[1] Naïve et impuissante

Chapitre 41 - Laïa

Je viens de passer mon examen blanc et pour être honnête, je pense l'avoir totalement raté. Je n'ai pas beaucoup révisé voire pas du tout. À vrai dire, j'ai séché pas mal de cours ces derniers temps. Puisque je ne pouvais pas aller voir Toby après le lycée, j'y allais pendant les cours. Je trouvais de multiples raisons pour justifier mon abscence et parfois j'allais jusqu'à imiter la signature de ma mère. Elle n'est au courant de rien, elle croit que je me suis remise à bien travailler. Si elle savait... De toute manière, je n'ai plus aucun ami et Olivia s'acharne sur moi plus que jamais alors à quoi bon ?
Je m'adosse au casier et m'assieds sur le sol. Vu que je suis sortie en avance, je dois attendre que les portes s'ouvrent pour partir. Je sors mon carnet, un stylo et je me mets à écrire.

« Pendant un examen nous sommes censés travailler et remplir nos copies mais ce n'était pas mon cas aujourd'hui. Au lieu de ça, j'ai réfléchis. Réfléchis ou plutôt pensé à toi. Pourquoi ai-je pensé à toi ? Je ne sais pas. Depuis que tu ne fais plus parti de ma vie, je ressens comme un vide. Ma joie a disparu et ma confiance en moi aussi. En fait tu avais réussi à me faire revivre. Tu étais comme un rayon de soleil qui illuminait ma sombre existence. Toi comme les autres, j'ai dû vous faire sortir de ma vie car je n'avais pas le choix. J'aimerais me sortir de la « merde » dans laquelle je me suis mise en me mettant avec Toby. Je suis prise au piège, un piège dont on peut difficilement s'en défaire. J'aurais dû t'écouter quand tu me mettais en garde mais j'en ai fait qu'à ma tête et maintenant j'en subis les conséquences ».

— Oh regarde-moi ça, bébé. Le lycée abrite les clochardes maintenant !

Elle s'approche de moi, un sourire malsain collé au visage.

— Qu'est-ce que tu fais ? Tu écris dans ton journal intime comme les enfants de maternelle ?
— Ce n'est pas un journal intime.
— Vraiment ? Alors ça ne te dérange pas si je lis ce que tu as écris ?
— N'y touche pas !
— Écoute-la, Olivia.
— Mais de quel côté es-tu, Naïl ? Du mien ou du sien ?
— Du tiens, bien sûr.

Mon cœur en prend un coup. J'avais espoir qu'il continue mais il en a décidé autrement. Il faut que je me fasse à l'idée qu'il soit avec elle mais je n'y arrive pas, je n'y crois pas. Je suis sûre que ce n'est pas sincère entre eux, pas après ce qu'il m'a dit. Elle s'abaisse et me prend mon carnet. Je me lève d'un coup pour essayer de le lui reprendre mais elle est beaucoup plus grande que moi. Elle commence à lire, je baisse la tête.

— Tu étais comme un rayon de soleil qui illuminait ma sombre existence, blablabla, j'aurais dû t'écouter quand tu me mettais en garde mais j'en ai fait qu'à ma tête et maintenant j'en subis les conséquences, bla-bla-bla.

Elle me regarde et prend une mine faussement attristée.

— Oh que c'est triste... tu as failli me faire pleurer tellement c'est minable !

Elle le jette par terre et marche dessus avec ses talons. Ce journal signifie beaucoup pour moi et je ne peux rien faire pour lui faire face. Je suis bien trop impuissante...

— Oups ! Qu'est-ce que je peux être maladroite !

Je me baisse pour le ramasser mais elle me donne un coup de pieds dans les côtes. Je tombe en lâchant un cri.

— Viens bébé, on s'en va.

Je cherche une lueur dans ses yeux mais je ne trouve rien à part de l'indifférence et du mépris. Vous ne savez pas à quel point ça me blesse, j'aurais aimé trouvé autre chose que ces sentiments là...
Je récupère mon cahier. J'ai eu de la chance que les pages ne soient pas abîmées. En revanche, la couverture est en piteuse état.

•••

Les jours passent mais rien ne change. Je reste tout le temps enfermée dans ma chambre, je n'en sors que pour aller au toilette sinon je reste clouée au lit. L'appétit m'a quittée depuis un bon moment, je ne me nourris plus et c'est à peine si je m'hydrate. Ça fait plusieurs jours que je ne vais plus en cours. Je n'ai pas le courage et je n'ai plus de force alors je simule un rhume.