Chapitre 32 : Ae-Sook

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Mille et une questions m'empêchaient de m'endormir le soir. Ainsi, je passais en revue les articles, encore et encore. Plus je le faisais, plus le lien entre les Jeon et les Perfectiums me semblait évident. La famille de Jungkook n'échouait dans aucune de leur mission, hormis celle-ci. Bien sûr, ils se cachaient derrière l'importance et la puissance du groupe, mais c'était une excuse trop tangible pour être crue. Cela me sautait au visage, maintenant que je lisais toutes les informations les unes après les autres. Il y avait cependant une question sur laquelle je ne parvenais à trancher : de quel côté était réellement Jungkook ? Aidait-il sa famille en toute état de cause ? la soutenait-il par contrainte ? Ou luttait-il contre les Perfectiums ?

Je pinçai mes lèvres, face à mes souvenirs d'avant. Confrontés à la vision de Ga-Eul, il était évident qu'il ne cautionnait par leurs actes. Là où j'étais indécise était sur sa position : jouait-il la comédie pour que sa famille ne le soupçonne pas ou se soumettait-il comme il l'avait toujours fait ?

Je le revis clamer à son père que les Hwang avaient réussi là où les Jeon avaient échoué. Il s'était laissé battre ensuite, mais la rébellion avait brillé dans son regard et dans ses gestes. Je savais à quel point il pouvait être bon acteur, il était capable de duper les Jeon.

Et Jia ? me questionnai-je. L'aimait-elle vraiment ou servait-elle dans l'ombre le grand Jeon ?

J'avais mal à la tête à force de ressasser les mêmes interrogations. Puis, dans le silence de la nuit, je perçus son vent. Je vérifiai mes sapins d'hiver, mais ils étaient toujours là. Combien diable Jungkook pouvait-il donc avoir deviné ?

Je me levai et allai à sa rencontre. Il se tenait à côté du portillon, adossé au mur.

—Ta sœur m'a demandé de venir cette nuit. Le futur qu'elle a vu semble se réaliser.

Je serrai les dents. Cette façon de tout prévoir m'horripilait au plus haut point ! Mais qu'aurais-je donné de pouvoir la sermonner à ce propos...

Une semaine était déjà passée et le tic-tac de l'horloge ne cessait de résonner.

Dans ma forêt, je fis apparaitre le visage de Jungkook, ce qui lui permettait d'entendre mes pensées. Il me fallait encore attendre deux semaines avant de pouvoir à nouveau parler de vive voix.

« Est-ce que tu as toujours su que ta famille travaillait avec les Perfectiums ? »

Les minutes s'égrenèrent dans un silence de mort. Jungkook me fixait intensément. Se demandait-il par quel moyen j'étais parvenue à cette conclusion ou se doutait-il que je comprendrais ? Craignait-il ma réaction ?

—Oui.

Il ne me fallut pas même un souffle pour le gifler. Il continua de me fixer, comme si rien ne venait de se produire.

« Je t'ai toujours défendu face à ma famille et leurs allégations. Je ne t'appréciais pas, mais je te pensais juste. Etait-ce amusant de me voir compter sur toi, alors que c'était ta famille la responsable ? Tu as finalement toujours joué le jeu de ton paternel. Tu m'écœures. »

Il était tard, j'étais épuisée par mes nuits presque blanches, et je regrettais mes derniers mots presque instantanément. Jungkook était prisonnier de ses liens de sang. Même s'il était en mesure de les confronter, la peur ne pouvait pas s'oublier aussi rapidement.

—Je continue de jouer son jeu, répondit mon ancien coéquipier.

Je me décomposai, avant de claquer la porte d'entrée. Je réveillai en sursaut mes parents, qui fondirent sur moi pour vérifier que j'étais toujours là. Je les rassurai comme je pouvais, tout en me disant que Jaewan et Jungkook étaient peut-être plus semblables que je ne l'avais cru.

Derrière les masquesDove le storie prendono vita. Scoprilo ora