45. No innocent judgment.

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«Pas de jugement innocent.»

[Athéna]

Ne vous est-il jamais arrivé d'en vouloir à une personne pour quelque chose que vous lui avez déjà pardonné?

Je lui en veux, et de cette remontée de colère soudaine née une sorte de frustration.
J'ai déjà pardonné son comportement mais ça ne m'empêche pas de générer de la colère.

La double impasse.
Deux choix s'offrent à moi, l'un est d'ignorer cette colère, de la refouler et de faire comme si tout était parfaitement normal.
Le deuxième est de cracher mon venin au risque de paraître stupide et immature.

Et après?
Il y'a le contre-coup, c'est le moment où je regrette amèrement de m'être emportée mais ça ne m'empêche pas de choisir la deuxième option.

C'est primitif mais humain, je veux qu'il ressente la colère que je ressens, il m'a déchiré et j'ai trop pardonné.
Il a défendu celle qui m'a défiguré.

Je me décolle de Rayan à contrecœur et à bout de souffle, mais nous sommes dans un lieu public et je ne veux pas risquer de choquer les passants, mais surtout je veux clarifier les choses.

Rayan cherche mes lèvres mais je tourne la tête dans un mouvement brusque, le dissuadant de recommencer.
«Qu'est-ce qui a encore?»
Souffle t'il agacé par ma réaction plutôt glaciale.

«Je refuse de continuer d'embraser un homme fiancé.»
Lâchais-je formelle en croisant les bras sur ma poitrine de manière à me rendre plus sévère.

Il laisse tomber sa tête en arrière en soupirant de plus belle.
Puis il se redresse, me fait face, passe une main dans ses cheveux, arque un sourcil avant de se moquer.
«Ça fait déjà quelques mois que tu le fais et c'est maintenant que tu t'en rend compte?»
Face à mon silence de plomb, il poursuit.
«Je te jure Reyels t'es craquante.»
Déclare t'il en sortant son téléphone de sa proche.

Il tape son code et me tend son cellulaire attendant que je le prenne.
«Je suis sensée en faire quoi?»
L'interrogeais-je, ne comprenant pas son objectif.

«Écris ce que tu as envie qu'elle sache.»
Répond le milliardaire en me laissant carte blanche.

Mais je veux que ça vienne de lui alors je le lui rend gentiment.
Il arque un sourcil sous l'interrogation.
«C'est à toi de le faire.»
Finissais-je tandis qu'il attrape de nouveau son iPhone.
Il navigue sur plusieurs applications avant de l'appeler.

Quelques sonneries retentissent et Rayan me montre la page qui affiche le contact d'Ella.
Celle-ci décroche et il replace le téléphone à son oreille.

Le milliardaire fait quelques pas plus loin, il s'éclipse légèrement et s'éloigne.
Je ne parviens pas à distinguer ce qui se dit, sa voix est à peine audible.

«Non, arêtes.»
Entendais-je de la conversation.

J'imagine parfaitement sa voix aiguë et nasillarde s'énervant au téléphone telle une hystérique.
«Au revoir.»
Lâche t'il avant de raccrocher.
L'homme d'affaires sort une cigarette, la coince entre ses lèvres, l'allume et inspire la toxine lentement.

J'arrive derrière lui et entoure son dos de mes bras.
Inclinant légèrement la tête sur son côté gauche, Rayan me tend son téléphone où déjà les messages d'Ella se succèdent.

«Tu vas y répondre?»
Le questionnais-je face à l'écran du cellulaire décoré de notifications.
«Non.»
Le ton de sa voix m'indique très clairement qu'il ne désire pas spécialement continuer cette conversation et que son ancienne petite amie ne doit pas être le sujet de nos discussions.

Il jette son mégot de cigarette au sol et le piétine avec la semelle droite, et nous conduis le long des lattes de bois qui bordent le port.

Fascinée par la beauté et la féerie du lieu, je plonge dans mon enfance.
Me figurant entre ma douce mère et mon tendre père, revenant de la plage et longeant le port où nous contemplions les bateaux amarrés avec ma sœur.
Rachel..

Rachel émanait d'une beauté que je jalousais en bas âge.
Ses cheveux blonds retombaient en cascades dans son dos et sa peau bronzée faisait ressortir de grand yeux verts.
Son corps mince et élancé qui se mariait à la perfection avec son visage aux traits fins faisait des ravages chez la gente masculine.
Pourtant elle ne s'en jouait pas, elle ne se servait pas de son charme, elle est était simple, naturelle et sans artifices.
C'était une perle à l'école et elle m'avait toujours servie de modèle sur son travail appliqué, son sérieux et sa grande maturité.

Mes parents avaient toujours voulus avoir plusieurs enfants, ils ont été contraints d'adopter Rachel en observant leur rêve n'être qu'irréel et impossible pour eux.
Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, je suis née quelques temps après.
Mes parents avaient les deux petites filles qu'ils voulaient, et l'adoption de ma sœur ne comptait plus car elle était maintenant devenue une Reyels.

Je repensais à la Grèce, où ma sœur avait retrouvé la terre natale de notre famille, où elle travaillait et aimait sa nouvelle vie.
Elle avait comme fait le deuil de nos parents et inconsciemment ça m'irritait.
Moi qui n'arrivais pas à le faire et elle, elle semblait y parvenir facilement.

«Athéna?»
M'appelle soudain le milliardaire tandis que j'étais égarée dans mes pensées.

«Mhmm?»
Répondis-je légèrement distraite n'étant pas tout à fait sortie de mes divagations.

«Combien as-tu eu d'hommes dans ta vie?»
Sa question me prend de court et de nouveau je replonge dans quelques songes.

Pourquoi s'intéressait-il à cela?

•••

STINKERWhere stories live. Discover now