28. Trapped, in her game.

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   « Piégée, dans son jeu. »

[Athéna]

Jade...

Le nom se répète dans ma tête. Je ne bouge plus comme pétrifiée.
Suis-je démasquée? Où bien ai-je l'esprit qui tourne à la paranoïa?

Il ne bouge pas non plus, appuyé d'une jambe contre la parois des toilettes.
Pourquoi fallait-il que le destin nous pousse à nous retrouver dans les toilettes?

Le silence dans laquelle nous sommes plongés depuis son arrivée commence à devenir embarrassant, je le rompt la première.

« Monsieur Abdas, votre partie s'est-elle bien déroulée? »
J'essaie de garder ma contenance avec une voix plus ou moins naturelle.

« Mhmm si on veut. »
Sa voix semble si lointaine, si basse, si étrange...

De longues secondes s'écoulent avant que Rayan franchisse la distance qui nous sépare, il pose ses mains sur ma taille et pose son menton sur ma tête tout en continuer son jeu de regards dans le miroir.

« Le rendez-vous n'est pas achevé, Giovanni nous attend. »
M'exclamais-je pour essayer de me sortir de cette situation délicate.

Si Rayan n'a pas découvert ma véritable identité, ma voix finira par me faire défaut et mes attitudes me trahiront. Alors je dois sortir et vite.

Mais Rayan resserre son étreinte sur moi, m'empêchant tout mouvement.

« Ne pars pas si vite. »
Sa voix ferme reprend le dessus.

Son numéro de patron autoritaire commence sérieusement à être lassant.

Je me retourne, en quelques secondes je me retrouve incroyablement proche de lui, son bassin collé au mien.
Je reste déstabilisée par la proximité de nos corps quelques instants mais je me reprend vite.

Son visage proche du mien m'avait manqué, ses lèvres charnues, son fin nez et les traits de son visage forment un si bel ensemble...

« Vous faites cela à toutes vos secrétaires? Ce qui expliquerai bien des choses. »
Répondis-je sarcastiquement avec un sourire hypocrite.

Mais lui ne sourit pas, ses yeux ont une lueur maléfique, effrayante.

« Qui es-tu? »
Sa est froide, terriblement froide.

Je déglutis péniblement avant de répondre très calmement.

« Mais enfin qu'est-ce qui vous prend monsieur? »
Tentais-je de rattraper le coup.

« Ton nom. »

Je m'efforce de garder ma contenance en revêtant une expression sereine.

« Jade Kernels. »

Cela sonne vrai, comme si j'étais sincère.
Pourtant lui, il était loin d'être dupe.

« Tu es une putain de menteuse. »

« Qu..oi?? »
Je balbutie.

Bordel il faut que je rattrape ça.

« Je ne vous le permet pas, vous débloquez complet! »
L'incendiais-je.

Il reste de marbre, impassible. Son regard ancré dans le mien devient un affront.
Comme si il cherchait à déceler mon identité dans mes yeux, nous nous échangeons un long duel de regard jusqu'à ce qu'il prenne la parole.

« Je savais que tu me disais quelque chose, il y'a en toi la même maladresse. »
M'annonce t'il froidement.

Je le dévisage avec un air incompréhensif, comme si je ne comprenais rien à la situation.

« Écoutez monsieur, vous devez faire erreur, je suis... »

« Je sais qui tu es. »
Il me coupe la parole avec une voix tranchante.

Cramée.
C'était évident.

« Vous m'avez fait peur l'espace d'un instant j'ai cru que vous doutiez de moi. »
Je continue la comédie jusqu'au bout ne m'attendant pas à son changement soudain de réaction.

« Bien, mademoiselle Kernels, je vais vous laisser vous charger de la compagnie de monsieur Giovanni pour cette fin de soirée. »
Il exagère sur mon nom de famille, pour me montrer qu'il a tout comprit.

Va t'il vraiment me laisser avec cet homme?
Il ne peut pas me faire ça, pas lui...
Le pire dans tout ça c'est que je ne peux rien dire, j'ai l'identité d'une autre femme alors je ne peux pas demander Justice. 
Je suis coincée dans une histoire bien malsaine qui va bien trop loin.

Il observe mon visage se décomposer, mes lèvres sont à la limite de se mettre à trembler mais j'arrive à me contrôler comme je peux.

« Quelque chose à rajouter? »
Ce sombre salaud se joue de la situation.

Je fais le plus faux de mes sourires avant de lui répondre.

« Aucun, monsieur Giovanni à l'air d'être de bonne compagnie. »

Ses yeux me lancent des éclairs mais je n'y prête nullement attention, je me dépêche de sortir des toilettes.
Il faut que je fuis les lieux avant de me retrouver face à Giovanni.
En fait, cet homme me terrifie avec ses airs de mafieux italien.

Je commence à marcher hâtivement dans les longs couloirs de l'hôtel particulier.
Je ne trouve pas d'ascenseur mais je me retrouve face à un imposant double escalier en marbre sombre qui monopolise un espace gigantesque.
Je dévale les marches aussi rapidement que je le peux en tenant d'une main ma robe couleur émeraude qui traîne au sol, et de l'autre j'effleure la froide rambarde.

La musique se fait plus lointaine, je me crois sortie d'affaire mais des voix résonnent à quelques mètres de moi, je dois trouver une cachette et vite.

Je regarde à droite et à gauche, de part et d'autres des couloirs, mais il n'y a aucune issue, je n'ai que de choix de remonter l'escalier mais le son de mes talons claquant sur le marbre ne ferait ébruiter les personnes à ma proximité.

Rapidement, j'enlève mes escarpins et je remonte les marches.
Mais à mi-chemin pour atteindre l'étage que je venais de quitter une minute auparavant, une personne se racle la gorge.
Je n'ose pas me retourner, jusqu'à ce la personne m'interpelle.

« Jade. »

J'allais regretter d'avoir menti...

•••

STINKERWhere stories live. Discover now