Chapitre 14 : Réveil

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La pièce est sombre, pas un petit rayon de soleil ne pénètre l'endroit. Il y a une respiration forte, mais pas sifflante. Parfois, on entend un corps qui bouge.

Un grincement retentit : la porte est ouverte. Un rayon de lumière jaillit dans l'endroit. C'est un cachot. De la paille est posée par terre, sale. Le cliquetis d'une chaîne résonne, c'est le corps qui bouge. Ses paupières sont fermées, surprises par le brusque changement. La jeune femme ne se débat pas, n'hurle pas. Elle attend patiemment que les geôliers s'approchent d'elle. Les deux jumeaux sourient.

Vous ne gagnerez pas, murmure le corps frêle.

L'un des deux s'accroupit, plonge son regard dans ceux de la prisonnière.

Atsushi a un plan, brillant.

Et moi, une sœur brillante.

Elle nous tombera dans la main, assure le jumeau. Bientôt, vous serez deux dans cette prison.

Le corps grogne, et les deux geôliers rient.

J'hurlai en me réveillant. Déjà, les images s'effaçaient. Ces cauchemars m'assaillaient sans cesse peu après sa disparition. Ils étaient l'une des raisons pour lesquelles je m'accrochais tant à un kidnapping. Pourquoi refaisaient-ils surface après si longtemps ?

Je posai une main sur mon cœur, trop rapide, et m'exultai au calme. J'étais terrifiée, non pas parce que je vivais chaque seconde du cauchemar, mais parce que je n'étais qu'une spectatrice de cette tragédie. J'avais beau souhaiter changer le cours des choses, le transformer en rêve joyeux, je n'avais aucun pouvoir.

—Tu es réveillée !

Le soulagement d'Ae-Sook, qui entrait comme une furie, ne suffit pas à me faire sourire. Mes mains étaient encore marquées par mon geste, mon esprit bloqué sur ce cauchemar.

Elle me serra dans ses bras, comme si j'avais failli mourir.

—Tu vas mieux ? interrogea Ae-Sook, tandis que je lui rendais timidement son étreinte.

Mon regard se posa derrière elle, la fenêtre donnait sur l'immense chêne, à l'arrière de l'école. J'étais donc à l'infirmerie.

—Oui. Non, rectifiai-je. J'ai revu ce cauchemar. J'ai failli tuer un camarade.

Je repoussai son corps. Ae-Sook devait s'éloigner, tant que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait.

—Jungkook s'est laissé faire et il est déjà remis sur pieds.

Pourquoi ? Cela restait insensé.

—Que s'est-il passé Mi-Ra ? Tu es devenue...

Quelqu'un d'autre, finis-je pour elle. Je me rappelai de cette sensation, comme si je bouillonnais de l'intérieur. Je retirai ma main de la sienne. Jungkook était imprudent, mais j'étais dangereuse.

—Tu devrais pas avoir peur, me reprocha Ae-Sook. C'est lui qui t'a laissé le dominer. Il aurait pu t'arrêter, il t'a provoquée exprès.

—Je sais, mais je me suis pliée à ses exigences. J'ai failli le tuer, Ae-Sook.

Etais-je un monstre ?

—T'as pas encore compris, hein ?

Je fronçai les sourcils.

—Tu sais pas ce que t'as été capable de faire, hein ?

Je penchai ma tête. Qu'avais-je accompli de si extraordinaire ?

—Tu as disparu en un battement de cil et il y avait cette espèce de mur... Ce truc infranchissable ! J'ai bien cru que M. Nam allait mourir d'angoisse de pas pouvoir intervenir.

Derrière les masquesWhere stories live. Discover now