38. Do not trust anyone.

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   «Ne faire confiance en personne

[Athéna]

Faisant les cents pas devant le théâtre j'attend impatiemment l'arrivée de Rayan.
Je maudis intérieurement son retard et moi même d'avoir accepté son invitation.

Je n'ai même pas idée de la raison pour laquelle je n'ai pas décliné son offre.

Je n'ai aucune rancune envers Rayan, il s'avère ne pas être aussi méchant qu'il le paraissait.
La seule chose qui me rend amère c'est notre relation.

Je me dégoûte, je suis repoussante, une fille facile.
Je le déteste en fait.
Je le déteste de me rendre à fleur de peau pour un rien.
Je le déteste de me faire ressentir ça, de me réconforter pour me déchirer sans même s'en apercevoir.

Il a fait de moi une personne différente, je pensais que mon passé avait fait naître en moi une part d'ombre opaque qui ne laisserait plus rien traverser mais c'était faux.
Et cette part d'ombre que je pensais pouvoir combattre en me vengeant de l'homme ayant assassiné mes parents me semble moins oppressante, presque plus légère.

Je me perd dans mes souvenirs douloureux sans m'arrêter de marcher devant ce maudit théâtre.
Je maudis tout, cette ville bordel qui est si belle, Rayan qui est si attirant, ce type qui a signé le début de ma vie d'orpheline, la ville mondaine de ces personnes qui défilent devant moi.
Ces personnes aisées et leur petit air supérieur insolent.

C'est la haine que j'éprouve envers ce meurtrier qui fait ressurgir cette colère naissante.
Je dois me calmer.
Je vais y arriver.

Je respire bruyamment et commence à reprendre ma contenance bien que personne n'ait pu remarquer quoi que ce soit, enfin presque.

Un liquide chaud s'écoule de mes paumes qui étaient fermées.
Mes ongles s'étaient enfoncées dans ma chair, la lacérant par la même occasion.
Je fixe un point dans le vide et me force à revêtir un masque impassible. 

Rayan finit par arriver dans son costume élégant contrastant avec mon jean.

«J'espère que je ne suis pas trop fait attendre.»
Il brise la distance qui nous sépare en gravissant les marches.
«Si»
Ne pouvais-je m'empêcher de répondre irritée.

Il semble bien vite apercevoir ma mauvaise humeur et ne relève pas ma phrase.
«Si Mademoiselle Reyels veut bien me suivre.»
Mime le milliardaire d'un signe de tête les couples qui entrent par la grandiose porte.

Alors que nous passons les différents guichets en présentant nos places, l'homme d'affaires finit par m'arrêter au milieu d'un couloir tapissé de posters encadrés de pièces de théâtre.
«C'est quoi le problème?»
M'interroge t'il agressivement me prenant totalement au dépourvue.

«Mais quel problème?»
Le questionnais-je à mon tour ne comprenant pas le sens de cette altercation.

Rayan pousse un soupir faussement amusé avec une pointe d'agacement, il laisse traîner son regard sur le mur à côté de lui avant de reporter ses pupilles dans les miennes.
Brusquement, il s'empare de mes mains et les place devant nous de sorte à ce qu'elles soient au centre de l'attention.
«Le problème c'est que tu te griffes à sang, tu fuis mon regard, tu arrêtes pas de te ronger les ongles, je poursuis ou tu vois où je veux en venir?»

Des personnes empruntants le couloir finissent par arriver au loin et Rayan me lâche les mains comme s'il ne s'était rien passé.
Cependant, il n'en reste pas là.
«Tu comptes me répondre?»

«Non.»
Lâchais-je agressivement et en croisant son regard meurtrier, je poursuis.
«Écoutes, on a chacun une manière différente de se refroidir. Toi c'est en baisant moi je me ronge ongles. Il est où le problème?»
Un groupe de personnes nous suivants entend notre petite dispute et les conversations se meurent à ma phrase.
Comme si tout le beau monde était choqué par ma façon de parler.

«T'as finis ton spectacle?»
Siffle t'il agacé sous mon air énervé en reprenant son chemin.
«Va-te faire foutre.»
L'incendiais-je irritée comme une gamine de sept ans.

Nous marchons murés dans un silence glacial pour arriver à nos places respectives, mais je décide d'aller me réfléchir aux toilettes, histoire de me calmer et d'éviter une autre scène ridicule.

Il me lance un regard en biais avant que je ne disparaisse de son champ de vision.

Une fois à la hauteur de la porte, je pousse cette dernière et entre dans l'espace réservé aux femmes.
Je me passe de l'eau fraîche sur le visage et jette un coup d'œil à mon reflet avant de pousser un soupir exaspéré.

Je me suis emportée pour rien, faisant resurgir ma haine sur Rayan pour un rien.
Il faut que je me ressaisisse, je ne veux pas être cette fille complètement détestable qui n'arrive pas à gérer ses petites colères puériles.

Mais, sortant de l'ombre et arrivant à ma hauteur, un personne appuyée contre une cabine des toilettes plonge son regard dans le mien dans le miroir.
Ses iris s'assombrissent et une lueur sadique s'empare de ses pupilles.

Pourquoi faut-il que me retrouve toujours dans ce genre de situation?
Pourquoi ai-je été stupide en ne suivant pas Rayan sans broncher?

Maintenant je n'aurai plus seulement les foudres du milliardaire à affronter.

Je ne sais même pas si c'est de la peur ou de l'appréhension mais son sourire venimeux me parcours de frissons désagréables.

«Bonsoir chérie.»
Me siffle sa voix que je déteste tant.
Cette personne encore plus agaçante que monsieur Abdas.

Je l'avais presque oublié...

•••

STINKERWhere stories live. Discover now