Chapitre 34 : Attaque

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Je m'étais entraînée sans relâche durant une semaine. A présent, je pouvais user de mon don du présent à ma guise. Cependant, il avait deux inconvénients non négligeables : le premier, lorsque mon esprit s'évadait la nuit par ma volonté, je ne dormais pas, c'était donc comme si je faisais nuit blanche. Le deuxième, mon corps pouvait être attaqué sans que je n'en aie conscience. Il me fallait donc un endroit sûr, que les Perfectiums et les Jeon ne pouvaient atteindre. J'y avais bien réfléchi et je n'en voyais qu'un : le commissariat. Certes, les Jeon collaboraient avec l'ennemi, mais pas la police. Je voulais y croire.

Le moyen le plus simple et efficace que je trouvais pour me faire enfermer sans que cela me conduise en prison était d'avoir l'air saoule devant le bâtiment. Laisser une ivrogne sans surveillance était dangereux. Je misais tout sur cela, lorsque je m'y trouvais, une bouteille de vodka à la main, chantonnant la dernière musique à la mode. Les deux premières fois ne m'avaient pas permis de découvrir quoi que ce soit. Les Jeon restaient dans leur maison.

La troisième nuit, mes efforts payèrent enfin.

J'efface totalement ma présence, rendant indétectable mon souffle. Il y a la famille au complet, si on oublie Jungkook. Ils se vêtissent de cape noire avec des capuches.

C'est certain ? demande le chef de famille.

Jaewan hoche la tête.

J'ai vérifié les propos de Jungkook, la Lux est enfin dépressive. Elle passe ses nuits au commissariat. J'ai chargé Jungkook de la surveiller, il ne la laissera pas sortir avant l'aube.

Le chef de famille acquiesce, puis donne le top départ. Ils se mettent en mouvement, d'abord à pas mesuré, puis une fois la ville quittée, ils se hâtent. Les plus rapides détallent et je m'efforce de suivre les plus lents, qui n'ont rien d'escargot. Nous passons à travers de nombreux champs et forêts. Lorsque la fatigue tente de me faire revenir dans mon corps, je lutte en pensant à Suni. Bientôt, je saurai.

Il a dû s'écouler deux ou trois heures, lorsqu'ils se stoppent enfin. Un à un, je les vois disparaitre, alors qu'il n'y a rien. J'hésite à franchir le dôme à mon tour, mais ce ne serait pas une bonne idée. S'ils sentent ma présence, je n'aurais pas de deuxième chance. Je reviens donc dans mon corps.

Je pris garde à papillonner des paupières, comme si je me réveillai d'un long sommeil. Je m'attendais à être surveillée, mais pas par Jungkook lui-même. Je manquai de sursauter lorsque je le reconnus.

Je tâtonnai autour de moi, à la recherche de ma bouteille, mais comme attendu, elle n'était plus là.

—Je l'ai gardée, avança Jungkook tout en l'agitant devant mes yeux.

—Pourquoi ? Tu t'inquiètes encore ? ris-je.

Jouer l'alcoolique face à lui me demandait plus d'efforts. Derrière mes mots, il m'était évident qu'il y avait une part de vérité.

—Oui.

J'eus l'impression qu'il avait hurlé. Ma surprise se calma rapidement : je me souvins des mots de Jaewan « Je lui ai demandé de la surveiller. ». Jungkook était ici pour sa famille.

Je ris encore plus fort.

—Pourquoi fais-tu ça, Mi-Ra ?

Je cessai aussitôt de m'amuser.

—J'ai à nouveau tout perdu...

—Ta famille est là, répliqua-t-il durement.

—Jamais personne ne remplacera Suni.

Derrière les masquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant