Chapitre 10 : Les Jeon

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L'infirmerie, toujours vide, était ce jour-là bondé. Nous n'avions pas été les seuls à être acculés et il y avait nombre de blessés dans l'école. Ajoutés aux médecins, les policiers interrogeaient tous ceux qu'ils voyaient. Des bruits qui couraient, Les Perfectium étaient traqués depuis deux ans. Pourtant, les informations à leurs propos étaient floues.

Moi, j'étais sûre de deux choses : la première, Suni y était mêlée, la deuxième, ils étaient à la recherche de la Lux. Ils étaient donc après l'un des rares trios de mages unis par un lien indestructible. Ce lien les plaçait sur la première marche des plus puissants. La Lux, la Nox et l'Aurora représentaient respectivement la lumière, les ténèbres et l'entre-deux. Ils étaient capables de partager leurs dons entre eux, mais aussi leurs corps. Ensemble, ils pouvaient détruire le monde. Les rares trios connus étaient surveillés de près. Les Perfectium traquaient donc un trio inconnu et pensaient qu'il s'agissait d'Ae-Sook. Sa famille étant dépourvue de magie, c'était peu probable. Ce lien se partageait entre frère et sœurs. En tous les cas, s'ils les traquaient, ils étaient le mal absolu. Comment Suni pouvait-elle s'allier à eux ?

—Est-ce que c'est toi, Mi-Ra ?

Je clignai des paupières. L'homme qui m'interrogeait était grand. Son regard vert était sévère et ses cheveux bruns parfaitement coiffés. Il ne portait pas l'uniforme des policiers, mais un costume. Je fronçai les sourcils, car il me rappelait étrangement quelqu'un.

—Je t'ai posé une question, gamine.

Au moment où j'aperçus Jungkook, à l'opposé de notre emplacement, je me souvins.

—Que me veut un Jeon ? répliquai-je.

Peut-être avais-je été plus cassante qu'à la normale. Le père de Jungkook lui ressemblait trop pour que je ne le vois pas en lui. Il n'apprécia d'ailleurs pas mon ton, car il serra la mâchoire.

—« Suni... Elle souffre... Pourquoi ? », ce sont bien tes mots ?

En cet homme, je reconnaissais l'arrogance et le mépris du fils. Je ne lui devais cependant rien.

Les Perfectium me semblent plus importants.

—Exactement. Pourquoi t'être préoccupée de ta sœur dans ce cas ?

J'avais voulu faire la maligne et je me piégeais moi-même.

—Si vous demandez votre fils, il vous confirmera que j'ai d'autres préoccupations que la normalité. Être décalée est ma spécialité.

—Ecoute gamine, je n'ai pas le temps pour des caprices. Je ne suis pas policier, mais ils m'ont confiée l'affaire, j'ai donc les mêmes droits qu'eux et toi, les mêmes devoirs envers moi.

La colère m'envahit. C'était une façon polie de me dire que je n'avais pas le choix.

—Je n'ai pas peur de la justice.

—Comment sais-tu qu'elle souffrait à ce moment ?

Je découvrais qu'il était frustrant qu'on ne réponde pas aux provocations. Pourquoi insistait-il tant ? N'aurait-il pas dû s'intéresser à Ae-Sook ?

—Je n'ai rien à dire à un Jeon.

Il leva la main et l'approcha de mon front. Je ne bougeai pas, ne comprenant pas ce qu'il essayait de faire. Il ne pouvait pas me frapper devant tant de gens. Enfin, en théorie.

—Laissez tomber, je m'en occupe.

Cette seconde où Jungkook s'immisça entre son père et moi était empli de faits étranges. Avant de remarquer le vouvoiement, je perçus son vent stopper la main de son père. Jungkook aurait pu la lui saisir, mais il l'avait évité. Pourquoi ?

Derrière les masquesWhere stories live. Discover now