Fille de la Lune

Chapitre XXV

en média: Someone you loved -> Lewis Capaldi

Vendredi 19 juillet

Voilà trois mois déjà que je tenais ce carnet. L'exercice ne nous était plus obligatoire mais j'avais pris goût à le faire. C'était une sorte de petit rituel désormais.

La fin de l'année approchait à grands pas. Les examens étaient tous terminés et le principal sujet de discussion était désormais le bal. Comme tous les ans et ce depuis de nombreuses années, le lycée organisait une sorte de bal de promo. C'était devenu une tradition au sein de l'établissement.

Comme je faisais partie du conseil des lycéens, j'étais très régulièrement sollicitée pour l'organisation. Cela occupait bien mes journées, ce qui rendait mes parents ravis de cet investissement. Et puis surtout, étant occupée par la préparation de l'événement, je ne disposai plus de temps libre pour voir Simon.

Il y a deux semaines déjà, j'avais écrit un mot à Simon pour mettre fin à notre amitié. J'ignorais sa réaction mais cela me pesait un peu. Je ne pensais pas que rédiger cette simple phrase 《Notre amitié était une erreur, pardonne moi. Annabelle.》 pourrait me blesser à ce point. Je m'étais attachée à Simon bien plus que je n'osais me m'avouer. Il comptait pour moi car il était une des rares personnes à me comprendre et à s'intéresser vraiment à moi, à ma personnalité, à les goûts et à mes rêves. Mes amies me comprenaient mais c'était différent. Ce lien que j'avais avec Simon s'expliquait tout simplement parce que nous étions pareils.

J'étais une Susans et lui était un McBenson. C'était ainsi. Nous étions nés chacun dans une famille qui nous empêchait de nous côtoyer. Tout ça à cause d'erreurs faites par nos ancêtres respectifs. Cette année que nous vivions actuellement était une des plus décisives de notre vie. Je ne souhaitais pas rater ma Transformation mais cela signifiait renoncer à cette nouvelle amitié. J'ignorais s'il était question de Transformation dans son peuple aussi. Nous étions nés tous les deux avec des origines dont nous étions fiers mais qui nous empêchaient de vivre notre adolescence comme les autres jeunes de notre âge.

Je soupirai et mon regard se posa sur la robe rouge suspendue sur un cintre à mon porte-manteau. Le week-end dernier, j'étais sortie faire du shopping avec mes amies, avec pour objectif de dénicher la robe parfaite pour cette soirée qui s'annonçait merveilleuse. Après maintes essayages et quelques boutiques plus tard, je tombai sur ma tenue idéale. Je fus tout de suite sous le charme et m'empressai de filer en cabine l'essayer. J'en ressortis sous les petits cris de mes amies, surexcitées depuis le début de notre vie entre filles. Je me regardai dans le miroir et fus époustouflée. Je paraissais tellement différente. Le bustier rouge grenat serti de paillettes épousait les courbes de ma poitrine et de mes hanches. Le jupon s'évasait ensuite depuis la naissance de mon bassin jusqu'à mes chevilles. Je touchai délicatement le tissu rouge vaporeux qui composait les nombreux volants. La matière était si légère, si agréable. Je tournai sur moi-même pour m'observer sous toutes les coutures dans la glace. Le dos-nu rajoutait encore plus de féminité à la tenue. Je me sentais tout simplement belle. Mon regard azur loucha sur l'étiquette dévoilant le prix. Je déglutit. Heureusement que j'avais quelque économies. Je n'étais pas grande dépensière en matière de vêtements, mais j'avais complètement craqué sur cette magnifique robe.