1. Liban society.

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                  "Liban society."

[Athena]

Mes dossiers sous le bras, je traverse l'immense hall bondé que je ne connais que trop bien.
Me faufilant dans l'ascenseur avant que les portes ne se referment, je souffle enfin.

J'arrive devant la porte du patron, je toque trois petits coups attendant sa réponse qui ne se fait pas tarder.

                «Entrez!»

J'entre à pas feutrés dans la pièce.
Son bureau offre la plus belle vue de la ville.
Il est de dos confortablement installé dans son fauteuil face aux buildings New-yorkais.
Il se retourne et un sourire apparaît lorsqu'il me reconnaît.

C'est un homme de taille moyenne, avec encore beaucoup de cheveux pour son âge et des yeux aux prunelles tirants sur le vert émeraude.
J'apprécie travailler en sa compagnie car il ne manque pas d'être agréable avec un humour bien à lui.

Il pose sa tasse de café sur la table en verre et son regard vient se poser sur les dossiers dans mes bras.

«Bonjour Athena.»
M'accueille t'il d'un ton jovial, m'invitant d'un mouvement de tête à m'assoir.

«Bonjour Monsieur, j'ai les documents dont vous aviez besoin.»
Lui annonçais-je en posant la paperasse sur le bureau.

«Athena, vous savez votre travail est de mieux en mieux. Vos progrès ne font qu'accroîtres et je suis convaincu que votre potentiel est exploitable.»
M'annonce mon directeur en jouant avec un bout de sa cravate à rayures rouges.
Cet homme possède une panoplie de cravates aux coloris et motifs tous plus excentriques les uns que les autres.

Il paraît soudainement absent et continu.

«Mais je ne vais pas rester ici car...»

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que la porte est brutalement ouverte.
Surprise par cette irruption spontanée, j'ai un mouvement de recul.
Étant à contre-jour je ne peux pas voir les traits du visage du perturbateur, mais son impressionnante carrure se dessine dans l'encadrement de la porte.
Il claque cette dernière avec la même violence avec laquelle il l'avait ouverte.
Il s'avance dans la pièce et lorsqu'il passe à côté de mon fauteuil une odeur de tabac s'emmêle avec une odeur d'homme indescriptible.
L'inconnu finit par s'asseoir d'une cuisse sur le bureau en verre de mon patron en me faisant face, me surplombant de toute sa hauteur.

« Hmmm.»
Le raclement de gorge de mon patron me ramène à la réalité.

J'étais tellement occupée à contempler l'inconnu, ses beaux yeux verts, sa peau bronzée, ses tatouages recouvrants ses bras et ses mains, ses lèvres magnifiquement sculptées et sans parler de son regard... un regard glacial mais si mystérieux...

Je me fait de nouveau tirer de mes rêveries de la pire manière qu'il soit, le nouvel arrivant dans la pièce croise mon regard et me toise, me regardant avec dédain.
Un regard empli de haine qui en quelques secondes me donne l'impression de déjà être dans les mauvaises grâces de ce type.

  Cet inconnu au corps d'Apollon a tout l'air d'être imbu de lui même avec un aspect arrogant bien prononcé.

Mon patron poursuit sont récit d'un air fier en tournant la tête vers le nouveau venu qui a semble avoir oublier la formule de politesse ainsi que sa présentation.
Pourtant, je n'écoute pas.
Je ne sais pas si c'est le fait que l'homme m'intrigue ou que j'aimerais être une petite souris pour pouvoir disparaître.

«bla-bla-bla... voici mon fils.»
Finit-il son récit avec de nouveau ce ton fier, comme si cette irruption était des plus polies.

N'ayant pas fait attention au début de son petit discours, mes yeux s'agrandissent instantanément à sa dernière phrase.

«Oh, je vois»
M'enquis-je de répondre d'un ton bien trop calme pour masquer mon expression faciale qui vient de trahir mon étonnement.

«C'est donc mon fils qui reprend dès demain la société Liban Society, je lui lègue toutes les parts. Je n'aurais pas le temps de lui montrer tout le personnel je compte sur vous Athéna...»
Mon supérieur marque une pause, reprenant haleine, il poursuit.
«Et donc vous serez sa secrétaire personnelle et vous répondrez à toutes ses attentes, il vous fournira le nouvel emploi du temps Athena dès demain avec vos nouvelles horaires.»

Mon ancien patron jette un coup d'œil discret à sa montre avant de bafouiller quelques excuses rapides, empoigner sa pile de dossiers et partir en trombe du bureau.

Il fallait évidement que monsieur Abdas ai un rendez-vous à ce moment là...
Il déserte la pièce et me laisse en la compagnie de son cher fils qui semble adorable.

Le jeune homme face à moi empoigne son téléphone, pianotant sur les touches du clavier comme si je n'étais pas la.
Il relève la tête quand je décide de partir en me relevant du fauteuil.
À peine ai-je fais deux mètres qu'il emprisonne mon poignet de sa main.

«J'ai hate de commencer le travail avec toi, chère secrétaire.»
Murmure t'il en enroulant une mèche de mes cheveux sur son doigt avec un sourire glacial.
Sa voix est basse, d'un douceur et d'une froideur à vous couper le souffle.

Qui est t'il pour se permettre de me tutoyer, pour oser me toucher, même pour me regarder de cette façon.
Je tente de réprimer cette sensation étrange en ravalant mon venin composé d'une réponse tranchante.

Il est le fils du directeur et dès demain le nouveau directeur, je dois être irréprochable.

À quoi joue t'il?
Ai-je pas l'air mal à l'aise?

Mon seul désire repose sur l'idée de rentrer dans la provocation avec lui, d'être encore plus âcre que lui.
Néanmoins, je me ravise.
Mon travail est en jeu et je ne peux risquer de le perdre.

Cependant, je ne lui donnerai pas ce petit plaisir, je n'entrerai pas dans son petit manège.
Il empeste l'odeur du coureur de jupons lambda.

«Le plaisir est partagé monsieur.»
Feignais-je un sourire.

Sur ce, je me résolue à quitter le bureau précipitamment pour ne pas avoir encore à supporter son regard tranchant en oubliant par la même occasion mon portable.
Ou en le faisant tomber dans la confusion.
                             •••

STINKERWhere stories live. Discover now