Chapitre 36

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Trente sixième chapitre

J'ouvre les yeux, surprise de ne rien ressentir.

Je vois alors mon père, les sourcils froncés, regardant un point fixe derrière moi qu'il visait avec son revolver.

Je regarde derrière moi, voyant l'arme encore fumante et remarque qu'il a bel et bien tiré mais sur le mur, derrière ma tête.

Sans me rendre compte que je l'avais retenue pendant tout ce temps, je reprends mon souffle.

Je me retourne vers mon géniteur et le questionne du regard.

Il soupire et jette son arme par terre.

- Je ne te tuerai pas. Commence t-il. Ce serait trop facile... Alors je vais te laisser pour cette fois. Et crois pas que ce soit par charité ou même ne serait-ce que par pitié. Car en vérité, je n'attends qu'une chose, c'est que la chose que tu attends, dès qu'elle est née, je la tue sous tes yeux comme l'autre petite merde qui te servait de sœur. Me suis-je bien fait comprendre ?

Je le fixe, impassible, avant de lentement hocher la tête.

Évidemment, les hurlements de souffrance de mon petit ange me reviennent en écho dans ma tête et mon cœur se serre instantanément à l'idée de voir mon enfant à la place du petit ange.

- Maintenant, barre-toi.

Je hoche une nouvelle fois la tête et me lève précipitamment, avant de m'avancer vers les escaliers pour arriver vers ma chambre et de m'enfermer à l'intérieur.

+++

Une semaine. Une semaine dans l'ignorance totale d'Ethan. C'est une véritable torture. Une semaine de plus avec les coups de mon père. C'est une véritable souffrance. Une semaine de plus avec les regards remplis de pitié venus tout droit de mes amis.

Je suis devenue un zombie. Je ne mange plus. Je ne dors plus. Je ne ris plus et je ne parle plus. J'évite mes amis et leur pitié et j'évite encore plus Ethan. Ce n'est pas très difficile, puisque je vois qu'il m'a vite oubliée. Monsieur a fourré plusieurs fois sa langue dans la gorge d'une belle rousse bien foutue, forcément.

Il me dégoute.

Ils me dégoutent tous.

Je hais le monde.

Le monde entier.

Mon père a tenu sa promesse, il ne me donne plus de coups sur le ventre et mon frère ne me viole plus. Je suis enfin tranquille à ce niveau-là.

Bref, aujourd'hui nouvelle journée de merde. Je me lève mollement, sans l'envie d'aller en cours, sans l'envie de vivre tout simplement. Je m'habille vite fait et pars de la maison de l'enfer sans manger.

Je prends le bus, m'assois et pose ma tête sur la vitre froide et sale, laissant les larmes couler.

Lorsque le bus s'arrête à l'arrêt du lycée je soupire, me préparant moralement au pire.

Je descends, prenant soin d'être la dernière et m'avance vers un banc en attendant la sonnerie de début de cours.

Lorsque celle-ci sonne, je me lève et m'avance vers le portail, mais avant même que je ne pose un pied dans l'enceinte du lycée, une main s'enroule autour de mon poignet. Je me retourne vivement pour cracher à la figure de cette personne que ce n'est pas le moment de me chercher, quand je croise le regard inquiet de James.

- Chloé... Commence t-il.

Je lève la main pour lui faire signe de se taire.

- Non, épargne-moi ton discours James.

- Mais Chloé, on s'inquiète pour toi nous !

Je baisse la tête et serre les poings, sentant les larmes revenir.

- Je m'en fous. Je murmure.

J'allai pour partir mais James me tire vers lui et me prend dans ses bras.

- On est là pour toi Chloé.

Cette fois c'en est trop. Je craque et resserre mon étreinte autour de lui avant d'éclater en sanglots.

James, gentil comme il est, me caresse les cheveux en me murmurant des "ça va aller" "tout va bien" "on est là".

Je sens des bras me tirer doucement et quand je me retourne, je vois Sophia me tendre les bras. Je me blottis alors contre elle et ensuite contre Derek, et etc...

Je rentre alors en cours sous les encouragements de mes amis.

+++

La matinée s'est très vite passée, et je n'ai croisé Ethan que deux fois pour l'instant.

J'allai pour partir à la cafétéria pour rejoindre mes amis, quand j'entends des pleurs venants d'une classe où la porte a été laissée entre-ouverte.

Je m'arrête et regarde non discrètement par l'entrebâillement de la porte.

Je vois alors une fille, assise à un bureau, sa tête posée sur ses bras et ses cheveux retomber sur son visage. Ses épaules se secouaient à cause des sanglots.

Je m'approche d'elle et tends la main.

- Est-ce que...

Je n'eus pas le temps de finir la phrase que j'entendis un grincement suivi de près par un claquement de porte.

Je me tourne vivement et vois Noah devant une énorme foule d'élèves.

Je commence à paniquer.

Oh mon dieu. Que vont-ils me faire cette fois-ci ?!

En moins de temps qu'il ne faut pour entendre la moindre pensée, je suis encerclée par une poignée de lycéens. Et évidemment, ils ont tous un sourire sadique sur la figure.

Noah s'approche le premier et me donna une violente gifle.

Sans attendre je la lui rends.

Étonnamment, Noah sourit et ne paraît pas un brin énervé.

- Je savais que tu allais faire ça... Finit-il par dire.

Je hausse un sourcil et sans que je m'y attende, je me fait tirer par les cheveux par l'arrière.

Je me retourne de manière à voir la personne, mais je me fais bousculer.

Les rires de chacun retentissent dans la pièce.

Je me relève vite mais un coup parvient à faire son chemin jusqu'à mon visage.

J'atterris au sol, abasourdie.

Les coups reviennent encore et encore, et les horribles douleurs que mon père a fait il y a de cela une semaine, refont surface.

Une foule d'élèves s'était réunie dans ou devant la salle pour rire du spectacle.

Soudain, les coups s'arrêtèrent et le silence fait irruption dans la salle de classe.

Ne comprenant pas ce qu'il se passait, je me retourne mais j'ai la mauvaise surprise de tomber sur Ethan, le regard noir. Enfin, encore plus que d'habitude.

Il s'approcha de moi et sans que j'ai le temps de réagir, il me donna un coup au-dessus du ventre. Si fort que j'en ai le souffle coupé.

Surprise, vexée, blessée, je pars en courant, étonnée de voir que tout le monde me laisse passer, en riant bien sûr.

Ma vue se brouille c'est pour cela que je ne vois pas la voiture foncer sur moi.

Et je sombre dans l'inconscience.

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