Chapitre 26 : Retour

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Je me jetai dans les bras de ma sœur, sans savoir si elle le percevait réellement. Son absence me frappa de plein fouet, car elle ne me rendit pas mon étreinte.

—Nous sommes libres, Suni ! lui criai-je à l'oreille.

Je pleurai, je sanglotai. Finalement, je pris un peu de distance et ma gorge se noua. Le cœur de Suni battait, mais son esprit était-il toujours là ?

—Nous allons reprendre une vie normale. Nous... comme avant, Suni.

Ses pupilles ne s'animèrent pas. Ni quand je lui pris la main, ni quand je continuai de lui conter tout ce que nous pourrions faire.

—Je ne savais pas comment te le dire, Mi-Ra, débuta Ga-Eul. Je n'arrive pas à la récupérer.

—Non ! hurlai-je.

Mes mains enserraient les épaules à ma sœur. Il était impensable de la perdre de cette façon.

—Elle a trop souffert, elle préfère le rêve à la réalité, poursuivit Ga-Eul.

Je giflai si fort Suni que j'en eus mal à la main.

—J'ai passé ses quatre dernières années à me battre pour toi, tu n'as pas le droit !

Mes appels restaient sans réponse. Ma magie bouillonnait en moi, ce don de lumière souhaitait réduire le monde en cendre. Qu'importe que je sois la Lux, il cherchait la mort. Deux forces se heurtèrent soudain, créant une bourrasque.

—La mort, c'est moi.

Le temps sembla se suspendre. Le regard de Suni était las, fatigué, mais bien vivant. Elle me sourit.

—Rentrons.

Je hochai la tête tout en me relevant. Que venait-il de se passer ? Je lançai un regard vers Ga-Eul, mais elle haussa les épaules. Je décidai de ne pas insister, parce que je n'en avais plus l'énergie.

J'observai ma sœur avancer aux côtés de mon père. Elle n'avait plus rien de la jeune fille pétillante d'il y a six ans. Sa maigreur m'effraya encore. Toute l'adrénaline, toute la peur que je ressentais alors jusqu'ici s'évapora et mes forces m'abandonnèrent. Mes jambes cédèrent.

—Tu en a trop fait, comme d'habitude, grimaça Ga-Eul.

Elle se tenait devant moi, les mains sur les hanches, tandis que ses lianes me maintenaient debout. J'ouvris la bouche, pour lui répondre, mais aucun son n'en sortit. Cette ambiance, comme si rien ne s'était produit, me gênait énormément.

—Tu n'aurais pas dû autant user de tes dons alors qu'ils te les aspiraient.

Me reprochait-elle d'avoir tout tenté pour survivre ? Encore une fois, ma bouche se contenta de s'ouvrir.

Une main se posa sur mon épaule et mon souffle me sembla plus régulier.

—Mais elle est contente que tu l'aies fait, termina Jungkook.

Le regard de ma cousine s'écarquilla avant qu'elle ne s'écrie :

—Tu as juré de ne pas...

—Je pense que c'est important à dire, la coupa mon binôme.

Elle soupira avant d'abdiquer. Ses lianes m'aidèrent à me déplacer sur plusieurs mètres, avant que je ne reprenne le contrôle de mon corps. Cette situation me déstabilisait. On ne pouvait pas agir comme avant.

Je passai mes mains autour de mes bras, mal à l'aise. Lorsque je vis des pieds, je relevai la tête.

—J'ai tant de choses à te dire, Mi-Ra, souffla Ae-Sook.

Derrière les masquesWhere stories live. Discover now