Chapitre 7

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Septième chapitre

Mon père me lance un regard aussi noir que noir et s'approche de moi. Il tourne tout d'un coup la tête vers Ethan qui l'observe curieusement et le visage de mon père pâlit. Il reprend vite ses esprits et fait le sourire le plus faux que j'ai jamais vu.

- Bonjour, jeune homme. Dit-il.

- Bonjour monsieur. Répondit Ethan en se levant et tendant une main à mon père.

Mon père baisse le regard vers la main d'Ethan et fronce légèrement les sourcils.

- Qui es-tu? Demande mon géniteur.

Ethan baisse sa main et me lance vite fait un regard.

- Je m'appelle Ethan et...

- Je me fous de comment tu t'appelles, je veux juste savoir pourquoi tu te trouves dans la même pièce que ma fille.

Ethan parut surpris et moi je suis horriblement gênée et effrayée.

- Votre fille était inconsciente quand je l'ai trouvée, alors je l'ai amené ici.

- Merci, mais tu peux t'en aller à présent. Rétorqua froidement mon père.

Le jeune garçon me lança un dernier regard désolé et quitta la pièce. "Non ! Ne me laisse pas seule avec ce monstre" j'ai envie de crier. Mais je ne fis rien. Une fois la porte fermée et le son de pas s'éloigner, mon père se retourne violemment et me tue du regard. Je déglutis difficilement et mes mains se mettent à trembler.

- Viens, on rentre à la maison. Me dit-il tellement gentiment que je ne le reconnaissait pas.

Il me tend une main et me sourit chaleureusement. Douteuse, je mets un moment à prendre sa main. Mais je la prends quand même. Je me relève doucement à cause de la douleur que me lance mon dos et suis mon père dans les couloirs du lycée. Arrivés à la voiture, mon père m'aide à monter dans le véhicule et une fois derrière le volant, met le contact. Enfin arrivés, mon père se gare et coupe le moteur. Il pose ses mains sur ses cuisses et les frottent avant de me lancer un regard... Chaleureux ? Non, je ne peux pas y croire. C'est impossible, je suis sûrement en train de rêver. Je l'observe un moment, un peu abasourdie je l'avoue. Il sourit d'un sourire crispé et sort enfin de la voiture. Je le suis jusqu'à l'intérieur de la grande maison où est morte mon étoile. Celle qui m'a créée et portée. Mon frère est assis sur le canapé en train d'ingurgiter de la pure cocaïne en poudre. Je lève les yeux aux ciel et grimpe une marche des escaliers avant que mon père ne m'interpelle.

- Tu dois avoir faim, tu veux manger Chloé ? Me demande-t-il.

Le fait qu'il m'appelle par mon prénom me donne des frissons. Après tout, c'est lui qui voulait m'appeler comme ça. Ma mère, elle, ne voulait pas, mais elle n'avait apparemment pas le choix. Je ne suis décidément pas habituée à sa soudaine gentillesse. Et cela me perturbe. Je descends de la petite marche et le suis dans la cuisine. Il tire une chaise en bout de table et me fait signe de m'asseoir. J'obéis sans broncher, et il se tourne dos à moi pour atteindre le frigo. J'observe chacun de ses mouvements. Ils ne sont point précis et je remarque que tous ses membres sont tremblants. Pas de peur, mais de colère... C'est là que je m'en rends compte, il fait ça pour obtenir quelque chose de moi... Mais quoi ? Il prend le jus de pomme, et le renverse dans un verre. Mon père me jeta un œil méfiant, et se plaça de manière à ce que je ne vois pas ce qu'il fait ou plutôt... Ce qu'il met dans mon verre. Quelque secondes après, il se tourna vers moi, tout sourire et posa le verre de jus sur la table. Je reste immobile et contemple le verre, ce qui a tendance à agacer mon géniteur.

- Bois, Chloé, ça te fera du bien. Me dit celui-ci.

J'en doute. Je dirige mon regard vers lui avant de le reposer sur le verre posé sur la table en bois. Je ne bouge toujours pas, ne serait-ce que le petit doigt.

- Aller, bois. M'ordonne, cette fois-ci, le monstre.

Je ne bouge, encore, pas d'un poil. Jaques (mon père), claqua violemment sa main contre la table ce qui me fit sursauter. Je ne fais toujours rien. Il me donna une gifle si forte que je sens que je vais encore avoir un bleu à cacher.

- Bois. Siffla mon père.

Cette fois-ci, j'attrape le verre et l'apporte à mon nez. Il n'a pas une odeur de jus de pomme. Jaques m'observe méchamment, alors j'obéis et bois une gorgée. Le goût était tellement fort et amer qu'il me tira une grimace. Mon père sourit, satisfait. Je bois le jus, cul sec, et d'un seul coup, ma tête tourne et mes paupières sont lourdes. J'essaie de lutter mais... Mes yeux se ferment sans que je puisse les en empêcher.

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Flashback

- Non, maman, je t'en prie, ne pars pas...

Je pleure comme je n'ai jamais pleuré auparavant. J'ai 10 ans, et ma mère est dans mes bras, blanche, et froide. Je ne comprends pas. Je ne réalise pas. Je suis encore trop jeune... Alors j'ai une question. Pourquoi ont-ils retiré la maman à une petite fille ? La porte d'entrée claque et je me fous de qui ça peut être. Je serre fort ma maman dans mes bras, et verse encore de chaudes larmes. Elle ne peut pas me laisser. Pas après tout ce qu'elle m'a promis.

- Lia ?

Mon père. Je lève les yeux et tombe sur ceux de mon père et de mon frère, sous le choc. Je baisse la tête. J'ai honte. Mon père me force doucement à me séparer de ma mère et la prend à son tour dans ses bras tremblants. Je pleure encore. Après tout, aucunes larmes ne montrera assez comment j'aimais et j'aime ma maman. Mon frère s'approche de moi et me prend dans ses bras. La pièce sombre est plongée dans le silence. Des reniflements se font entendre. Mon père pleure. Je ne l'ai jamais vu pleurer de toute ma vie. Il tient fermement ma mère dans ses bras, et d'un seul coup, relève la tête vers moi.

- C'est de ta faute. Lance t-il.

- Q-quoi? Bredouillais-je encore secouer par des sanglots.

- C'est de ta faute si ta mère est morte... Reprends t-il en s'essuyant les yeux du revers de sa manche.

Je me lève d'un bond et recule de quelques pas.

- Comment ose-tu...? Dis-je avant de partir en courant dans ma chambre.

Si j'avais su qu'à partir de ce jour rien ne serait comme avant, je n'aurais jamais fait ce que j'ai fait il y a de cela une heure. Non, jamais...

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