Chapitre 8 - Laïa

261 23 16
                                    

Le soleil commence à se lever et les premiers rayons pénètrent dans la pièce. Je passe par la salle de bain pour me doucher et me préparer avant de déjeuner avec ma mère.

— Par quelle matière commences-tu ?
— Physique-chimie.
— Qu'étudiez-vous ?
— On doit observer une transformation chimique de je ne sais plus trop quoi.
— Ça doit être intéressant.
— Bof. Je n'y comprends rien et on ne peut pas dire que mon partenaire me soit très utile.
— Ton partenaire ?
— Oui.
— Donc c'est un garçon ?
— À ce qu'il paraît, oui.
— Il est beau ?
— Maman !
— Bah quoi ? J'ai le droit de savoir avec qui ma fille fait équipe, non ? répond-elle avec un clin d'œil. Je ne savais pas que tu avais choisi de te mettre avec un garçon.
— En réalité, ce n'est pas moi qui ai décidé, c'est mon professeur.
— Comment s'appelle-t-il et à quoi ressemble-t- il ?
— Il s'appelle Naïl Cartez. Il est très grand et très beau... J'aime beaucoup ses yeux, un mélange de marron clair et de vert. Sinon il est brun et a tout ce qui ressemble à un garçon.
— Ma fille serait-elle sous le charme de ce Naïl ?
— Maman, non ! En plus il a une copine.
— Tu sais, ma puce, l'amour ne se contrôle pas.
— Oui je sais mais je ne l'aime pas. Ce garçon est juste... je me tais, faute de ne pas trouver de mot. Insupportable. Oui c'est ça. Il est insupportable !
— On en reparlera dans quelques semaines.
— Dans quelques semaines, ce sera pareil.
— On verra bien.
— Si tu veux bien m'excuser, dis-je en sortant de table, je vais me brosser les dents.

Je souris en repensant à la conversation que je viens d'avoir avec ma mère.

— Moi, sous le charme de Naïl ? Non, c'est du grand n'importe quoi !

Peut-être qu'au début, je l'avoue, Naïl m'attirait mais plus maintenant. Je n'aime pas les réflexions qu'il me fait, elles sont désobligeantes.
Je récupère mon sac de cours et je rejoins Tatiana qui m'attend devant chez moi.

— Prête pour aller en physique-chimie ?
— Pas vraiment.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'es pas contente d'être avec Naïl ?
— J'aurais préféré un autre binôme.
— Pourquoi ? Tu ne l'aimes pas ?
— Ce n'est pas ça... C'est juste qu'il ne fait rien pour m'aider.
— Qui sait, il pourrait peut-être te surprendre ?
— J'en doute fort, soufflé-je en arrivant dans la salle de cours. C'est parti pour le cours de l'enfer !

Cela fait un bon quart d'heures que le cours a commencé et mon coéquipier n'est toujours pas arrivé. Je me demande bien ce qu'il peut faire de si important pour sécher. Grâce à lui, je suis enfouie dans la merde.

— Merci, Naïl, pour ton aide si précieuse ! me dis-je à moi-même.

C'est bon j'abandonne ! C'est clair et net, je suis définitivement nulle en physique-chimie. J'arrête. À quoi bon me fatiguer inutilement ?
Je m'affale sur la table, la tête posée entre mes paumes tandis que je me plonge dans mes pensées.
Soudain, une personne entre dans la classe mais je n'y prête pas attention. Je suis trop occupée à m'ennuyer.

— Tu n'as rien fait ? me demande une voix.

Ce n'est que maintenant qu'il pointe le bout de son nez ?

— Non.
— Pourquoi ?
— Parce que je n'y arrive pas et qu'il se trouve que mon binôme m'a laissée tomber !

Il soupire d'une manière de dire « très bien » et me fixe un instant. C'est déstabilisant. Je me sens rougir, je détourne mon visage.

— Ce travail est noté ?
— Oui.

Il se lève et part chercher tout le matériel que j'ai rangé et commence à suivre les consignes. Mes yeux sortent presque de leur orbite.

— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je joue aux Barbies, ça ne se voit pas ?
— Non sérieux, qu'est-ce que tu fais ?
— Bah je travaille.

Je le regarde, stupéfaite. Je me redresse pour observer ce qu'il fait avec attention : il verse l'eau de chaux dans un tube à essai et une solution d'hydrogénocarbonate de sodium mélangé à une solution d'acide chlorhydrique dans l'autre. Quelques temps après, une transformation chimique apparaît.

[1] Naïve et impuissanteWhere stories live. Discover now