[1] Naïve et impuissante

Chapitre 27 - Laïa

Ça fait un bon moment que je n'ai pas vu Ayden. Je me demande comment il va et s'il est au courant de la rumeur que Tatiana fait tourner.
J'arrive au lycée. En ce moment, j'arrive toujours en avance et ce n'est pas plus mal. L'inconvénient c'est que je n'ai rien à faire. Je sens une présence derrière moi et entend un bouh ! Je me retourne en sursautant face à Ayden qui est plié en deux.

— La tête que tu as fait, je suis mort !

Je roule des yeux. C'est vrai que prendre les gens par surprise c'est hilarant mais bon son rire est contagieux alors je me mets à rire avec lui.

— Tu es au courant de la rumeur ?
— Ouais. Je suis désolé que tu te retrouves dedans.
— Ce n'est pas de ta faute. Je me demande comment Tatiana a pu savoir tout ça. On jouait la comédie ce jour-là et elle n'était même pas là !
— Je pense que ma « mère » n'y est pas pour rien.
— Sans doute mais je ne comprends pas pourquoi elle l'a répété.
— Plus rien ne va entre nous, elle cherche à se venger.
— Mais ce n'est pas son genre pourtant.
— Détrompe-toi. Tatiana a toujours été comme Olivia mais en moins pire, bien sûr.

Je reste perplexe face à ce qu'il vient de dire. C'est vrai qu'en y repensant, elle peut devenir très agressive quand elle sent qu'une personne est en travers de son chemin or je ne le suis pas.

— En parlant du loup... la voilà qui arrive.

Je me tourne dans la même direction que lui et je vois Tatiana se diriger vers nous d'un pas rapide et déterminé. Elle a l'air énervée. Ça ne présage rien de bon.

— Qu'est-ce que tu fais avec elle ?
— Je discute ça ne se voit pas ?
— Et toi l'annonce au micro ne t'a pas suffit ? Faut-il que je fasse pire ?
— C'est bon calme-toi Tatiana. Pourquoi te sens-tu menacée ?
— Moi ? Me sentir menacée par cette moins-que-rien ? Tu rigoles j'espère !

Je baisse la tête. Je me sens faible de ne pas pouvoir lui tenir tête... Ayden fronce les sourcils et lui jette un regard noir qui n'a pas l'air de l'effrayer plus que ça.

— Ce n'est pas une moins-que-rien et si tu es jalouse, regarde comment tu agis.
— On va parler nous deux. Toi dégage ! me dit-elle.
— Elle va nulle part ! s'emporte-t-il. Je n'ai pas envie de parler avec toi.
— T'es sérieux ? Tu préfères cette chose à moi ?
— Cette « chose » comme tu dis, c'est mon amie et en attendant elle a été plus présente que tu ne l'as jamais été en plusieurs années !

Je sens qu'à l'intérieur d'elle, elle bouillonne de rage. Elle pousse un petit cri en s'en allant rapidement. Je l'entends marmonner des mots incompréhensible dans sa barbe.

— Je me vengerai, vous allez voir !

Avec Ayden on se regarde et on hausse les épaules. Je ne reconnais plus Tatiana. Elle n'est plus la fille que j'ai connu en début d'année, calme et joyeuse.

— Je ne la reconnais pas, Ayden. L'ancienne Tatiana ne t'aurait jamais menacé.
— C'est ce que tu crois.

Elle peut faire tout ce qu'elle veut pour se venger de nous, elle ne pourra jamais faire pire que dans le passé.

— Je vais aller rejoindre Layana.
— Ok. Fais attention, Laïa.
— Ne t'en fais pas, elle ne me fera rien.

Je souris légèrement pour le rassurer puis je pars à la recherche de mon amie. Je me souhaite bonne chance pour la retrouver dans ce lycée, il est tellement grand.

•••

Je suis en chemin pour la salle de sport. J'ai une heure de cours avec James, le cousin de Naïl et après je dois y retrouver Toby. Je suis de bonne humeur rien qu'à l'idée de le voir. Il sait me changer les idées moins que Naïl, certes, mais il y arrive.
Je regarde devant moi et je vois Stacy sortir de la salle. J'avais oublié qu'elle était là... J'attends qu'elle ait traversé la route pour entrer. Je me demande ce qu'elle fait là, elle n'est pas du genre à faire du sport en salle, elle est plutôt de ces personnes qui sont face à leurs télévisions pour faire des séries d'abdominaux avec un bol de céréal spécial k juste à côté. Je me dirige directement vers le vestiaire pour me changer. J'attache mes cheveux en queue de cheval haute puis je vais dans la salle de boxe. Je commence à m'échauffer en attendant le coach. Je frappe dans les sacs mais je n'y mets presque aucune force.

— Je t'ai connue plus enragée que ça.

Toby vient d'entrer dans la pièce. Je le regarde en fronçant les sourcils. Il est dégoulinant de sueur. Il est là depuis un bon moment, ça se voit.

— Tu ne devais pas venir plus tard ? le questionné-je.
— Si mais je suis venu plus tôt finalement.
— Ça fait combien de temps que tu es ici ?
— Depuis que j'ai terminé les cours et toi ?
— Ça ne fait même pas vingt minutes.

Je retire les gants et les pose sur le banc. Je m'approche de lui mais pas trop parce que oui je l'aime bien mais il dégage une forte odeur de transpitation.

— Tu as changé de coiffure ?
— Oui je les ai coupés.
— Défais ta queue de cheval pour que je vois.

J'attrape mon élastique et je le laisse glisser le long de mes cheveux. Je secoue légèrement la tête pour qu'ils se mettent correctement.

— Ça te va très bien !
— Merci. Au début, je n'étais pas trop sûre mais Naïl m'a encouragée.
— Qui est Naïl ?
— C'est un... un ami.
— Juste un ami ?
— Oui pourquoi ?
— Je ne te partage pas.

Mon cœur fait un bon dans ma poitrine. Il vient de dire qu'il ne me partageait pas ? Ça voudrait dire qu'il tient à moi ?

— Salut Laïa ! Tu es prête pour ton cours ?
— Oui, coach, plus que prête.

Je me rattache les cheveux et je remets mes gants.

— Je vais me poser sur le banc, je vais te regarder.

James installe le matériel et je vais l'aider.

— Tu le connais ?
— Oui...
— Aide-moi à soulever ça.
— Pourquoi ?
— C'est qui pour toi ? On va le poser là-bas.
— C'est mon ami enfin si seulement...
— Il te plaît ?
— Oui mais pourquoi ces questions ?
— Comme ça.

Ok... Il m'explique ce que nous allons faire puis on commence les exercices. J'essaie de donner le meilleur de moi-même devant Toby. J'ai envie de lui montrer de quoi je suis capable.

— Tu t'es bien améliorée depuis le début.
— C'est vrai ?
— Ouais ! Tu es plus forte que tu ne le penses !
— Ah bah... merci !

Après une heure d'exercices intenses, le cours est enfin terminé. Je bois un bon coup avant de m'asseoir près de mon ami.

— Pas mal, pas mal.
— Merci, merci.

Il allait me dire quelque chose quand mon téléphone sonne. Je décroche sans prendre le temps de regarder qui m'appelle.