ramenés à la poitrine, je pleure.

- Joyeux anniversaire Chloé... Me murmurais-je à moi même.

C'est depuis ce jour, que je me suis promise de ne plus JAMAIS faire confiance à quelqu'un...

Seule Où les histoires vivent. Découvrez maintenant