Quelqu'un Pour Toi

CHAPITRE 23

SÉFIA

Ce matin, dans les couloirs de Lawton High, c'est une véritable effusion de joie. Malgré certains visages qui prouvent que sept jours de repos n'ont pas été suffisants, la plupart des élèves semblent heureux de se retrouver. J'allonge le pas et traverse le couloir principal, un sourire au coin des lèvres.

Je trottine presque en apercevant la tignasse de Chani, appuyée contre son casier. Coco me voit la première, et comme d'habitude, elle lève son index et son majeur dans un signe de victoire pour me saluer. Mais ça ne me satisfait pas, je suis bien trop heureuse de la voir. Une semaine confinée, ça peut rapidement vous rendre dingue !

Elle ouvre ses bras en souriant et les enserre autour de moi lorsque je me blottis contre elle.

— Tu m'as manqué...

Je me détache de notre étreinte, elle se penche pour déposer un petit baiser sur le haut de ma tempe.

— Toi aussi, Séfia.

Je souris, rassurée. Je ne suis donc pas la seule à ressentir ce tourbillon d'émotion indescriptible. Je ne me fais pas de fausses idées. Nous sommes réellement des amies...

— Ouais, enfin bon ! Fallait me le dire si je sentais le chameau, j'aurais compris. J'ai l'esprit très ouvert sur les odeurs corporelles ! se renfrogne Chani.

Je rigole et me tourne vers elle, sous le regard désapprobateur de Coco.

— Combien de fois t'ai-je répété de ne pas insulter les animaux ? Les chameaux n'ont pas besoin d'être rabaissés à ton niveau  !

— Va te faire voir, Hills.

— C'est ça, marmonne la petite brune.

J'embrasse brièvement Chani sur la joue. La cloche met rapidement un terme à nos retrouvailles tant attendues, et nous filons en cours à contrecoeur.

* * *

Je sors de la classe en compagnie d'Evie. Elle me raconte avec entrain ce qu'elle a fait durant la semaine de relâche, mais je l'écoute d'une oreille distraite. En réalité, je cherche quelqu'un. Celui dont le sourire accélère les battements de mon coeur. Celui qui me dit bonjour en embrassant ma joue. Je ne l'ai pas vu ce matin, et ça m'intrigue.

Nous marchons à un rythme régulier en direction des casiers. Soudain, je sens deux mains se poser sur mes côtes pour les chatouiller. Sans pouvoir me contrôler, j'éclate de rire et me tortille pour échapper à mon assaillant, qui ricane derrière moi. Je tourne les talons et croise le regard espiègle de Harley. Il me lance un clin d'œil, et grimace avant de poser son bras autour de mes épaules.

— Bonjour petite Séfia ! Ça va ?

Je hoche la tête. Le garçon qui me tient contre son flanc possède un charme naturel, et une odeur typiquement masculine. Ses yeux en amande et ses cheveux clairs lui donnent un air de jeune homme bien élevé, pourtant, ceux qui le connaissent savent que c'est le plus taquin de notre groupe. Harley est toujours prêt à se moquer de nous, à mentir ou à lancer des plaisanteries plus pourries les unes que les autres. Mais derrière ce masque de trublion, ce n'est pas compliqué de voir le garçon qu'il cache. Comme tout le monde, il possède des craintes et des secrets. Il enterre ses émotions tellement profondément qu'il en vient à se persuader lui-même qu'il ne joue pas un rôle. C'est ce qui le rend légèrement fragile, souvent exécrable, et par-dessus tout lunatique. Un caractère compliqué pour un garçon compliqué. J'ai du mal à connaître ses véritables pensées, parfois...

Je me tourne vers Rafaël, qui se tient derrière Evie, les bras croisés contre le torse. Il nous observe en souriant, et c'est impossible de ne pas lui rendre la pareille. Entourée de ces trois-là, je me sens à ma place. Ils me donnent le temps nécessaire, l'espace dont j'ai besoin, et ne me posent aucune question sur mon passé.