CHAPITRE 17

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SÉFIA

Je tique sur le mot « sœur ». Dites-moi que j'ai rêvé cette phrase, s'il vous plaît... Je lève discrètement les yeux vers Nina, qui ajuste son oreiller en m'observant avec condescendance. Le petit sourire mauvais qu'elle affiche me montre qu'elle est plus que ravie de la position délicate dans laquelle je me trouve. Ses boucles brunes auraient dû m'alerter, tout comme son apparence naturellement froide, ou encore la forme de son visage... Sur tous les patients de cet hôpital, il fallait que je tombe sur la version féminine de Kenzo ! Je me relève un peu maladroitement, la trousse entre les mains.

— Elle s'est trompée de chambre, assène Nina, en ricanant.

Son frère ne réagit pas et continue de me toiser, les sourcils froncés. J'ai l'impression qu'il ne sait pas comment réagir face à la situation. Il ouvre la bouche et la referme aussitôt, avant de pincer les lèvres. Je dépose la trousse avec fermeté sur le bureau et tourne la tête vers Nina, qui garde son sourire agaçant en coin.

— Dégage Blondie, déclare Kenzo, d'une voix rauque.

Je lève les yeux au ciel, agacée du ton qu'il emploie pour me parler. Sérieusement, je n'ai rien fait de mal.

— Encore désolée de t'avoir dérangé, Nina.

Elle plisse les yeux et son sourire s'amenuise petit à petit. J'enfonce mes poings dans les poches de ma veste et avance vers la sortie. Kenzo se trouve devant celle-ci, et ne semble pas décidé à bouger. Au contraire, il retire sa main de la poignée, redresse le menton et croise les bras sur son torse. Je le contourne en levant les yeux au ciel et m'excuse une dernière fois avant de sortir. La porte claque violemment derrière moi, ce qui m'exaspère d'autant plus. Cet événement a eu raison de mon humeur, désormais massacrante.

Je vérifie le numéro au-dessus de la porte. 208... Quelle idiote ! Je marche d'un pas rapide vers l'ascenseur, l'esprit embrumé par cette rencontre imprévue.

* * *

Coco est partie depuis longtemps, lorsque je quitte Chani. Nous avons passé l'après-midi toutes les trois à discuter en attendant les résultats de son examen médical. En fin de journée, un docteur est venu nous voir pour nous annoncer que tout était en ordre, et que notre amie pouvait rentrer chez elle le lendemain. Rassurés, ses parents l'ont embrassé, avant de quitter les lieux en lui souhaitant une bonne nuit.

Je jette un dernier coup d'œil derrière moi. Chani s'est endormie, toutes ces émotions ont dû l'épuiser. Je ferme doucement la porte et lève la tête pour regarder une énième ce numéro de chambre, qui me fait automatiquement grogner. 

J'emprunte les escaliers qui mènent au rez-de-chaussée, et me dirige d'un pas décidé vers la machine à café, qui semble vouloir m'envoûter depuis l'autre bout de la pièce. Je n'ai rien avalé depuis des heures. Il faut absolument quelque chose de brûlant et fort, sinon, je serai incapable de rentrer chez moi, la fatigue alourdissant un peu plus mes paupières à chaque battement de cils. Heureusement que j'ai prévenu ma mère de mon retard, elle aurait été morte d'inquiétude de savoir sa fille dehors à cette heure-ci...

Je vais directement au distributeur et laisse deux pièces s'engouffrer dans la fente, avant de presser le bouton. Un gobelet sort de la machine et se remplit lentement. Les immenses baies vitrées m'indiquent que la nuit tombe, dehors. Les étoiles s'allument les unes après les autres, dans le ciel. Un frisson parcourt mon échine à l'idée de traverser un bout de la ville à vélo...

Quelqu'un Pour ToiWhere stories live. Discover now