Epilogue

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J'avais retardé ce moment autant que possible. J'espérais le réveil de Suni pour ce jour si spécial, mais en usant mon don de présent, je n'avais toujours qu'un seul constat : la présence de l'infirmier l'apaisait, sans la faire revenir. Après près de dix ans, je ne pouvais plus faire attendre Jungkook.

J'étais donc face au miroir, à la fois radieuse et profondément triste. La robe avait une longue traine, mais n'était pas blanche comme de coutume. Je ne voulais pas de cette couleur d'hôpital. Je voulais donner de l'espoir, de l'entrain, de la joie. Ainsi, elle était orange, se voyait à des kilomètres à la ronde et épousait mes formes. Mon seul regret était que Suni ne pouvait me voir la vêtir.

Je passais une main sur mon reflet, m'imaginai le regard empli de malice de Suni, la fierté de mes parents. Je n'avais pas le cœur à la fête.

—Tu devrais arrêter de te prendre la tête, c'est ton jour ! s'exclama Ga-Eul.

Elle devait me fixer depuis plusieurs minutes déjà. Sa robe bleu foncée lui allait comme un gant. Pour un peu, elle me ferait de l'ombre ! Ga-Eul avait dix huit ans, mais je ne comptais plus le nombre de tête qui se tournaient à son passage. Elle était étincelante. A tel point que personne ne trouvait étrange qu'elle se présente à la Présidence aussi jeune.

—Il y a trop de choses qui ne vont pas...

—Jungkook se fiche de l'absence de sa famille, contra Ga-Eul. Il n'est même jamais allé les voir. Ton seul souci, c'est Suni.

—Je sais... bougonnai-je.

—Tu n'as pas confiance en elle ?

Dix ans, c'était trop long. Dans quel état se réveillerait-elle ?

Ga-Eul soupira avant de s'étaler sur le lit. Ses pouvoirs n'avaient de cesse de croitre, toujours plus. Ses talents dépassaient de loin les miens et ceux de ma sœur réunis. Elle pouvait anéantir n'importe qui en claquant des doigts. Jamais elle ne s'en vantait. Elle était d'une sagesse infinie, bien que parfois impatiente.

—Il est temps de faire ton entrée, m'annonça Ga-Eul.

J'inspirai profondément avant de sortir de la pièce et de rejoindre l'allée au bras de mon père. Il y avait des fleurs partout et tous les regards se braquaient sur moi. La famille de Jungkook n'étant pas là, nous n'étions pas nombreux. Mais tous ceux présents comptaient à mes yeux. Ma famille, Ae-Sook, Jimin, Jaewoon, quelques amis que je m'étais faits durant ces dix ans.

Je levai les yeux face à Jungkook. Il souriait, comme s'il ne pouvait pas être plus heureux. Il attendait ce moment depuis toujours. L'aboutissement de ses trop nombreux sacrifices.

Il leva sa main et je la saisis.

—Tu es magnifique, souffla-t-il.

Je souris.

—Pouvons-nous commencer ? interrogea le maire.

Je m'apprêtais à confirmer lorsque j'entendis dans mon esprit Ga-Eul demander un peu de temps.

—Cinq minutes ? quémandai-je.

Le maire hocha la tête tandis que les invités s'inquiétaient. Je haussai les épaules. Puis je perçus le rire cristallin de ma cousine et je faillis m'effondrer. Jungkook me soutenait.

—Attendez-nous, on ne veut rien manquer !

Je me retins de toutes mes forces de ne pas pleurer, pour ne pas gâcher mon maquillage.

—Je pense qu'il y a plus important, me glissa Jungkook.

Je luttai encore une seconde, avant de me laisser aller. Ga-Eul agitait ses mains de loin, assise sur des racines arrivant vers nous. Je vis à peine son clone à mes côtés disparaitre. Il n'y avait que les deux silhouettes à ses côtés. La première portait une blouse blanche avec son nom accroché sur le devant. La seconde portait la robe des malades.

—Suni...

Ga-Eul la déposa sur les premières chaises avec l'infirmier. Ce dernier ne semblait pas comprendre ce qu'il faisait là, mais sourit poliment. Ma sœur, elle, me souriait.

—Voilà, nous sommes au complet ! décréta-t-elle. On peut les marier sans problème maintenant !

L'émotion nous saisissait tous. Mon mariage était en effet parfait à présent. Suni allait être heureuse avec lui et moi avec Jungkook.

Que demandait de plus ?

Derrière les masquesWhere stories live. Discover now