Chapitre 36 - Laïa

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Les gribouillis dessinés sur mon cachier représentent mon état d'esprit actuel. Je n'arrive pas à me concentrer. J'ai la tête ailleurs comme si j'étais présente sans vraiment l'être.

— Hum hum.

Je lève les yeux vers ma professeur d'histoire qui me regarde d'un air mécontent.

Avez-vous fini de gribouiller sur votre cahier, mademoiselle ? Vous n'êtes pas en cours d'art plastique à ce que je sache mais en cours d'histoire !
— Pardon madame.
— Si mes cours vous ennuient tant que ça allez en permanence. Personne ne vous oblige à venir.

Elle ne m'accorde pas plus d'importance que ça et continue son monologue.
Les deux dernières minutes semblent interminables ! La voix du prof résonne dans ma tête et je commence à avoir chaud.

3... 2...1.... La fin du cours sonne. Je vais enfin pouvoir sortir de cet endroit.

— Laïa ! m'interpelle Tatiana. J'ai appris pour toi et Tybo.
— Si tu viens pour me dire qu'il va se foutre de ma gueule ce n'est pas la peine.
— Non ! Je ne suis pas venue pour ça au contraire je voulais te féliciter !
— Tu n'es pas contre ?
— Pas du tout ! En plus vous allez bien ensemble.
— Merci.
— C'est la vérité. Je suis contente que tu aies trouvé quelqu'un qui te corresponde. Je te souhaite plein de bonheur avec lui.
— Merci Tatiana c'est gentil ! Il faut que je te laisse je dois le retrouver.
— Pas de problème bisou !

Je sors du lycée en courant pour que personne ne me voit. Je me dirige vers Toby et l'embrasse.

— Quelle est notre destination ?
— Le centre commercial.
— Pourquoi ?
— On va t'acheter de nouveaux vêtements.
— Pourquoi ? J'aime bien les miens !
— Parce qu'on est en couple et il faut que tu es le même style que moi.

Il détache ses yeux de la route et me regarde en affichant le sourire le plus rassurant qu'il ait et me dit :

— Je suis sûr que ça va te plaire et tu seras magnifique dedans, encore plus que maintenant !

Si ça peut lui faire plaisir alors je suis partante. De plus, je ne pense pas que ce soit terrible, je lui fais confiance.

On arrive dans un magasin que je connais pas. On se dirige directement vers la caisse.

— J'ai commandé des vêtements pour ma copine, dit-il en me montrant d'un signe de tête.
— Allez voir ma collègue au fond du magasin, elle vous donnera votre commande.

Une fois qu'on a récupéré sa commande, on retourne dans la voiture. Il me tend un sac.

— Ouvre.

Je déchire le papier toute excitée. Mon visage se décompose à la vue des tenues.

— Qu'en penses-tu ?
— C'est... très jolie.
— Je savais que ça te plairait.

Je rigole nerveusement et reporte mon regard sur mes nouveaux habits. Quand je dis que c'est très jolie, je ne mens pas. C'est juste que ça l'est, pour les personnes aimant ce style.
Il m'a offert deux pantalons, trois hauts, deux jupes et une robe en cuir, tout en cuir... Je n'en suis pas fan mais je ne veux pas le blesser. Même si je n'aime pas son cadeau, c'est l'intention qui compte.

— Je te ramène chez toi, il commence à se faire tard.

Je regarde l'heure. Il est presque dix-neuf heures, je vais me faire engueuler ! Je l'embrasse et je sors de sa vieille voiture.

— Il y a une fête la semaine prochaine. Préviens ta mère que tu y vas.

Je ferme la portière et il démarre en trombe.
Quand j'ouvre la porte de la maison, ma mère me tombe dessus, peu réjouit.

— Où étais-tu ?
— Avec Tybo.
— À cette heure-ci ?
— Oui...
— Tu aurais pu me prévenir au lieu de me laisser sans nouvelle.
— Désolée...
— Et j'ai reçu un message du lycée comme quoi tu avais séché ton dernier cours, tu m'expliques ?
— Je croyais qu'il était absent.
— Ah ouais ? Tu croyais ? Vas te laver les mains on va manger.

Je ne me fais pas prier deux fois. Quand elle est énervée comme ça, il vaut mieux faire ce qu'elle demande et ne pas lui tenir tête.
À table personne ne parle. C'est la première fois que le repas est aussi silencieux et je n'aime pas du tout ça. Généralement on aborde pleins de sujets mais pas ce soir.

— Maman ?
— Hum ?
— La semaine prochaine il y a une fête chez un ami de Tybo. Est-ce que je peux y aller ?
— Quand c'est ?
— Un jeudi.

Elle me regarde sans répondre puis elle se remet à manger. Moi, je n'ai presque pas touché mon assiette. Je ne sais pas pourquoi mais je n'ai pas très faim.

— Alors... je peux y aller ?
— Non.
— Pourquoi ?
— Parce que tu as le bac à réviser.
— Mais nous ne sommes qu'en mars, j'ai tout le temps de réviser !
— Le bac n'est pas à prendre à la rigolade. C'est ton avenir qui est en jeu et il faut réviser tout le long de l'année.
— Je réviserai après, s'il te plaît !
— J'ai dit non, c'est non.

Je soupire et me lève de table.

Où vas-tu ?
— Dans ma chambre.
— Tu n'as pas fini de manger, rassieds-toi.
— Je n'ai pas faim.

Je pars dans ma chambre sans débarrasser mon assiette et me laisse tomber sur mon lit. Je contemple le plafond. Je prends ensuite mon téléphone et j'appelle Toby. J'ai besoin d'entendre sa voix.

— Ouais allô ?
— Toby...
— Qu'est-ce que t'as ?
— Rien je voulais juste entendre ta voix.
— Dis-moi ce qui ne va pas.
— Je ne me sens pas soutenue que ce soit par ma mère ou par mes amis.
— Pourquoi ?
— Ils sont tous contre nous. Tous sans exception...
— Ne sois pas triste, d'accord ? Si ce sont vraiment tes amis comme tu le dis, ils finiront par accepter. Si ton bonheur est important bien sûr.
— Tu as sûrement raison.
— Sinon tu peux venir à la fête jeudi soir ?
— Non je n'ai pas le droit.
— Pourquoi ?
— Je dois réviser le bac.
— Oh mais ce n'est rien ça !
— Vas dire ça à ma mère.
— Le bac c'est tellement facile et vu tes résultats tu l'auras, c'est sûr.

Ma mère toque à ma porte. Elle me demande si elle peut entrer.

— Toby je dois te laisser ma mère entre dans ma chambre.

Je raccroche et pose mon portable sur ma table de nuit. Ma mère vient s'installer près de moi.

— Tu étais encore au téléphone avec Tybo ?
— Il m'expliquait la physique-chimie.
— Je pense que tu devrais passer moins de temps avec Tybo. Tu es toujours au téléphone avec et dès que tu n'es pas à la maison tu es dehors avec lui.
— Parce qu'il me donne quelques cours dans les matières que je ne comprends pas.
— Si c'est dans ce cadre je suis d'accord mais ça n'empêche que tu es beaucoup trop avec lui.
— C'est mon copain, maman.
— Je sais...
— Je vais me coucher, bonne nuit.
— Bonne nuit mon amour, dors bien.

Elle m'embrasse le front, me couvre et s'en va.
Je fixe le mur quelques minutes. Je sens que les jours avenirs ne seront pas facile...

[1] Naïve et impuissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant