Chapitre 18 - Laïa

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— Nous allons accueillir une nouvelle élève. Merci de vous montrer aimable.

Je suis sortie de mes pensées par le professeur de français qui annonce la venue d'une nouvelle élève. Je lève la tête et je reste choquée en découvrant Stacy.

— Allez-vous asseoir derrière mademoiselle Peterson s'il vous plaît.

Elle marche dans l'allée, le sourire aux lèvres et vient s'asseoir derrière moi.
Toute la classe la regarde et elle en est fière. Stacy a toujours aimé que l'intention se porte sur elle. C'est une femme qui a extrêmement confiance en elle. Elle s'habille toujours en fonction de la mode mais elle n'est pas qu'une fille superficielle, elle peut être très intelligente et sait comment faire pour obtenir ce qu'elle veut. Cela fait un bon moment que l'on se connaît, je la connais bien.

— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je viens pour étudier.
— Oui merci j'avais remarqué mais ça fait loin de chez toi !
— Oh non ! ne t'en fais pas, j'ai loué un studio et puis on se verra tous les jours maintenant. Ce n'est pas super ça ?
— Ouais, c'est super...
— Mademoiselle Peterson veuillez vous retourner et écouter le cours !

Je me retourne en soufflant.
Si elle est là ce n'est pas pour rien. Ce n'est pas pour passer plus de temps avec moi comme elle le dit. Elle prépare quelque chose mais je ne sais pas quoi ni contre qui. En tout cas, je n'aimerais pas être la personne qui subira ses plans.

Il faut que je me dépêche d'aller rejoindre Layana. Il faut que je lui dise pour Stacy. Je la vois discuter avec Ayden, je les rejoins.

— Salut, Laïa !
— Salut.
— Vu la tête que tu fais, il se passe quelque chose, devine -t- il.

Ce gars arrivera toujours à me surprendre. Il arrive à lire en moi comme dans un livre ouvert. À chaque fois qu'il se passe quelque chose, sans que je lui dise, il le sait.

— Il y a une nouvelle dans ma classe...
C'est cette nouvelle qui te met dans cet état ?
— Ce n'est pas juste une nouvelle, Ayden. C'est bien plus que ça.
— Comment s'appelle -t- elle ? demande Layana.
— Stacy.
— Celle qui est venue la dernière fois ?
— Oui c'est elle !
— Qu'est-ce qu'elle fait là ?
— Je ne sais pas mais je suis sûre qu'elle prépare quelque chose.
— Contre qui ?
— J'en ai aucune idée mais ça ne préserve rien de bon.
— Tant que Gaëlle n'est pas là, elle ne pourra rien faire.
— Si Stacy est dans cet établissement, Gaëlle est forcément là aussi. Bon je vous laisse, le cours de volley va bientôt commencer.

Je n'ai pas la tête à faire du volley. L'arrivée de Stacy occupe toutes mes pensées.

— Laïa, attention !

Je me retourne et je reçois le ballon de voley-ball dans la tête. Je tombe par terre. Le coup était assez violent ; la balle a atterrit au plein milieu de mon visage.

Mademoiselle Peterson vous allez bien ?
— Oui, oui, je vais bien.
— Vous voulez aller à l'infirmerie ?
— Non ça va aller.
— Vous en êtes sûre ?
— Oui, affirme-je.

Je me relève, aidée par Tatiana et m'assieds sur le banc. J'entends des rires qui proviennent de derrière. Je tourne la tête en direction d'Olivia. À tout les coups, c'est elle qui a fait ça.

— Tu n'as pas mal ?

Je regarde Naïl qui vient de me rejoindre. Là, tout de suite, je n'ai pas envie de lui parler.

— Tu t'intéresses à moi maintenant ?
— Pourquoi dis-tu ça ?

Je baisse la tête en lâchant un petit rire nerveux.

— Pour rien.

Je le laisse tout seul puis je vais dans le vestiaire pour me changer. J'attends que la moitié des filles de la classe soit sortie pour me déshabiller. Il ne reste que Stacy, Olivia et moi.

— Tu peux sortir, Stacy ? lui quémande Olivia. J'aimerais parler avec Laïa.

Elle nous regarde avant de sortir sans dire un mot. Olivia ferme la porte à clé et se dirige vers moi.

— Tu n'as pas froid aux yeux, toi.
— Qu'est-ce que tu me veux encore ?
— Je t'avais dit de t'éloigner de Naïl ! siffle-t-elle en me plaquant au mur. Mais je pense que tu ne prends pas mes mises en garde au sérieux.

Elle me maintient au mur par le cou. Son regard fait froid dans le dos, ses yeux sont encore plus sombres que d'habitude.

— Il faut que j'agisse pour que tu comprennes ?

Elle serre plus fort.

— Lâ...lâche-moi.
— Quand vas-tu comprendre ? Arrête de lui coller au cul putain ! Il s'en fout de toi, il se sert de toi !
— Tu dis n'importe quoi.
— Ah ouais ? alors pourquoi a-t-il demandé au professeur de physique-chimie de vous mettre ensemble pour le TP ? Et à votre prof de français pour l'exposé ?

C'est lui qui a demandé à ce que l'on soit ensemble ? Je croyais que c'était le pur hasard...

— Je ne sais pas, peut-être qu'il voulait passer du temps avec moi.
— Laisse-moi rire ! Qui voudrait passer du temps avec toi ? Tu es tellement coincée que ça en devient pitoyable ! ricane-t-elle. Ce sont les notes qui suivent qui l'intéressent, pas toi.
— Lâche-moi.
— Je vois que j'ai touché un point sensible !

Il va falloir que j'ai une discussion avec Naïl. Si ce qu'Olivia dit est vrai, je ne sais pas comment je réagirai.

— Je peux te garantir une chose : tu vas souffrir ma jolie, tu vas souffrir.

Elle me lâche et s'en va. Je reprends mes esprits. Elle vient de me menacer encore une fois. Cette fille est complètement folle !


•••

Je n'ai pas trop le moral. Je pense que je vais rentrer chez moi, je ne suis pas très bien. J'appelle ma mère.

— Allô, mon cœur ?
— Est-ce que tu peux venir me chercher ?
— Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne va pas ?
— Si si ça va... tu peux venir ?
— Oui, j'arrive.

Elle arrive une vingtaine de minutes plus tard. Elle signe un papier de prise en charge puis on sort du bahut sous le regard de mes camarades.

— Dis-moi ce qui se passe.
— Rien ne t'inquiète pas.
— Laïa, tu es ma fille. Je te connais par cœur. Dis-moi ce qui se passe.
— Mais il ne se passe rien !
— Tu es sûre ?
— Oui ! m'impatienté-je.

Je prends ma tête entre mes mains. Je sens que j'ai blessé ma mère et ce n'était pas mon attention. Elle veut juste savoir ce que j'ai et moi je l'envoie balader.

— Je suis désolée, maman. C'est juste que je suis fatiguée en ce moment avec l'histoire sur mon frère, les cours... je ne sais plus trop où donner la tête.
— Ce n'est pas grave mon cœur, je comprends. Sache que je serai toujours là si tu as besoin de moi.
— Je le sais maman, je t'aime.
— Je t'aime aussi, mon trésor.

[1] Naïve et impuissanteWhere stories live. Discover now