Chapitre 31 : Révélations

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La réalité me terrifiait tant que je perdis pied. Je m'enfermais dans un monde où rien n'existait, pas même moi. Peut-être suis-je restée ainsi deux heures ou deux jours. Mes souvenirs reprennent à mon réveil, dans une chambre d'hôpital.

Mes joues étaient humides et mes yeux me piquaient. Je revoyais encore et encore Suni disparaître avec eux et mon chagrin ne faisait que s'amplifier.

Une main se glissa dans la mienne, cela me rassura quelques secondes, le temps que je prenne conscience qu'il ne s'agissait pas de Suni. Mes parents m'observaient, les larmes aux yeux. Ils essayèrent plusieurs fois de parler, en vain. Je tentai moi aussi, mais ma gorge me brûla au point d'en pleurer.

—Reste silencieuse, les médecins ont dit que tu aggraverais tes cordes vocales si tu forçais.

Mes parents se tournèrent vers la porte, moi pas. Je n'avais d'yeux que pour eux. Nous partagions le même chagrin cette fois-ci. Il n'y avait pas de secret, pas de non-dit. Etait-ce là notre chance de la libérer ?

—Bonjour, M. et Mme. Hwang.

Mes parents répondirent à Jungkook par un hochement de tête.

—Tu es ici en tant que chef de la police, n'est-ce pas ?

Mon ancien coéquipier dut répondre par un geste, car je n'entendis pas sa réponse.

—Mi-Ra, est-ce que tu te sens de faire ta déposition maintenant ?

Longuement, je fixais mon père. Je n'étais prête à rien, ni à ce qu'ils me lâchent la main, ni à les perdre de vue, ni à repenser aux derniers événements. Je voulais échafauder un plan, m'entraîner, partir de suite la libérer. Hélas, je n'étais capable de rien seule, j'en avais conscience.

Jungkook dût comprendre que ce n'était pas le moment, car lorsque je réentendis sa voix, le soleil était couché et mes parents partis depuis trois minutes.

—Salut.

Ce furent ses seuls mots durant près de dix minutes. Ne savait-il pas par où commencer ? Ou se doutait-il que j'avais l'impression de mourir chaque fois que je me rappelais son kidnapping, juste sous mes yeux ?

—Ga-Eul est bien traitée.

Je fermai les paupières. Mes parents m'avaient avertie que ma cousine était retenue au commissariat suite à la destruction d'une partie du centre-ville. Le temps qu'elle soit jugée, le lendemain, elle était détenue dans une cellule.

—Est-ce que tu as mal ?

Sa question provoqua l'hilarité de ma part. Je n'étais que cela : de la douleur. Je ne ris pas longtemps, car ma gorge me brûla.

—Je parlais physiquement.

Quel but poursuivait-il ? Le sens de ses questions m'échappait.

—Tes parents ne t'ont presque pas quittée des yeux depuis ton arrivée ici, je n'ai pas osé essayer de te soigner.

Je lui accordai le droit de lire mes pensées.

« Tu te crois meilleur que les médecins de cet hôpital ? »

Il garda le silence, sans pour autant me quitter des yeux. Je réalisai que même si nous ne nous étions pas parlés depuis longtemps, il s'inquiétait. Il savait ce que représentait ma sœur pour moi et les plaies que sa disparition rouvrait.

« Ma gorge me brûle. Tu peux peut-être essayer de l'apaiser. »

—J'ai besoin de poser ma main sur ton cou, m'avertit Jungkook.

Derrière les masquesDove le storie prendono vita. Scoprilo ora