Chapitre 24 - Laïa

185 20 21
                                    

— Écoutez tous, j'ai une annonce à faire.

Je reconnais la voix de Tatiana à travers le microphone. Toute la cantine se tait pour écouter ce qu'elle a à dire.

— Laïa et Ayden auraient pour but de se marier et d'avoir un enfant. En parlant de ça, la première tentative a échoué puisque madame a fait une fausse couche ! Ce n'est pas dommage ça ?

Je me sens humiliée encore une fois. Je ne sais pas où me mettre, tout le monde me regarde et explose de rire. Je me lève et je sors de la cantine en courant. Ils se sont tous donné le mot ou quoi ? Je me réfugies à l'extérieur vu qu'il n'y a personne et je m'assieds dans un coin. Layana vient s'installer à mes côtés et pose sa main sur mon épaule.

— Laïa ne fais pas attention à elle. Elle est jalouse et cherche à se venger. Elle veut que tu te sentes comme ça, ne lui donne pas satisfaction.
— Pourquoi on s'en prend tout le temps à moi ?
— La jalousie, Laïa. Les sales coups viennent avec la jalousie.
— Mais je ne suis même pas jolie et je n'ai rien à envier !
— Si, Laïa. Tu es jolie mais tu es la seule à ne pas le remarquer. Tu n'as pas que la beauté extérieure, tu as aussi une belle personnalité et ça attire les jaloux.
— Tu me dis ça parce que je suis ton amie.
— Même si tu n'avais pas été mon amie, j'aurais pensé la même chose.
— Merci.
— Pourquoi ?
— De me soutenir.
— Ne me remercie pas c'est normal.




•••

La journée est passée assez vite et heureusement j'ai envie de dire. C'est très énervant d'être le sujet de discussion de tous les étudiants.
Je me rends au lieu de rendez-vous que l'on s'est donné avec Naïl. Il doit m'attendre à notre endroit. Maintenant que j'y pense, on devrait peut-être trouver un nom parce que ce n'est pas pratique de dire « notre endroit » quand tu veux prévenir une personne du lieu où tu te trouves ou quand tu veux en discuter.

— C'est moi !
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
— On a un marché je te rappelle. Je suis là pour accomplir ma part et pour écouter tes conseils.
— Tu devrais peut-être demander à Ayden.
— Qu'est-ce que tu... non mais attends, tu crois vraiment ce que Tatiana a dit tout à l'heure ?
— Je ne sais pas. À toi de me le dire.
— Je n'ai jamais rien fait avec Ayden, c'est juste un ami !
— Comment pourrais-je te croire ? Tout le monde dit que tu as couché avec mon meilleure ami, bordel, mon meilleur ami !
— Tu peux ne pas me croire si tu veux je m'en moque mais que tu crois ton meilleur ami capable de ça, là je ne suis pas d'accord. Tu te rends compte de ce que tu dis !

Voyant qu'il ne répond pas, je décide de rentrer. C'était une mauvaise idée. Pourquoi ai-je accepté ?

— Tu as raison. Je suis idiot, excuse-moi.

Je m'arrête de marcher. Je suis prête à l'écouter.

— Il se passe tellement de chose au bahut ces derniers temps et il y a beaucoup de rumeurs. On ne sait pas comment discerner le vrai du faux.
— Tu sais, Naïl, j'ai déjà vécu tout ça dans le passé et je n'ai pas envie de refaire la même erreur.
— Comment ça ?
— Rien laisse tomber, ce n'est pas important.
— Si ça l'est. Raconte-moi ta vie passée. Je veux découvrir qui est la vraie Laïa Peterson.
— Je te raconterai tout un jour mais aujourd'hui n'est pas le bon moment.
— Je comprends sinon... on les commence ces cours ?

Je lui souris et je vais m'asseoir à côté de lui.

— Le premier conseil : reprends-toi en main niveau vestimentaire. Ce n'est pas pour être méchant mais ça ne te mets pas en valeur et on dirait que ce n'est pas toi.

Je suis surprise qu'il ait remarqué que ce n'était pas moi. Si je m'habille aussi mal c'est pour ne pas attirer l'attention des autres sur mon physique.

— Et arrête de t'attacher tout le temps les cheveux, tu vas finir par les abîmer.
— Ils le sont déjà. Il faut que j'aille chez la coiffeuse.
— Tu veux qu'on y aille tout de suite ?
— Je n'ai pas d'argent.
— Je payerai.
— Non je ne veux pas avoir à te rembourser.
— On peut dire que ça compte dans ma part du marché.
— Je ne sais pas... tu es sûr que ça ne te dérange pas ?
— Non pas du tout. Alors on y va ?
— Oui si tu veux.

On monte dans la voiture et on démarre direction le centre-ville. On entre dans le salon de coiffure. Nous sommes directement pris en charge par la coiffeuse qui prend mon manteau et me donne une blouse que je mets avant de la suivre jusqu'au coin shampoing.

— Quelle coiffure désirez-vous ?

Je jette un œil à Naïl qui est sur son portable. Je profite du fait qu'il n'écoute pas pour dire à la coiffeuse quelle coupe de cheveux j'aimerais avoir. Ça lui fera la surprise.

— Je voudrais que la longueur arrive aux épaules avec un dégradé avant.
— Êtes-vous sûre de votre choix ? Parce que nous allons beaucoup couper.
— Oui.

Elle me brosse les cheveux et commence à les couper. Mes longues mèches se retrouvent peu à peu sur le sol. Ça faisait un bon bout de temps que je n'en avais pas pris soin. La dernière fois que j'ai été chez un coiffeur, c'était il y a deux ans.
Une heure plus tard, elle me sèche les cheveux et me met de l'huile essentiel. Elle prend un miroir et me montre ma nouvelle coupe de cheveux. J'aime beaucoup le rendu, je trouve que ça me change. Je me préfère maintenant.
Je la remercie pour son travail et je rejoins Naïl pour qu'il puisse voir le résultat.

— C'est bon on peut aller payer ?
— Oui.

Il relève la tête pour me regarder et reste bouche-bée. Son regard est très intense et ça me rend nerveuse. Je replace timidement une de mes mèches derrière mon oreille et lui demande :

— Tu aimes ?
— Ça te va très bien.
— Tu trouves ?
— Oui tu es très jolie comme ça.
— Merci.

J'ai hâte de voir la réaction de ma mère quand elle va découvrir ce changement. Je suis sûre que ça va lui plaire. Depuis le début elle m'encourage à prendre soin de moi.
Je descends de la voiture en le remerciant. C'est gentil de sa part d'avoir payé à ma place. Je le rembourserai dès que je le pourrais.

— Bonsoir maman !
— Bonsoir mon cœur... tu as changé ta coupe de cheveux ?
— Ça te plaît ?
— Beaucoup et ça te va très bien !
— Je suis contente que tu aimes.
— Au fait, j'ai reçu un colis pour toi. Il est sur la table.

Je récupère le colis et je l'ouvre.

— Qu'est-ce qu'il contient ?
— Ma nouvelle paire de lunette et plusieurs paquets de lentilles.

Je retire mes anciennes lunettes pour pouvoir mettre les nouvelles. Elles sont noires, simples mais très jolies, et surtout plus fines. Elles ne m'encombrent plus le visage.

— Tu es magnifique, ma puce.
— Merci, maman.
— Quand je te regarde, j'ai l'impression de retrouver ma fille avant qu'elle commence à se négliger.
— C'est juste des lunettes et une nouvelle coiffure...
— Oui mais c'est déjà un grand pas.

[1] Naïve et impuissanteWhere stories live. Discover now