19/ Talhula

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Je suis partie hier après ma discussion avec Orias. Sac sur le dos, j'avais étendu mes ailes rouges sang avant de décoller au dessus des nuages dans un nuages de poussière. Tous étaient tellement protecteur avec moi que c'en était épuisant. Une fois en pleins vol, je pus réfléchir à ce que je dirais à la dame qui avait accepté de me parler.

Elle s'appelait Talhula Oh'ina. Elle était d'origine Tahitienne et avait eut recours à la Magie dans Limite pour sauver son bébé qui allait ce noyer. J'avais lu son histoire sur internet, et bien que les nombreux commentaires sur cette "fantastique fiction" étaient élogieux, j'avais tout de suite su que ce n'était que réalité.

Mon voyage fut long et pour ne pas me retrouver dans les mêmes galères que la dernière fois avec les mercenaires qui m'avaient attrapé, j'avais décidé de voler jusqu'à ma destination.

Avant d'arriver à l'hôpital où se trouvait Talhula, j'étais passée par chez moi et ce que j'y avait vu m'avait mit très en colère. Mon petit appartement avait été saccagé et une succulente odeur d'humain m'avait indiqué l'origine de mes attaquants. Les Gardiens avaient espéré me trouver chez moi et je remerciais silencieusement Orias de nous avoir hébergé dans son château.

Tous nos meubles étaient cassé et les murs avaient été couvert d'inscriptions ensanglantées menaçant mes enfants et le reste de ma famille. L'un d'entre eux attira mon attention, il était écrit "Je t'ai laissé une chance, la prochaine fois tu y passeras."

Aisling. Mes poings se serrèrent mais je ne pus m'empêcher de sourire. La colère dans laquelle elle m'avait mise allait se retourner contre elle. On ne devait pas jouer avec une démone comme moi. J'avais beau être une hybride, ma partie démone m'étais plus naturelle que le reste. J'ai fais demi-tour en enjambant le porte-manteau qui s'était retrouvé couché sur le sol. Une fois dehors, je déployais mes ailes et m'envolais sans prêter la moindre attention aux mortels qui me regardaient les yeux ronds dans la rue. Ils étaient pitoyable.

Les nuages caressèrent ma peau alors que je m'élevais encore plus haut dans le ciel. Malgré le mauvais temps sur la terre, au dessus des nuages il faisait beau. Le soleil éclatant réchauffait ma peau froide. J'ai refermé mes ailes alors que je volais encore et me suis mise à piquer du nez. Je sentais que j'avais atteint ma destination.

Mon atterrissage sur le toit de l'hôpital fut assez violent et mes pieds dérapèrent sur le gravier me faisant trébucher. Il ne manquait plus que ça... Je me suis amusée de ma maladresse en pénétrant dans l'hôpital par le toit.  Talhula m'appelait dans ma tête. Elle scandait mon nom et me guidait à travers le dédale de couloirs qui sentaient le désinfectant. Grâce à ses pouvoirs, je ne mis pas longtemps avant de la retrouver. Elle était allongée dans un lit, seule dans une chambre à l'écart de tous les autres pensionnaires. Son regard vitreux m'invita à m'asseoir.

Mon état décourage les autres patients à guérir, c'est pour ça qu'ils m'ont mise ici.

La voix dans ma tête se fait plus intense. Talhula était une momie. Un vrai cadavre. Ses jambes et ses bras étaient enroulés dans des bandages et sa tête n'était plus couverte que par un mince duvet de cheveux.

Approche mon enfant.

Mes muscles étaient tendus à l'extrême. J'avais beau avoir mit mes victimes dans un état encore plus déplorable, je ne comprenais pas ce qui avait pu arriver à cette femme pour en arriver à un tel état de décrépitude.

Pose tes questions. Je te donnerais mes réponses.

-Que vous est-il arrivé ? Fis-je en m'asseyant au bord de son lit pour lui prendre la main.

J'ai ouvert des portes que je n'ai pas pu refermé.

-C'est à cause de la magie sans limite ?

La vieille dame ferma les yeux et sa tête me fit signe que oui.

J'étais jeune et forte quand j'ai eu besoin d'utiliser cette magie. Mon fils Caen allait se noyer dans une rivière et je ne pouvais pas le laisser mourir. J'ai sentit le pouvoir grandir en moi sans rien pouvoir contrôler. Ma vision des choses s'élargissait jusqu'à ce que tout l'univers devienne compréhensible à mes yeux. Alors j'ai arrêté la rivière. L'eau s'est mise à ralentir jusqu'à totalement s'arrêter. Mon fils s'est mit à marcher à travers cette eau immobile pour rejoindre la terre ferme mais quand il a enfin pu me rejoindre, je n'ai pas réussi à me libérer de l'emprise de cette magie. Je me suis retrouvée coincé dans mon corps, avec juste assez de vie pour offrir chaque minute à cette force obscure.

J'étais bluffée mais il y avait aussi beaucoup de chose que je ne comprenais pas .

-Que voulez-vous dire pas là ?

Il ne faut pas considérer la magie comme un objet que l'on acquière et qui reste silencieusement dans nos poches jusqu'à ce que l'on en ait besoin. La magie à sa propre vie et certaines sont plus pure que d'autre. La magie sans limite est une forme ancestrale de magie noir qui a réussit à me voler ma vie pour racheter tout ce que je lui avais pris.

-Elle vous a fait payer le fait de l'avoir utilisé ?

Oui, et bien pire. Quand ma dette fut remboursée, elle a refusé de me libérer. Elle me laisse mourir petit à petit. Elle aspire tout ce qu'elle peut prendre. Elle prendra ta vie si tu ne lui tiens pas tête. J'étais une jeune chamane bien trop naïve pour pouvoir m'en sortir mais je sens en toi la force qu'il m'a manqué.

-D'après vous je suis assez forte pour usée de cette magie ? 

Je ne peux pas te l'assurer mon enfant mais je peux te dire une chose. Qu'elle est la différence entre se jeter devant un pistolet pour sauver son enfant et offrir son âme à la magie sans limite ? Il n'y en a aucune. Le but et le résultat sont les mêmes. La seule chose qui diffère, c'est qu'une balle peut te traverser et atteindre son but, alors que la magie sera en ta possession et ne laissera pas ton sacrifice vain.

Je n'étais pas rassurée par ce qu'elle venait de me dire mais une chose était sûre, elle avait raison. Que je sauve mes enfants d'une manière ou d'une autre, il y aura toujours un danger. C'était juste à moi de choisir quand et de quelle façon je devais mourir.






HYBRID : Release - T3 [Le Final] Where stories live. Discover now