CHAPITRE 26

47 9 7
                                    

KENZO

Blondie est différente ce matin... Ou peut-être que je déraille complètement. J'ai l'impression qu'elle est plus lumineuse. Que son sourire est plus éclatant. Que ses yeux sont plus intenses, si c'est possible. Bordel de merde ! La conversation que j'ai eue avec Nina a tout remis en question et j'avoue que ça me fait bien flipper. Il est hors de question que je me laisse distraire par mes sentiments.

Je marche dans une flaque sans m'en rendre compte, et l'eau m'éclabousse jusqu'aux tibias. Evie et Harley ricanent en me pointant discrètement du doigt, comme si je ne les avais pas remarqués.

— Kenzo ? T'as pissé sur tes godasses ? lance la brune aux pointes bleues en plissant le nez.

Je lui montre mon majeur. À leurs côtés, Rafaël évite soigneusement les petites mares d'eau qui stagnent ici et là en levant les yeux au ciel. Il a beau jouer les mecs matures, je sais bien qu'il ricane dans son coin. Coco et Chani discutent avec entrain de leur dernier contrôle de sciences, qui apparemment fut « la pire merde pondue de tous les temps ». Les yeux dans le vague, la petite blonde responsable de tous mes vagues à l'âme suit mon pas. Le nez enfoncé dans son manteau, elle scrute les moindres faits et gestes de nos amis sans prendre part aux conversations. Elle se contente de marcher à côté de moi, comme si j'étais la présence la plus agréable du groupe. Malgré moi, j'aime ce sentiment d'unicité qui s'empare de mon être.

Demain, c'est Thanksgiving. La fête de famille par excellence. Ça m'attriste toujours de savoir que je vais passer la journée avec ma mère, et seulement ma mère. Nina sera avec les résidents de l'hôpital. Les visites ne sont pas autorisées ce jour-là, aussi fou que cela puisse paraître. Quant à mon père, il sera sûrement au bras de sa Krista, devant une dinde gigantesque et un verre de vin issu du plus grand traiteur du pays. À vomir...

J'aimerais tellement que les choses soient différentes. Au lieu de ça, mon paternel est aux abonnés absents, loin de la vie de ses enfants, ma sœur vit sous la tutelle de sa maladie, et ma mère incapable de gérer toute cette pression seule. Ce poids sur mes épaules s'alourdit de jour en jour, et je crains ne pas être capable de le supporter plus longtemps.

Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, nous avons décidé d'aller faire un tour en ville pour préparer cet événement annuel. Chani ralentit et nous rejoint en trottinant.

— Alors, dis-moi ! Que vas-tu porter, demain soir ?

— Aucune idée !

Elles pressent le pas, et je prends le temps de mesurer les paroles de Chani. J'observe avec discrétion le physique de la petite blonde. Et pour être petite, elle l'est ! Selon sa démarche, j'ai l'impression que le galbe de ses mollets me nargue, tout comme ses cheveux, qui volent d'une épaule à une autre. Je devine sans peine un petit fessier rebondi, sous le jean foncé qu'elle porte. Le creux de ses reins attire mon attention. Je pourrais y poser mes mains et... Et rien du tout, putain ! Je cligne plusieurs fois des yeux. Ok. La discussion avec ma sœur a peut-être changé plus de choses que je crois.

Blondie tourne la tête vers moi, sous les paroles incessantes de Chani. Ma respiration s'accélère lorsque je croise son regard et mes sourcils se froncent. Le gris acéré de ses prunelles me retourne l'estomac, il me consume de l'intérieur.

Bordel ! Un seul échange visuel et je suis complètement pétrifié. Cette fille est une véritable ensorceleuse, il n'y a pas d'autre possibilité. Elle est un monde à elle toute seule. Un monde qu'il me tarde d'explorer...

Quelqu'un Pour ToiWhere stories live. Discover now