Le passé d'Odin

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Au commencement nous étions un. Mais Dieu nous jugeait impropres à le satisfaire ainsi, Alors Dieu s'est mis à nous diviser.

Ce fut la première phrase qui me vint à l'esprit. Le premier souvenir du seigneur qui remontait en moi. Une première pièce du casse-tête qu'était les réminiscences de Farouk.

Tant de temps avais passé depuis ma première fouille mémorielle. Je ne saurai dire, avec exactitude, combien de jours, de mois s'étaient écoulés. Plusieurs années probablement. Je le savais au teint terne qui avait ombragé les lignes de mes joues et de mes yeux. Même la plus vieille des femmes du Pôle aurait parut plus jouvencelle que moi.

Non !Je ne devais pas penser à cela. Je devais me concentrer sur cette toute première phrase.

Le souvenir représentait une chambre d'enfant, une chambre austère,sans le moindre joujou. Elle était bien ordonnée de sorte à ressembler de près à une geôle. Là, Odin s'agenouillait aux briques de la cloison. Il repoussait cette pierre pourpre, puis appela Artémis, qui lui tournait le dos. Enfin, elle tourna le cou,où à travers l'obscurité de la pièce, il n'apercevait que l'oeil clair de sa sœur. Cette iris distincte lui répéta qu'ils n'avaient pas le droit de se parler, qu'ils devaient obéir à ce que Dieu leur dictait. Lui, Odin ne voulait pas obéir. Il voulait prendre des nouvelles de son interminable fratrie, ne pas les oublier comme Dieule réclamait. Alors, la prunelle se tut. Odin n'insista pas, il savait que sa sœur ne lui répondrait pas de sitôt. Quand il recouvra la fente du mur, une immense silhouette sombre se tenait derrière lui. L'ombre avait compris ce que faisait Farouk, et elle allait le punir.

Le punir parce qu'il n'avait pas le droit de parler à ses frèreset sœurs, et lui, Odin, ne comprenait pas pourquoi ils étaient séparés.

Dieu s'amusait beaucoup avec nous, puis Dieu se lassait et nous oubliait.

Une soubrette vint apporter pour la huitième fois aujourd'hui un chariot d'infusion et de sucreries. Une fillette, où de scintillantes boucles d'or lui chatouillait les épaules, s'était avancée pour prendre une friandise. Sa mère lui tapa sur les doigts, inquiète par ce que pourrait contenir ces appétissantes douceurs. Les poisons voyageaient à travers tous les mets de la Cour. La gamine ne le savait pas, ne comprenait pas pourquoi on lui interdisait de goûter aux confiseries. Alors elle supplia sa mère,de lui laisser savourer une gourmandise, à coup de larmes. Enfin,lorsque la privilégiée lui sortit une petite bague d'émeraude, sa fille redevint calme, las de verser des sanglots. Elle avait déjà oublié son caprice de tout à l'heure.

Odin se tenait debout dans une cour dallée. Il observait de loin, les autres enfants jouer à se courir après. Il aurait voulu venir s'amuser avec eux. Le problème étant que ces marmots-là qui riaient, ne dialoguaient pas avec la même langue que lui.

Non,il avait trop envie de les rejoindre, las de les regarder. Il s'approchait des gamins, timide. Ces derniers s'étaient arrêtés,le dévisageant avec une drôle d'expression. Odin marmonna des paroles, des paroles que lui seul avait compris. Alors une fillette,d'à peine plus agée que lui, lui répondit dans un mélange de sons et de syllabes étranges. Odin releva les yeux vers la seule fille brune qui lui avait parlé. Puis, elle se mit soudainement à enrouler ses bras autour de son ventre, et enfin pleura de douleur. L'un des nombreux garçons qui avait assisté à la scène prit une roche, et l'envoya au visage d'Odin. Ce dernier ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Il essayait tant bien que mal de se cacher des pierres qui volaient, espérant que Dieu le sauve.

Mais Dieu n'était jamais venu l'aider, Odin avait attendu, il n'était pas venu. Seul un tendron roux vint consoler la misérable fille qui souffrait, lui offrant une poupée de roses rouges.

𝕸é𝖒𝖔𝖎𝖗𝖊𝖘 𝕯'𝖚𝖓𝖊 𝕮𝖍𝖗𝖔𝖓𝖎𝖖𝖚𝖊𝖚𝖘𝖊Where stories live. Discover now