Derrière les masques

Chapitre 23 : Deux ans

Jungkook serre les dents. Assis à une table d'un chic restaurant, il est élégamment habillé.

On dirait un rendez-vous, pensé-je. Il est cependant trop crispé pour que ce ne soit que ça. Je me demande pourquoi je rêve d'un moment pareil. Est-ce parce que je le crains à mon retour ?

Jungkook consulte sa montre. 12h10. Il hoche la tête et son sourire revient. Cinq minutes plus tard, il se lève. Son sourire fane alors. Une jeune femme arrive dans sa direction. En tailleur-jupe bleu, elle parait tout droit sortie d'un cabinet d'avocat.

—Bonjour. Excusez-moi du retard.

Junkook balaie ses excuses avant de se rasseoir.

—Je suis Jia, heureuse de vous voir.

—Combien vous a-t-il proposé ? lâche acerbe Jungkook.

—Gloire, fortune et pouvoir d'être mariée à un Jeon.

Jungkook est surpris.

—Ce sera sans moi.

Il se lève brusquement.

—Aucune de nos familles n'abandonnera. Nous pouvons faire en sorte que notre relation se passe bien.

J'ouvris les yeux, le cœur battant à tout rompre. Bien réveillée à présent, il était évident que cela avait été un moment présent. Jungkook avait-il accepté ?

—Le monde continue de tourner, Mi-Ra.

Le souffle de Suni me glaça. Comment savait-elle de quoi il retournait ?

—Qu'importe tes espoirs, qu'importe ton combat, tu ne les empêcheras pas de vivre sans toi.

Je serrai les poings sans rien répondre.

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Assis sur le banc du jardin de Hyo-Jin, Ga-Eul et Jungkook contemplent les arbres. Derrière les fenêtres de la maison, les adultes semblent vivement converser.

—Non, tu as raison, lance Jungkook.

« Ah, encore leur conversation muette. » me dis-je.

—Aujourd'hui, pas de Roméo et Juliette. Deux ans passent vite.

Ga-Eul tourne sa tête vers lui, le foudroie du regard et serre les dents.

—Je refuse de me faire une raison et d'abandonner comme les autres. Même si le doute s'agrippe fermement à toi, tu n'as pas le droit de laisser tomber. Tu m'entends ? Je suis l'Aurora, je sais qu'elles sont encore en vie. Je sais qu'elles se battent !

—La vie continue sans elle...

Son souffle semble figer la scène. Les oiseaux ne gazouillent plus, le vent ne souffle plus.

—Il est hors de question que la vie se finisse sans elles.

Pas toi, Jungkook. S'il te plait, pas toi.

J'écarquille les yeux. Il y a si longtemps que je n'ai pas entendu sa voix ! Pourquoi y parvenais-je maintenant ?

—Nous nous levons chaque matin, nous mangeons, nous rions. Et elle n'est pas là, Ga-Eul. Même si nous retrouvons Mi-Ra, que restera-t-il d'elle après deux ans ?

Ma cousine bondit sur ses pieds et le gifle. Sa paume laisse une trace rouge sur ses joues.

« Ne fais pas ça, Ga-Eul. »