CHAPITRE 5

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KENZO

Harley et moi sortons du cours de sciences le plus chiant que j'ai pu vivre. Il marche à mes côtés, les poings enfoncés dans les poches, et je ne peux m'empêcher de sourire à la vision de son allure, identique à la mienne. Nous sommes de véritables miroirs, lui et moi. Nous devons faire approximativement la même taille, mais ses cheveux sont châtains clair, presque blonds, tandis que les miens sont d'un noir corbeau. De plus, ce gros con a toujours un putain de sourire sur la gueule. Et ce sourire nous a souvent sortit de situations plutôt... tumultueuses, c'est le moins que l'on puisse dire.

Je connais Ley depuis l'école élémentaire. À l'époque, je venais tout juste de quitter Salt Lake City, ma ville natale. Ma mère voulait absolument changer d'air, et je comprenais mieux que quiconque sa décision. Je n'avais beau avoir que huit ans, je savais ce qu'il se passait. Mon géniteur avait eu du mal à se faire à l'idée de déménager, mais il avait fini par accepter. Soi-disant, par amour pour ma mère. Ils avaient alors jeté leur dévolu sur Bakersfield, en Californie. Mais très honnêtement, je m'en foutais, de l'endroit où l'on atterrissait. Que ce soit un motel pourri au fin fond d'une forêt, ou une villa de luxe dans un quartier de riche, le plus important pour moi, c'était qu'elle soit d'accord, et surtout, qu'elle puisse me suivre. Et c'est ainsi que nous avions débarqué ici. Et un petit garçon qui fait sa rentrée en milieu d'année, ça ne passe jamais inaperçu. Mais être le souffre-douleur d'une bande de petits cons, trop peu pour moi. Alors je me battais. Je revenais presque tous les soirs avec de nouveaux bleus. Ma mère me grondait pour mes habits sales, et mon père se contentait de froncer les sourcils, et de me réprimander, d'une lassitude à en ennuyer un mort. Ils tenaient absolument à ce que je m'intègre, mais j'en n'avais rien à foutre de me faire des potes. Si j'avais pu, j'aurais passé toutes mes journées avec elle, et avec personne d'autre. Parce que je n'avais besoin de personne d'autre. Et au bout d'un moment, mes camarades avaient enfin compris que je ne me laisserai pas faire. Compris qu'il ne fallait pas me faire chier. Enfin, tous sauf un... Et sur le coup, je me souviens avoir eu envie de le cogner, mais ce satané sourire d'idiot m'en avait dissuadé...


Salut ! Je peux manger avec toi ? demande le garçon en face de moi.

Je connais pas son prénom, et je veux pas le connaître. Je suis sûr qu'il est comme les autres lui aussi, alors je rentre pas dans son jeu, sinon, je vais vouloir me battre. Et maman aime pas quand je me bats. Elle dit que c'est pour les méchants, et je veux pas être un méchant.

Il pose sa boîte de lunch sur la table et me sourit.

— Va-t'en ! je grogne.

Malgré mes mots, il s'assoit en face de moi. Il m'énerve ! Je lui ai pas dit oui ! Et je veux qu'il parte.

Je m'appelle Harley et toi ?

Je le regarde de travers. C'est bizarre... Il me sourit. Les autres me sourient jamais et j'ai pas de copains normalement. Enfin presque. J'ai une copine. Pas une petite-copine ! Berk ! Non, juste une copine, qui m'a bien accueilli, parce qu'elle aussi, elle était toute seule. Elle s'appelle Addison. Mais lui, je sais pas qui c'est. Est-ce qu'il veut mon dessert au chocolat ? Il l'aura pas ! Je croise les bras et l'ignore. Je préfère rester dans mon coin plutôt que lui parler. Il s'entête à être assis là, en face de moi, et commence son repas. Il compte pas partir ? Je l'observe du coin de l'œil. Il a les cheveux bouclés lui aussi, comme moi. Et il a un T-shirt noir. J'aime bien le noir. C'est ma couleur préféré. Les autres sont en train de nous regarder. Ça par contre, j'aime pas. Harley ne fais pas attention à eux, et je trouve que c'est cool. Il a pas l'air très méchant, lui.

Quelqu'un Pour ToiWhere stories live. Discover now