CHAPITRE 33

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SÉFIA

J'agrippe la rambarde et je descends prudemment les marches qui mènent au hall de la maison des McCarthy. Les filles rigolent et chahutent devant moi, tandis que j'essaie tant bien que mal d'avancer avec ces fichus talons. Non mais franchement, quelle idée de porter un truc pareil ?

Je titube une énième fois avant de retrouver mon équilibre et descends le dernier mètre avec la plus vaine des précautions, puisque arrivée en bas, mes fesses s'écrasent contre la dernière marche. Je vais commettre un meurtre. Chani m'a presque harcelé pour que je porte des escarpins et elle a achevé de me convaincre lorsqu'elle a dit :

— Je t'assure que tu ne tomberas pas !

C'est loupé ! À peine arrivée dans le salon que je me vautre déjà par terre ! Je jure à voix basse en retirant ces chaussures de malheur. Je préfère encore être pieds nus !

Alors que je suis en train d'enlever les sangles, je lève la tête et mes yeux s'écarquillent à la vue de Harley, à l'autre bout de la pièce. Une pile d'assiettes entre les mains, il me regarde, un air moqueur sur le visage.

— On ne tient plus debout petite Séfia ? Tu sais, si t'aimes à ce point mon mur, je peux vous laisser tous les deux pendant quelques instants. Je n'y vois aucun inconvénient...

Je lui lance ma chaussure dessus avant d'éclater de rire. Il pâlit à la vue de Chani, qui apparaît derrière lui, les poings sur les hanches.

— Putain ! Mais t'es vraiment trop con ! T'aides pas les filles à se relever, en plus de te foutre de leur gueule ? La gueule de ma pote en plus ?! Retourne couper tes tomates, ou c'est ta queue qui passe sous l'acier.

Elle lui offre une légère tape derrière la tête et soupire d'agacement en venant à ma rencontre.

— Elle va se calmer la peste ! Je te signale que t'es chez moi, là ! Genre, dans ma maison ! Tu me dois le respect !

J'attrape la main que Chani me tend et mes fesses se décollent enfin des escaliers. Il va vraiment falloir que l'on m'apprenne à marcher correctement en talons. Quoique non : je ne renouvellerai pas l'expérience, tout compte fait. J'époussette ma robe en velours noir avant de lever le nez vers l'infatigable duo.

— Le respect, tu peux te le fourrer là où je pense, McCarthy. Alors va en cuisine pendant que moi, je vais me prélasser sur ton canapé !

Je croise les bras sur ma poitrine. Depuis le temps que je les connais, je sais très bien que leur joute verbale peut durer un petit moment. Leurs pics haineux cachent en réalité une certaine forme d'affection. Enfin, je crois... J'en ai aucune idée, en fait. Mais je doute qu'ils se détestent réellement. Si c'était le cas, Chani ne serait pas là ce soir.

C'est le réveillon du nouvel an. Pour l'occasion, nous avons décidé de nous réunir pour une petite soirée tranquille entre amis. La mère de Harley étant partie quelques jours dans sa famille, la maison des McCarthy était libre pour nous accueillir.

J'avance vers Harley et lui prends doucement les assiettes des mains, alors qu'il répond à une énième parole sauvage de Chani. Il ne se rend pas compte de ce que je fais, me lègue la pile avec mollesse et j'en profite pour m'éclipser discrètement vers le salon. Rafaël dépose les sets sur la table, tout en discutant avec Coco qui le regarde faire, assise sur une chaise. Evie quant à elle, est en train d'allumer le four pour mettre les pizzas à chauffer. Certes, c'est un jour de fête, mais nous ne sommes pas de fins cuisiniers. Loin de là. À vrai dire, il suffit que je touche à une casserole pour brûler la maison entière. Alors pour éviter de voir la demeure des McCarthy partir en fumée, il a été convenu que nous mangerions des pizzas, ce soir. Efficace, rapide, et délicieux.

Quelqu'un Pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant