2/ Discussion avec bébé

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Je me suis réfugiée dans le parc à côté de la maison. C'était un bel endroit que je pouvais voir de la salle à manger de l'appartement et que j'avais souvent représenté dans mes peintures. Je me suis assise sur un rocher assez haut, le regard vrillé sur mon reflet dans l'eau. J'avais mit une paire de lunettes de soleil assez noir pour ne pas avoir à mettre de bandeau et cacher mon oeil gris pâle.

Après cette contemplation, je me suis penchée vers mon ventre.

-Salut. Heu... Je suis ta...maman, et j'aimerais bien que tu sois un peu plus doux avec moi. Tu sais, que tu arrêtes de faire monter mes hormones en flèche, parce que Sacha refuse de me toucher depuis que tu as élu domicile dans mon ventre. C'en est frustrant !

-Je ne pense pas que se soit quelque chose a dire à un bébé, sauf si tu veux qu'il soit traumatisé à vie.

Silver s'est assis à côté de moi avant de poser son regard argenté vers mon ventre.

-Ne sois pas aussi attendrit, le grondais-je. Ce petit monstre cache bien son jeux.

Il a retroussé les lèvres dans un sourire avant de caresser mon visage. J'ai blotti ma joue dans sa main cailleuse, ravie qu'il reporte son attention sur moi.

-J'ai senti ta colère via notre lien, m'a t-il informé. Ton ange m'envoie des signaux d'alarme presque trois fois par jour. Il réclame du sang.

-Qu'est-ce que je le comprends, murmurais-je. J'ai envie de planter mes crocs dans une jugulaire ou d'enfoncer mes doigts dans des orbites.

-Ce genre de penser ne te donne pas envie de vomir, s'inquiéta Silver en plaisantant.

-Non, penser à un gâteau à la fraise et à la chantilly me donne envie de vomir, expliquais-je.

Il ria de bon cœur avant de me donner une pichnette sur le nez. Mon regard s'est posé sur des enfants d'environ cinq ans qui jouaient dans l'air de jeux de l'autre côté de la rive.

-Je ne l'aime pas, ais-je lâché de but en blanc.

Silver reste muet un moment, regardant toujours les enfants que je fixais à l'instant.

-Je peux comprendre, finit-il par dire. Ce que tu connais du rôle de maman n'est que le Père monstrueux que vous avez eu. Et ton abandon n'a rien arrangé. Comment pourrais tu aimer quelques chose que tu n'as jamais appréhender ?

-Je ne peux pas, ais-je répondu.

-Laisse toi du temps, Shade. Laisse à ton corps et à ton esprit le temps de comprendre ce qui lui arrive, laisse à ton cœur le temps de l'aimer, et laisse à tes autres toi le temps de l'accepter.

Pourquoi tout ce qu'il me disait résonnait comme une promesse ?

J'ai posé la tête sur son épaule et nous avons ensemble écouté le vent nous emporter les bribes de rire et de joie de l'autre côté de la rive.

Au bout d'une petite heure, mon estomac a voulu prendre des provisions à rendre plutard et Silver m'a invité à prendre le petit déjeuner dans un café pas loin de chez moi. Il avait prévenu Sacha que j'allais bien et qu'il s'occupait de moi.

Ce que j'appréciais vraiment dans notre trio c'était qu'il n'y avait jamais d'ambiguïté. Silver était devenu aussi important que Sacha à sa manière mais il ne pouvait pas le remplacer.

-Deux cafés et deux croissants, commanda Silver à la serveuse en lui faisant un clin d'œil.

Elle est partie en replaçant ses cheveux derriere ses oreilles, le sourire aux lèvres.

-Alors ? Quand est-ce que tu te jettes à l'eau avec les filles toi ? Le taquinais-je.

Il est devenu rouge avant de me fixer d'un air coquin.

-Je n'ai pas envie de me poser, je suis assez frivole comme gars.

-Tu m'en diras temps, souriais-je. C'est vrai que j'ai souvent vu des filles chez toi, me moquais-je ironique.

Il a joué avec l'une de ses bagues en regardant la serveuse.

-Je m'arrange pour être discret, a-t-il continuer à développer. Je suis comme la nuit, je suis là quand tu fermes les yeux.

J'ai étouffé un rire au moment où la serveuse nous apportait notre commande. Elle a jetté un regard mauvais sur la main que j'avais posé sur l'avant bras de Silver.

-Ne t'inquiète pas chérie, lui ais-je susurré, nous sommes ouvert tu sais.

Elle est repartie furax alors que Silver recrachait dans son café. J'ai ri de bon cœur en croquant dans mon croissant au beurre.

-Tu es folle ma parole, a chuchoté Silver.

-Je n'ai pas le droit de me battre, j'ai bien le droit de faire tourner en bourrique les humaines, nan ?

Nous avons fini notre déjeuner avant de partir vers chez moi. Sacha était dans la salle d'entraînement et s'amusait à taper sur un mannequin grandeur nature. Silver lui a proposé un combat singulier et ils se sont mit à se taper dessus en me laissant sur le banc de touche.

J'étais heureuse de les voir s'amuser mais la tension dans mes muscles devenaient de plus en plus insupportable. J'ai grincé des dents en retenant une salve de pouvoir. L'excitation qui émanait d'eux me touchait de plein fouet autant physiquement qu'à travers nos liens.

-Arrêtez, soufflais-je si doucement que personne n'a entendu.

La douleur crispa mes muscles et avant que je n'ai pu partir, mes pouvoirs m'échappèrent. La vague noir qui sortit de moi propulsa Sacha et Silver contre le mur du fond plein de miroirs et plongea la salle dans le noir.

Je tombais à genoux, soulagée et terrifiée par mon manque de contrôle sur moi. Mes sanglots et les silences des deux garçons remplirent la salle. Quand la lumière revint, je vis mon visage plein de striures démoniaques et mes crocs libérés dans le miroir fracturé ainsi que le sang de Silver et Sacha, inertes sur le sol.

Je me suis précipité vers eux et je suis tombée à genoux près de leur corps mous et sans réaction. La panique à reprit le dessus.

-Oooorrriiiaaassssss ! Hurlais-je dans le vide la douleur déchirant mes cordes vocales.

HYBRID : Release - T3 [Le Final] Where stories live. Discover now