Chapitre 38 : Libération

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Mes paupières s'abaissaient et se relevaient. J'étais fatiguée. Extrêmement fatiguée. C'était comme si le poids de plusieurs années s'écrasait sur moi et m'empêchait d'ouvrir les yeux. Plusieurs fois, je perdis le combat et retombai dans l'inconscience. A chaque fois, j'avais senti comme une présence familière. Puis, après échec sur échec, mes yeux restèrent ouverts. J'avais vu sur un immense sapin, aux feuilles bien vertes. Elles reflétaient les rayons du soleil.

Souhaitant me mettre sur le dos, je bougeai mon bras et ressentis la gêne d'une perfusion. J'amenai alors ma main à mon visage, puis soupirai. Que faisais-je là ? Tout était flou dans mon esprit. Que faisais-je avant de fermer les yeux ?

« Nous combattions. »

La présence de Ga-Eul me rassura, tout autant qu'elle fit naitre une gêne. Elle me semblait affligée.

Je me redressai, contemplai la chambre d'hôpital et décidai d'ignorer la perfusion. Je tentai de me lever, mais me figeai.

—Ce n'est effectivement pas une bonne idée.

Jungkook était adossé au mur, près de la sortie. Il portait son uniforme de policier. J'y cherchai l'étoile de son grade de commissaire et la trouvai avec soulagement. Même si sa famille entière était des criminels, il ne méritait pas d'être jugé de la sorte.

Il sourit et je jurai. J'étais trop dans le brouillard pour avoir dressé ma barrière mentale.

—Tu n'essaies même pas ?

Il avait bonne mine, mais je ne me laissais pas duper. Il semblait sur le point de m'annoncer une mauvaise nouvelle. Le nom de Suni claqua dans mes esprits et je serrai plus fort les barreaux de mon lit.

Jungkook s'approcha lentement du lit, comme s'il voulait prendre des pincettes. C'était forcément une mauvaise nouvelle. Je retournai sagement sous les couvertures, feignant être la malade parfaite.

—Je ne suis pas là en tant que commissaire.

J'arquai un sourcil. Que lui arrivait-il ?

—Tu portes l'uniforme, remarquai-je.

Il passa une main dans son cou.

—Je m'en suis servie comme excuse. Il n'autorisait que la famille.

—Pour...

Le reste de ma phrase se perdit dans mon esprit. Là, à côté de moi, Jungkook se mit à pleurer. Il serrait ma main dans la sienne.

—Tu es en vie.

Il me donna l'impression de l'avoir craint durant une décennie tant l'émotion le saisissait. Je ne savais pas comment agir.

« Laisse-le pour l'instant, il n'est pas encore prêt à t'expliquer. »

Ainsi, lorsqu'il se calma et prit son rôle de commissaire, je ne fis aucune remarque.

—Tu devras donner ton témoignage. L'organisation Perfectium a été dissoute et tous ses membres se trouvent en ce moment en prison.

—Ta famille y compris ?

—Oui. Les victimes ont pu retourner dans leur famille ou le cas échéant être soigné.

Il me récitait une leçon. C'était très désagréable comme sensation. Avait-il appris par cœur son texte pour être certain de ne pas dévier du sujet ? Pourquoi cette prise soudaine de distance ?

Je le vis grimacer, m'attendis à une crise de larmes, au lieu de quoi il passa une main sur son visage et s'excusa.

—Je suis encore endormi ou c'est toi qui...

Derrière les masquesWhere stories live. Discover now