CHAPITRE 20

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SÉFIA

Lorsque Kenzo gare sa voiture sur le parking de l'hôpital, je me mets à douter. Était-ce une bonne idée de quitter la fête d'Halloween pour venir voir une fille qui n'a démontré aucun signe de sympathie envers moi ? Je n'en suis pas sûre... J'ai vraiment le chic pour m'approcher de ceux qui ne m'apprécient pas.

Kenzo tire le frein à main et coupe le contact. Du coin de l'œil, je le vois tourner la tête vers moi, mais je garde les yeux fixes sur l'hôpital, inquiète de la tournure des événements.

— On y va ? lance le grand brun en balançant son paquet de cigarettes sur la banquette arrière.

J'acquiesce sans pour autant bouger d'un pouce. Argh ! Quelle idiote ! Pourquoi a-t-il fallu que j'accepte de l'accompagner ? Parce que tu ne voulais pas perdre cette sensation étrange au creux de ton estomac, murmure une petite voix dans ma tête. Et elle a plus que raison. Cette alchimie entre Kenzo et moi, je ne peux la nier. J'ai bel et bien ressenti quelque chose lorsqu'il était près de moi, au bord de la piscine. Je ne sais pas si j'ai adoré les frissons qui m'ont assaillit lorsqu'il m'a touché, ou s'ils m'ont effrayé.

— Qu'est-ce qu'elles ont toutes à adorer les sièges de ma caisse ? marmonne Kenzo en sortant de la voiture.

Il verrouille les portières tandis que je lui emboîte le pas en direction de l'accueil. La nuit se rafraîchit vite en Californie. Nous sommes loin de la chaleur insoutenable du salon des McCarthy ! Même si j'ai vécu une majeure partie de mon enfance sous les hivers glaciaux de la Slovaquie, mon corps s'était habitué aux températures douces de l'Arkansas...

J'enfonce les mains dans mes poches et tourne le visage vers Kenzo. Il marche à mes côtés, la tête haute, les épaules droites, comme un homme sûr de ce qu'il fait. Je me demande si parfois, ce masque d'assurance n'est pas trop dur à porter. J'aimerais lui poser la question, mais je sais déjà qu'il se moquerait de moi et de mon inquiétude irrépressible.

Nous grimpons les marches et j'ouvre la lourde porte vitrée pour pénétrer dans l'enceinte, Kenzo sur mes pas. Les deux hommes en blouse blanche qui se trouvent à l'accueil cessent tout geste et nous observent, perplexe. Gênée d'être la cible de l'attention, je baisse les yeux et fixe la pointe de mes chaussures. Soudain, je comprends. Un pirate et une mousquetaire dans un hôpital, on ne peut pas faire plus étrange ! Je retire mon chapeau à plumes pour être un minimum présentable et nous avançons vers l'ascenseur. Les portes se ferment, et nous plongent dans le silence. Je joue avec le bout de mon costume en me demandant ce que je vais bien pouvoir raconter à la sœur de Kenzo... Je n'ai clairement pas fait bonne impression la dernière fois, et j'avoue m'en vouloir un peu. Si elle me demandait de ficher le camp ? Ou si elle avait prévu de passer la soirée avec son frère ?

— Un problème ? demande Kenzo, au moment où les portes s'ouvrent.

Je le suis au ralenti dans le couloir.

— Je devrais probablement t'attendre en bas, à la cafétéria...

Je l'entends soupirer tandis qu'il tourne les talons pour venir à ma rencontre. Il se plante devant moi, et je lève le menton pour croiser son regard.

— Ma sœur n'est pas une connasse sans cœur. Fais-moi confiance, murmure-t-il.

J'ignore la chaleur qui s'élève en moi lorsqu'il effleure doucement ma main, avant de la prendre dans la sienne. C'est la première fois qu'il me parle sur ce ton. Je cherche une quelconque trace de moquerie dans son regard, un rien qui pourrait m'indiquer qu'il se fout de moi. Mais je ne trouve que ses prunelles émeraude qui attendent une réponse. Alors je hoche lentement la tête, sans quitter ses yeux du regard. Il recule et me montre le couloir d'un signe de tête tout en me tirant par la main. Résignée, je traîne les pieds jusqu'à la porte de Nina. Kenzo entre en premier et je le suis timidement.

Quelqu'un Pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant