CHAPITRE 3

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SÉFIA

Harley McCarthy est rentré aujourd'hui. Cette pensée n'a pas quitté ma tête de la journée. À chaque fois que j'imagine les lumières tamisées, la musique au volume le plus élevé et les jeux d'alcool stupides, je lève les yeux au ciel, doutant de plus en plus de ma décision.

C'est ainsi que je me retrouve devant ma penderie, l'esprit perdu dans un flot de songes. La nuit qui m'attend est au centre de mes pensées. Je parcours d'un regard las mes vêtements, et effleure les cintres du bout des doigts en soufflant d'exaspération.

Au départ, mes parents ont été réticents quant à cette sortie, et je les comprends. Je sais mieux que quiconque combien ce genre d'endroit peut être le foyer de drogues, d'alcool, de testostérone... En clair, tout ce que je déteste. Mais Chani a réussi à nous convaincre tous les trois, en me promettant qu'elle ne me lâcherait pas, et je pense pouvoir dire que je lui fais confiance. Ainsi, mes parents ont accepté. Depuis hier soir, j'ai le droit à leurs regards inquiets, à leurs multiples recommandations... Leur angoisse coule sur ma peau et pénètre mes veines, me faisant sentir combien mon corps est réceptif face à tant d'incertitude.

Mon téléphone vibre sur la table de nuit. Je tends le bras pour le prendre et le déverrouiller. Chani me demande d'être prête dans une dizaine de minutes. Sans réfléchir plus longtemps, j'attrape mon jean noir et un sweat à capuche de la même couleur. Je m'enferme dans la salle de bain et retire rapidement mon haut. Mon soutien-gorge serre ma poitrine, mais c'est autre chose qui oppresse ma cage thoracique. Je croise mes iris gris dans le miroir, et m'aperçois que ma lèvre tremble et que mes yeux brillent. Ce n'est pas le moment de pleurer ! Ressaisis-toi, bon sang !

Je recouvre ma peau du vêtement, et tire dessus pour cacher mes formes. Mon corps dénudé me dérange. Il ne m'appartient plus, et me file entre les doigts à chaque coup d'œil. Il m'envoie de plein fouet des images que je me force à oublier, et je lui en veux. Mes hanches, mes jambes, mes bras... Tout me répugne, désormais.


Skylar me pousse dans l'allée. Je relève le nez en rigolant pour me confronter à l'immensité de la maison de Caeden. Un véritable contraste avec le minuscule appartement que je partage avec mes parents, en plein centre-ville. Je ressers ma veste en jean, et croise les bras autour de ma poitrine. Il fait assez froid, pour un mois de février. Alors que nous montons les marches du perron, je tourne la tête vers Sky, qui sautille sur place à côté de moi.

Ce soir, nous sommes toutes les deux invitées à une soirée chez Caeden, le mec le plus populaire de notre lycée, accessoirement le petit ami de Sky depuis environ deux semaines. Nous entrons par la porte déjà ouverte, et j'observe le nombre de personne, déjà important. Devant moi, Skylar me fait signe d'avancer. Elle se fraie un chemin entre les masses corporelles, tout en ondulant légèrement les hanches au rythme de la musique. Nous cherchons son copain au milieu de la foule, avant de le trouver dans le salon. Entouré de ses amis, il est en train de siroter sa bière, quand il remarque enfin la présence de mon amie, il sourit et s'écrit :

- Voilà la star de la soirée !

Tous les étudiants présents lèvent leur verre, et sifflent bruyamment, provoquant l'hilarité de ma meilleure amie. Une fois le brouhaha passé, elle s'accroche à la nuque de Caeden et l'embrasse langoureusement, avant de plonger ses mains dans les cheveux du grand blond, sous les regards lubriques et les coups de coude des mecs de l'équipe de football. La main de Caeden descend lentement au creux des reins de mon amie, et je me doute qu'il souhaite aller plus loin. Mais Skylar l'arrête en enroulant ses doigts autour du poignet de son petit ami, et ils se séparent. Caeden ricane en levant les yeux au ciel, et passe son bras autour des épaules de Sky. Celle-ci semble radieuse, et je suis vraiment contente pour elle. Depuis quelques temps déjà, elle tentait d'attirer l'attention du fameux quarterback. Cela me faisait rire de voir combien elle changeait du tout au tout quand il nous frôlait à la cantine, ou quand il lui souriait en cours. Le jour où il l'a invité à sortir pour la première fois, j'ai cru qu'elle allait s'évanouir !

Quelqu'un Pour ToiWhere stories live. Discover now