Fille de la Lune

Prologue

en média: Waves -> Dean Lewis

Les derniers flocons de neige tourbillonnèrent à travers les rues tandis que la nuit envahissait progressivement le ciel dénué de nuages. Le petit village, d'ordinaire animé par les bruits passants de ses habitants, était particulièrement calme en cette soirée hivernale. En effet, le froid en avait découragé plus d'un de sortir, et seulement quelques courageux avaient osé braver la température, amenant un peu de vie à cette ambiance déserte.

Tout en continuant leur danse virevoltante, les flocons vinrent se poser tout en douceur sur les trottoirs, les toits des maisons, les arbres dégarnis de feuilles et les lampadaires clignotant, formant une légère couche de poudreuse.

À quelques mètres de là, à l'abri des regards, se trouvait une petite maison, elle aussi recouverte de neige. On pouvait apercevoir à travers les fenêtres, un halo lumineux qui s'en échappait, éclairant l'ensemble de l'habitation.

Camouflé par l'obscurité qui tombait, un groupe d'une dizaine de personnes, toutes vêtues de longues capes noires, empruntait l'avenue principale du village et avançait vers cette demeure. Ils marchaient de manière coordonnée, certains tenant une torche enflammée.

À l'approche de celle-ci, certains s'arrêtèrent tandis que celle en tête de file se détacha des autres et partit frapper à la petite porte en bois, suivie de près par trois de ses fidèles.

Un homme brun leur ouvrit, aussitôt attrapé par les membres du groupe qui lui faisaient face. Ils le saisirent fermement et le firent sortir sous la neige.

Sa compagne, qui suivait discrètement la scène depuis la fenêtre, se mit à monter les escaliers quatre à quatre et entra dans une chambre. Avec son mari, ils s'étaient entraînés à cette situation et la redoutait depuis longtemps. Elle détacha son pendentif tout en marmonnant une sorte de prière et l'accrocha au cou du bébé qui dormait paisiblement, attrapa des linges propres, le sortit du lit et l'emmaillota dedans. Tout en tenant son jeune enfant dans son bras, la jeune femme prit ensuite une longue cape bordeaux dans son armoire. Elle l'enfila de manière à recouvrir son corps et sa chevelure courte blonde puis s'échappa le plus vite possible de son habitation par la porte de derrière, celle qui donnait sur l'épaisse forêt de conifères, afin d'éviter de croiser les gens qui étaient venus les chercher, elle et son mari.

À quelques mètres de celle-ci, dissimulée sous sa capuche, elle vit plusieurs des hommes du groupe prendre leur torche et les jeter sur les arbres encerclant leur maison, consumant tout sur leur passage.
Les larmes aux yeux, la jeune maman courut dans la forêt, chassant l'image de sa demeure en feu de son esprit. Secoué, son bébé se réveilla et se mit à pleurer.

– Chut, mon ange. C'est bientôt fini, ne t'inquiètes pas, lui chuchota-t-elle, tout en le berçant comme elle le pouvait dans ses bras.

La jeune femme s'arrêta un instant près d'une souche d'arbre et lui chantonna une petite berceuse, celle qu'il adorait le soir avant de s'endormir. Il se rendormit apaisé, et elle sourit devant son air angélique. Elle repartit ensuite dans la forêt, plus déterminée qu'avant.

Essoufflée par sa course dans les bois, cette dernière arriva devant une petite chaumière et frappa, tout en espérant que la propriétaire soit présente. Une dame au chignon roux lui ouvrit, un sourire aux lèvres. Elle la fit rentrer dans sa maison, au chaud et à l'abri de tout.

– Annabelle ! Que fais-tu là par ce temps ? Et avec le bébé en plus ! Tu vas attraper froid !

– Je t'en supplie. Ils sont là.

Aussitôt, le sourire de la femme rousse s'estompa lorsqu'elle comprit ce qu'il se passait.

– Oh, non Annabelle ! Non ! Que puis-je faire pour t'aider ? Je pourrais vous cacher Simon, la petite et toi.

Les larmes coulaient désormais sur les joues de la jeune blonde, en formant de grandes traînées humides sur son teint pâle.

– Non, non. Tu ne peux plus rien pour nous deux. Par contre, elle doit pouvoir rester en vie et réussir sa mission. Je ne veux pas qu'ils la retrouvent... Je t'en serai éternellement reconnaissante, tu le sais...

– Que veux-tu que je fasse, alors ?

Annabelle lui déposa le bébé endormi dans les bras. Elle essuya ses yeux rougis par le froid et la tristesse et déposa un dernier baiser sur le front de son enfant. Elle releva ensuite la tête vers la femme rousse.

– Je t'en supplie, prends soin d'elle...

~🌙~

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Gros bisous et à bientôt pour les premiers chapitres.