Chapitre 31 - Laïa

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— Comment s'est passée ta soirée d'hier ? me demande Layana.

Elle était horrible ! Je me sens conne et stupide de lui avoir fait confiance. Il m'a empêchée de manger ce que je voulais sous prétexte que c'était trop cher et il s'est barré sans payer. Le pire c'est qu'il a pris le repas le plus cher de la carte et il a consommé je ne sais combien de verres d'alcool différents et c'était à moi de payer ! En plus de ça la serveuse à en quelque sorte voulu m'acheter physiquement pour combler la dette. Heureusement que je me suis enfuis au bon moment ! Et comme si ce n'était pas suffisant je me suis retrouvée dehors sous la pluie dans des rues inconnues essayant de trouver mon chemin sans téléphone puisque tête en l'air comme je suis je l'ai oublié dans la voiture de Naïl. Là où je me suis bien faite douiller c'est sur le lieu de rendez-vous. Il m'a fait croire que c'était un club de jazz mais en sortant j'ai jeter un œil au nom et ça n'avait aucun rapport avec le jazz. C'était un bar-restaurant bizarre que tu ne fréquentes pas quand tu es normale. Donc en récapitulatif, je me suis bien fait avoir mais comme une dinde. À part ça tout c'est bien passé, c'était niquel !

— Ça va.
— Comment ça, ça va ?
— Il y a mieux comme rendez-vous quoi.
— Il ne t'a rien fait, tu es sûre de toi ?
— Oui.

Je suis vraiment dégoûtée. Je ne savais pas qu'avoir un rendez-vous avec moi valait tout ça. Surtout que j'ai dû mentir à ma mère pour le protéger et que j'ai enfreint toutes ses règles pour quelque chose qui n'en valait pas la peine donc oui j'ai le droit d'être blasée. Je préfère garder cette mésaventure pour moi seule, je n'ai pas envie de partager la honte que je me suis prise.

— Laïa ?

Je me retourne vers la personne qui vient de m'appeler. Je me dirige vers lui en affichant un léger sourire. Il sort mon téléphone de sa poche et me le tend. Pourvu qu'il ne me fasse aucune remarque à ce sujet.

— Tu l'avais oublié.
— Merci...
— Tu reçois pas mal de messages et d'appels anonymes.
— Hum... tu les as lu ?
— Pour être franc avec toi, oui.

Je n'ose pas le regarder. Je me sens tellement impuissante... J'ai honte de ne pas avoir assez de courage pour leur répondre. Je me sens nulle et faible.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— Parce que...
— Parce que quoi ?
— Qu'est-ce que tu voulais que je te dise ? Que je reçois des menaces en anonyme et que je ne peux rien y faire !
— Oui ! Tu aurais dû m'en parler, je t'aurais aidée
— Ah oui et comment ? On ne connaît pas leur identité, Naïl. Comment tu aurais pu m'aider ?

On se regarde dans les yeux sans rien dire. Je serre les poings pour m'empêcher de mal lui parler. Je n'ai plus aucune patience à l'heure d'aujourd'hui.

— Ne t'en mêle pas, je voudrais régler ça toute seule.

Je le contourne et je m'en vais. Il me retient par la main et me demande :

— Où vas-tu ?
— Je me barre, j'en ai marre, m'emporté-je en me défaisant de son emprise.

J'ai passé une mauvaise journée. Heureusement que ce soir, c'est les vacances. Je vais pouvoir respirer et m'éloigner de tout cela.
J'enfile mes gants et je vais cogner dans les sacs de boxe. J'y mets toute ma force, j'ai besoin de me défouler et de me vider la tête. Je suis... comme qui dirait perdue.

— Tu es mignonne comme ça.
— Qu'est-ce que tu veux ? demande-je à Toby qui vient de me rejoindre.
— Discuter avec toi.

Il m'enlace la taille et pose sa tête dans mon cou. Un frisson de dégoût s'empare de mon corps. Il n'a même pas le temps de dire un mot que je le pousse brutalement.

— Je n'ai rien à te dire.

Il essaie de s'approcher mais je le stoppe. Je ne veux pas qu'il me touche et je ne veux pas qu'il me parle. Je suis très remontée contre lui. Le coup qu'il m'a fait hier soir ne passe pas.

— Tu es culotté de venir me parler après ce que tu m'as fait hier.
— Excuse-moi.
— C'est trop facile, Toby. Ne m'adresse plus la parole.
— Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça ?
— Je croyais que je te plaisais et que tu me respectais mais je me suis trompée.
— Non tu ne t'es pas trompée ! Tu me plais et je te respecte !
— Si c'était vrai tu ne m'aurais pas fait ça.
— Tu es sûre de toi ?
— Plus que sûre même.

Il hoche la tête et s'en va. Je m'en veux mais je lui en veux aussi. Pourquoi a-t-il fallu que ça se passe ainsi ? Je ne pourrais pas avoir une relation normale pour une fois ? Je donne un grand coup dans le sac, ce qui le fait tomber.

— Ce n'est pas la joie à ce que je vois.
— Ah salut James...

Il ramasse le sac et le raccroche au plafond.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu as passé une mauvaise journée ?
— Ouais. Je me suis disputée avec Tybo.
— Si tu as besoin de parler n'hésite pas.

Je m'assieds sur le sol et il vient me rejoindre. Il écoute sans faire de bruit pendant que je me confie.

Tu devrais prendre du recul et réfléchir à tout ça.
— Tu as raison, merci.
— Pas de quoi.




•••

Mon portable éteint, ma tête callée contre mon oreiller, je suis prête à partir pour l'Espagne. Je n'écoute pas le monologue de l'hôtesse de l'air. Je connais les règles de sécurité sur le bout des doigts. Je ferme les yeux. Je suis fatiguée et je compte profiter de ces deux heures de vol pour me reposer et dormir.

— Mon cœur on est arrivée.

J'ouvre doucement les yeux et je vois que tout le monde est debout prêt à descendre quand ils ouvriront les portes. Je m'étire et je me redresse. Je remarque une petite fille qui me regarde en souriant sur le siège de devant. Elle ne doit pas avoir plus de six ans et elle est à croquer !

— Comment tu...tu t'appelles ?
— Laïa et toi ?
— Nina.
— Quel âge as-tu ?
— Cinq ans et demi et... et toi ?
— J'ai dix-sept ans.

Elle ouvre grand la bouche ce qui me fait rire. Elle est vraiment trop chou cette gamine.

— Tu es grande !
— Oui.

Les passagers commencent à avancer vers la sortie. Avec ma mère on a tout notre temps alors on attend que l'avion soit presque vide. Ça ne sert à rien de se presser surtout qu'on va tous finir dehors.

— Au revoir Laïa...
— Au revoir Nina, bonnes vacances.

On récupère nos bagages et on monte dans le taxi qui nous conduira à l'hôtel. J'ai vraiment hâte d'y être. J'ai vu des photos et ça a l'air super !

— ¡ Gracias !

On le paie et on entre dans notre résidence. Une fois les clés récupérées, on monte à notre suite. Elle est classe, spacieuse et bien équipée. On se croirait dans un appartement de luxe.

— Je te laisse choisir ta chambre et tu as quartier libre jusqu'au dîner.

[1] Naïve et impuissanteWo Geschichten leben. Entdecke jetzt